BIANCA CASTAFIORE : UNE WALKYRIE ÉGARÉE AU PAYS DE GOUNOD

Une des réussites majeures de la série des aventures de Tintin, c’est sans conteste la fabuleuse galerie de portraits créés par Hergé. A l’instar d’un Balzac avec sa “Comédie Humaine”, Hergé réussit l’exploit de nous offrir dans chaque album quelques profils particulièrement convaincants, dignes de figurer dans les plus sérieux manuels de psychologie.

C’est dans “Le Sceptre d’Ottokar” qu’apparaît pour la première fois Bianca Castafiore (littéralement Blanche Chaste Fleur).
La célèbre Diva se produit le soir même au Kursaal de Klow et gagne la capitale en voiture. Tintin a choisi de faire le voyage avec elle plutôt qu’avec le paysan syldave et sa charrette.

Bianca Castafiore constitue le principal personnage féminin des aventures de Tintin. Hergé a parfaitement rendu, à travers elle, avec toute l’outrance et l’immodération supposée, tous les caprices des divas : excès de décibels, de trémolos, d’émotions et d’emphases, de caprices et d’extravagances

Dotée d’une personnalité envahissante, la Castafiore (qui est aussi surnommée “Le rossignol Milanais”) vit dans son propre monde. Ce dernier est essentiellement constitué de deux éléments : la musique et elle-même (peut-être même l’inverse).

On peut même penser qu’elle ne sert pas la musique mais qu’elle se sert de la musique pour assurer sa propre gloire. On ne l’entend d’ailleurs chanter qu’un seul air : celui des “Bijoux” du “Faust” de Gounod. Particulièrement autoritaire, elle tyrannise son entourage. Son ego est démesuré, elle ne parle que d’elle.
Mais il lui arrive aussi de se montrer pleine d’attention (dans l’attendrissante séquence de la promenade en chaise roulante du capitaine Haddock par exemple dans l’aventure des Bijoux) et même courageuse (elle force notre admiration de par son aplomb face au tribunal militaire des “Picaros”). Mais c’est dans “L’Affaire Tournesol” qu’elle donne la véritable mesure de son indéfectible amitié pour Tintin et le capitaine Haddock en les cachant dans sa penderie, les mettant ainsi à l’abri des foudres du terrible colonel Sponz.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Connaissez-vous le poids de la Castafiore ? Elle nous le révèle dans Les bijoux de la Castafiore.
Mais ce poids varie : dans la pré-publication de l’aventure, lors de la séquence parue dans le numéro 16 du jeudi 17 avril 1962, elle annonce avec la précision d’une balance : “89 kilos !” Par contre dans l’album couleurs paru en 1963, elle se montre plus vague : “près de cent kilos !”

 

 

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