MITSUHIRATO : POLITESSE EXQUISE ET CRUAUTÉ ODIEUSE…

Tout au long des aventures de Tintin en Chine, ce « méchant », allié à l’infâme Rastapopoulos, ne cessera de le poursuivre et de tenter de l’assassiner. Avec ce personnage, Hergé exerce totalement son art de la caricature : Mitsuhirato, qu’il nous montre jouant alternativement d’une politesse exquise et d’une cruauté odieuse, a tout du forban funèbre et du croque-mort jauni sous les ans : denture chevaline, grosses lunettes de myope, moustache effilochée… Cette canaille cérémonieuse est aussi un adepte de la jaquette, un vêtement de chef de rayon très prisé à l’époque par ses compatriotes quand ils se prenaient au sérieux et voulaient donner de la solennité à leurs fonctions (voir la tenue de l’empereur Hiro-Hito).

Mitsuhirato utilise l’argent amassé pour financer des opérations commando, visant à déstabiliser la Chine pour favoriser l’invasion japonaise, ce qui confère à cette aventure de Tintin une dimension internationale (toute une séquence est d’ailleurs consacrée à la Société des Nations de l’époque).

Son nom est cité pour la première fois au début de l’album par un messager chinois rendant visite à Tintin au palais du Maharadjah de Rawhajpoutalah.

Le magasin de Mitsuhirato, lui qui est si peu tranquille, est situé rue de la Tranquillité dans un quartier élégant de la concession. Mais le commerce des chiffons ne lui sert que de couverture officielle. Son esprit est occupé par des affaires bien plus lucratives qui lui causent quelques soucis. Car le commerce de l’opium en gros n’est pas une activité de tout repos, en dépit des moyens mis à sa disposition par la tentaculaire organisation internationale qu’il sert et dont le maître est Rastapopoulos. Mitsuhirato doit s’occuper de tout : du déchargement clandestin des navires comme du bon fonctionnement de sa fumerie d’opium « Au Lotus Bleu », quand il ne s’agit pas de se débarrasser des gêneurs et des curieux comme Tintin.

Bon citoyen japonais, Mitsuhirato ne néglige pas non plus les intérêts de son pays dont il s’applique à servir la politique expansionniste en mettant au service de cette cause tous ses talents de provocateur (voir l’attentat à la bombe contre la ligne de chemin de fer Nankin-Tien-Tsin imputé à de soi-disant « bandits chinois »).

Mitsuhirato sera finalement neutralisé grâce à un plan organisé par Tintin, et on apprend à l’avant dernière page, qu’il s’est fait hara-kiri ; on découvre ainsi que toute canaille qu’il fut, il sut garder quelque sens de l’honneur.

« Dieu ait son âme, mais c’était un rude coquin !… »

concluera Tintin magnanime.

Précisons que Mitsuhirato, lors de la parution du Lotus bleu dans les pages du Petit Vingtième a eu l’honneur de figurer sur 7 couvertures.

AUTRE PUBLICATION SUSCEPTIBLE DE RETENIR VOTRE INTÉRÊT :

LE LOTUS BLEU : LE PREMIER ENGAGEMENT POLITIQUE DE HERGÉ

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Un commentaire


  1. je trouve une ressemblance avec un des personnages du film « Shaolin contre Ninja » alias « Les démons du karaté » (1978) « Zhong hua zhang fu » https://www.imdb.com/title/tt0080172/?ref_=nv_sr_srsg_0

    Je voulais laisser une photo mais il n’y a pas la possibilité dans les commentaires ici apparemment ! alors je vous colle un lien vers les 3 photos que j’ai posté sur le wiki tintin de fandom (inscrit le jour meme pour l’occasion)

    c’est ici dans les commentaires de cette page : https://tintin.fandom.com/fr/wiki/Mitsuhirato

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