ENFIN ! TOUTE LA VÉRITÉ SUR LA JEEP DES DUPONTD

Quand on se rappelle notre lecture d’enfance de L’Or Noir, on se souvient tous, immanquablement, de la fameuse Jeep Willys rouge. Totalement increvable, la Jeep des Dupondt, elle percute un palmier, prend l’eau, traverse une mosquée et continue de rouler sans le moindre problème.

ELLE N’EXISTAIT PAS AU DÉBUT DE L’AVENTURE

Couverture du Journal Tintin du 21 avril 1949

Sans doute, quand Hergé a repris l’aventure dans le Journal Tintin en 1948, a-t-il voulu rendre un hommage à ce véhicule historique (il fut produit à plus de 300 000 exemplaires entre 1941 et 1945) qui joua un rôle de premier plan pendant la deuxième guerre mondiale. Pour les “Tintinopathes” amateurs d’automobiles anciennes, signalons que cette voiture fut en réalité fabriquée par Ford. En effet l’armée américaine préférait s’assurer le soutien d’un constructeur automobile solide et disposant d’une grande capacité de production compte tenu de l’importante quantité commandée, ce qui n’était pas, à l’époque, le cas de Willys, pourtant le véritable créateur de la Jeep en juillet 1941.

Neuf ans plus tard, lorsque Hergé reprend son crayon, il choisit d’échanger leur voiture. Et quoi de mieux qu’une Jeep Willys, modèle emblématique de la libération.

Signalons qu’on retrouve la fameuse Jeep dans Objectif Lune, conduite par le professeur Tournesol. Mais cette fois-ci il s’agit bien d’une voiture fabriquée par Willys, très précisément la version CJ-2A (version civile de la Willys MB), reconnaissable à ses gros phares ronds “exorbités”, à sa roue de secours sur le flanc arrière droit et à sa calandre légèrement différente de la version Ford. 

Pourtant quand Hergé commença à dessiner L’Or Noir en 1939, la Jeep Wyllis n’existait pas encore. Lorsqu’est publié l’aventure de L’Or Noir dans Le Petit Vingtième, Hergé avait pris comme modèle une voiture bien française : la Peugeot 201, qui fut présentée au salon de Paris en 1929 en pleine crise économique. La voiture dont Hergé s’est servi comme modèle est très précisément le modèle 201 Torpédo commerciale sorti en 1932, équipée d’une capote en toile caoutchoutée.

L’idée n’était pas de créer un modèle remplaçant de la 5CV de l’époque mais le cahier des charges était d’aboutir à « une 6 CV de 4 places à 4 cylindres rapide à un prix de revient très serré », suite au référendum mené dans le magazine « Peugeot revue ». 350 techniciens et ingénieurs ont participé à l’aventure.

Sochaux s’est pour ce projet équipé de chaines de fabrication de 2 kilomètre de long. Grâce à une cadence de production importante et en limitant le prix de revient de la fabrication, Peugeot pouvait alors proposer un voiture bon marché, ce qui, permettait d’assurer son avenir. La 201 sera officiellement présentée au salon de 1929. « La voiture la plus économique du monde (aux yeux de Peugeot), transportant 4 personnes confortablement, à 80 KM/H sur des profils accidentés le tout avec de bonnes reprises de bons freins, en consommant peu d’essence et d’huile, dotée d’une mécanique très robuste et de frais d’entretiens faibles était née ». Le public fut conquis, l’accueil réservé dépasse toutes les espérances des dirigeants. Au 01 mars 1930, on enregistrait en effet déjà 5000 commandes.


LE SAVIEZ-VOUS ? PORSCHE 901 CONTRE PEUGEOT : Vainqueur PEUGEOT !

Pour information, c’est ce modèle “201” qui instaura chez Peugeot le principe du “0” central. Tout comme le Lion, le zéro est devenu un emblème du constructeur. L’origine du numéro 201 vient du fait que le bureau d’étude était au 201ème projet depuis la naissance de la marque Peugeot. Le premier chiffre représente le segment du modèle, c’est à dire sa taille dans la gamme. Le dernier chiffre correspond à la génération. Grâce à des brevets internationaux, Peugeot est propriétaire de tous les matricules à 3 chiffres avec zéro central, concernant les automobiles, de 101 à 909. C’est ainsi que, lorsqu’en septembre 1963, Porsche présenta un coupé dénommé 901, Peugeot fit valoir ses droits et Porsche dû s’incliner, son nouveau modèle devenant alors la célèbre Porsche 911 !

 


LES MULTIPLES VARIATIONS CONCERNANT LES OUÏES D’AÉRATION SUR LE DEVANT  !

Précisons que sur une Jeep Willys d’origine, le nombre d’ouïes est de 9 comme le prouve la photo ci-contre. Et bien, aussi étonnant que cela puisse paraître, jamais ce chiffre n’a été représenté dans l’album. Jamais la Jeep n’a été dessinée avec ses 9 ouies ! Peut-être que cela s’explique pour des raisons de lisibilité graphique ? Admettons, mais le plus surprenant, et cela peu de lecteurs l’ont remarqué, c’est que tout au long de l’album, le nombre des ouïes varie au fil des pages….

Cela commence avec la couverture de l’album, où il n’y en a que 7 de représentées (vous pouvez vérifier sur votre propre album).

Ça continue ensuite au fil des pages…

 

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5 commentaires


  1. Exceptionnel article ; bravo. Je me dis qu’une fois à la retraite (j’ai encore un peu de temps :)), j’acheterai Bien une vraie jeep Willis 🙂

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  2. Et en plus, quand vous serez (même s’il vous reste un peu de temps avant d’y arriver) à la retraite, vous aurez tout le temps pour « décortiquer » toutes les cases des albums et découvrir alors toutes les petites « erreur » signalées dans nos publications 🙂

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    1. Thanagra : ce genre d’info est connu depuis longtemps des Tintinologues et figure sur de nombreux sites consacrés à Tintin.

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  3. La Jeep retenue par l’Armée US à la suite de son appel d’offre est celle de la société Bantam

    Pour la production des 650 000 exemplaires pendant le second guerre mondiale Willys en a fabriqué 370 000 et Ford 280 000

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