LA NAISSANCE DE TINTIN, COUVERTURE HOMMAGE STÉPHANE BEAUMORT

Une des nombreuses « Couvertures-Hommage » réalisée par notre ami Stéphane Beaumort

Voici le texte que Stéphane a joint pour vous expliquer sa création :

A tous ceux qui ont vu cette image et se sont dit d’emblée : « Oh non ! Il nous a fait Tintin qui serait le fils de Haddock et de Bécassine« , eh bien vous n’avez pas tort, c’était l’idée première ! Mais cela aurait limité cet album à quelque chose de purement parodique, ce qui me satisfait rarement… et en plus je me suis dit que cela déplairait à beaucoup… alors j’ai pris comme un défi l’idée de faire autre chose à partir de mon idée de départ. D’ailleurs, ayant une autre couverture Tintin/Bécassine en réserve (que j’avais faite avant celle-ci), il aurait bien fallu expliquer comment la demoiselle aurait pu se retrouver dans des aventures avec Tintin si elle était sa mère, et cela aurait été difficile ! Alors voici l’histoire que j’ai concoctée pour mon album imaginaire « La naissance de Tintin »… en espérant qu’elle ne vous déplaira pas trop !

SYNOPSIS

L’entrepreneur belge Pierre Cappe est venu passer quelques mois en Bretagne pour suivre un chantier. Il se lie d’amitié avec Archibald Hadoque, un pêcheur qui habite non loin de la maison que Pierre a louée avec sa femme Angélique, laquelle attend un bébé. Pour aider celle-ci dans les tâches ménagères, M. Cappe se voit recommander une petite villageoise de 12 ans, la petite Annaïk Labornez, une petite du village voisin de Clocher-les-Bécasses que l’on surnomme vite Bécassine (un sobriquet qu’elle gardera par la suite). Quand naît le petit Célestin Cappe, tout le monde est en liesse. Annaïk continue d’aider la maman dans la maison, et s’occupe si bien de l’enfant qu’elle finit par voir en lui comme un petit frère. Dans le même temps, la famille Cappe adopte un petit bébé fox-terrier auquel elle donne le nom de Milou.

Tout semble aller dans le meilleur des mondes, mais hélas, alors que l’enfant n’a que quelques semaines, les parents Cappe périssent dans un accident de voiture. Juste avant de mourir, Pierre fait promettre à Archibald qu’il veillera bien sur l’enfant. En tant que parrain du petit, Archibald (que tout le monde surnomme le « capitaine haddock » au village), est confronté à un dilemme : il n’a pas de femme, et pas les moyens d’assurer la subsistance de l’enfant. Il va donc falloir aller jusqu’en Belgique et retrouver la trace d’autres membres de la famille Cappe à qui confier l’enfant. Il aura besoin d’Annaïk pour l’aider à veiller sur l’enfant, et les voilà donc partis, et Milou avec eux…

(La suite se déroulera dans un second album, « L’enfance de Tintin », qu’il me reste encore à concevoir, même si j’en ai déjà élaboré le scénario.)

ÉLABORATION DE LA COUVERTURE

Pour construire cette couverture, il a d’abord fallu trouver dans l’imagerie d’Hergé une image suffisamment grande qui représente l’intérieur d’une maison ordinaire. Je me suis donc orienté vers la couverture de l’album Quick et Flupke 8e série (celui où l’Agent 15 joue du sifflet en lisant une partition) et ai dû faire un gros boulot de nettoyage pour enlever l’agent, les deux garnements et les éléments de décor inutile. Il a fallu ensuite recréer toutes les parties manquantes des fleurs, des plinthes et de la fenêtre (même si cela ne se voit plus), déplacer la table, intégrer le tableau de François de Hadoque (ce qui suppose que nous sommes dans la maison du capitaine), et bien entendu ajouter les personnages.

Haddock et le bébé Tintin viennent directement de la couverture de Tintin N°39 du 25 septembre 1947, qui marquait le premier anniversaire de la revue. J’ai enlevé Tournesol et Zorrino, mais gardé le manteau de ce dernier comme s’il s’agissait d’une couverture. J’ai raccourci la barbe de Haddock, rajeuni son visage, réduit un peu sa corpulence et enlevé sa bouteille de sa poche.

 

Enfin, je suis allé chercher Bécassine sur la couverture de l’album Les animaux de Bécassine, et je l’ai un peu retravaillée pour harmoniser un peu l’épaisseur des traits avec le reste de la composition. Enfin, j’ai ajouté un tapis oriental (déjà utilisé sur ma couverture « Brocante à Moulinsart ») pour remplir un peu le coin inférieur droit. Voilà, vous savez tout… Ça a l’air simple quand on le dit, mais cette couverture a nécessité de nombreuses heures de travail !

REMARQUES ANNEXES

Pour élaborer des origines plausibles à Tintin et ses amis, il fallait tout d’abord observer les évidences qui s’offrent à nous dans l’œuvre qu’à laissée Hergé, et de là, essayer d’incorporer les différents nouveaux  éléments pour qu’ils soient le plus cohérents possibles avec l’univers connu des albums.

1°) Tintin n’a pas de famille connue ; on peut donc en déduire que ses parents sont morts, et qu’il ne possède sans doute plus de famille proche. Il fallait donc imaginer comment ses parents auraient pu mourir, et de préférence quand il était très jeune, pour que cela ne lui laisse pas de traumatisme.

2°) Tintin ne peut être un vrai prénom ; c’est forcément l’abréviation d’un vrai prénom, et il a donc aussi forcément un patronyme, même s’il nous est inconnu. J’ai donné à Tintin « Célestin » comme prénom de naissance car je trouvais cela moins banal (et moins français) que Martin, et moins lourd ou solennel qu’Augustin. Et puis cela rappelle la sympathique chanson d’Alibert :  « On a l’béguin pour Célestin », tirée de l’opérette « L’auberge du cheval blanc »

Pour écouter la chanson, cliquez ci-dessous. Alibert en 1932. 

3°) Tintin n’a pas de patronyme connu. Tout le monde l’appelle simplement par son surnom. Pourtant, dans ce monde qu’Hergé voulait plausible et réaliste, il est inconcevable qu’un journaliste puisse travailler, louer un appartement, réserver des billets de train ou d’avion, sans un nom complet… Pour le patronyme de Tintin, je ne suis pas allé bien loin puisque j’ai puisé dans la branche de la Flandre française de ma propre généalogie, en y choisissant un nom qu’on trouve des deux côtés de la frontière, qui sonne bien et qui ne soit ni trop rare, ni trop banal. Évidemment, c’est un choix arbitraire, et quelque soit le patronyme que l’on choisisse pour Tintin, il ne satisfera jamais les fans de la série… mais il fallait bien en choisir un, alors j’ai pris « Cappe », qui était le nom de ma grand-mère, mais qui évoque aussi le patronyme d’une illustratrice de livres pour enfants de talent, Jeanne Cappe, contemporaine d’Hergé. Et puis il y a aussi tout l’imaginaire marin que véhicule ce nom, qui rappelle le mot « cap », surtout quand on sait l’importance de la mer dans l’œuvre d’Hergé.

4°) Le capitaine Haddock descend d’un chevalier français. Mais c’est un marin. Si l’on considère que le nom « Haddock » ne fait ni très français, ni très sérieux, il est plausible d’imaginer que ce n’ait été qu’un surnom, qu’il finira par adopter de façon permanente, et que son vrai nom était simplement le même que celui de son ancêtre, « Hadoque », mais sans la particule.

5°) Le capitaine Haddock accueillera plus tard Tintin à Moulinsart en le traitant comme son propre fils ; il me semblait intéressant d’imaginer qu’au fil de leurs aventures, il ait compris que Tintin n’était autre que ce petit bébé dont il avait dû se séparer, et qu’il lui ait offert l’hospitalité permanente à cause d’une promesse faite à son père.

Comme j’ai prévu d’autres rencontres Tintin/Bécassine, et pour qu’il n’y ait pas trop d’écart d’âge avec Tintin, j’ai fixé pour Bécassine un âge raisonnable qui lui permette de s’occuper du bébé Tintin, sans qu’elle soit trop âgée pour le retrouver à l’âge adulte et de vivre avec lui des aventures. J’ai donc défini qu’elle serait de 12 ans son aînée.

6°) Bécassine n’est pas bête, son surnom vient du nom de son village ; ce ne peut donc être que des gens extérieurs au village qui lui ont donné ce sobriquet. L’idée qu’elle vienne passer quelques mois à 12 ans dans un village voisin pour y apprendre le métier de bonne permet de la retrouver ensuite dans ses aventures avec déjà ce nom d’usage.

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5 commentaires


  1. Comme sa « maison d’édition » ………………CONSTERNANT!!

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  2. Continuez. C’est loin d’être consternant. Facile ? Chiche Jean-Luc développez votre version de l’histoire.
    Je trouve cela très drôle…et très sérieux en même temps ( pardonnez cette macronade). C’est la cohérence des choix opérés qu’il convient éventuellement de critiquer…

    Il serait assez piquant de faire place dans le récit à des personnes réelles ( Herr G. ne s’en privait pas). Je pense à un illustre inconnu comme Sandrick Le Maguer.

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