QUAND HERGÉ SE MOQUAIT DE HITLER ET DE MUSSOLINI

Fascicule Petit Vingtième du jeudi 28 juin 1934, avec une illustration de couverture due à Hergé qui représente Quick et Flupke parodiant Hitler et Mussolini. Ces derniers viennent en effet de se rencontrer à Venise.

On voit donc que dès 1934, (Hitler est arrivé au pouvoir en Allemagne en mars 1933) Hergé n’a pas eu peur de caricaturer les deux dictateurs et montrant ainsi qu’il est capable de prendre ses distances avec l’ascension du fascisme, et ce, même si le directeur des Éditions du XX Siècle (et donc du Petit Vingtième), l’Abbé Wallez, nourrissait à l’époque une vive sympathie pour Mussolini au point d’avoir affiché le portrait dédicacé de ce dernier dans son bureau…

La double page de Hergé retrace la visite de Hitler dans le moindre détail, de l’arrivée à l’aéroport jusqu’à la promenade en gondole.

En revanche les discussions diplomatiques secrètes ridiculisent les 2 dictateurs en les représentant en train de jouer avec frénésie au jeu OXO.

Pas de double page Tintin dans ce fascicule, (il partira bientôt pour la Chine) mais une double page consacrée à Popol et Virginie et les Lapinos

DES PRÉCISIONS SUR LE JEU « OXO »

Pour pouvoir jouer à OXO, il suffit d’être deux, avoir sous la main une feuille de papier ainsi que deux crayons. Vous pouvez alors tracer sur la feuille autant de lignes verticales et horizontales que vous le souhaitez afin de faire apparaître des cases. Bon à savoir toutefois, plus la grille compte de cases, plus il faut être attentif.

Avant de vous lancer dans la partie, il faut encore déterminer qui va pouvoir inscrire les « X » dans les cases, l’autre joueur ne pouvant dessiner que des « O ». Logique. Le but du jeu étant d’aligner trois X ou trois O (tous les sens sont bons même diagonalement). Pour ce faire, chaque joueur doit, à tour de rôle, remplir l’une des cases soit avec un X, soit avec un O suivant ce qui a été décidé. Plus facile à dire qu’à faire car la plus petite erreur de distraction peut vous coûter la victoire.

Le jeu vidéo informatique, quant à lui, a fait ses premiers pas dans l’univers de la recherche, en 1952, à l’Université de Cambridge.  OXO a été créé par un étudiant, Alexander S. Douglas, comme illustration pour sa thèse sur l’interaction homme-ordinateur. C’est le premier jeu graphique sur ordinateur que l’on connaisse. Il a été écrit pour tourner sur l’EDSAC. OXO est un jeu vidéo de Tic-tac-toe, jeu de réflexion se pratiquant à deux joueurs. Vous voulez jouer en direct contre l’ordinateur ? Alors cliquez sur l’image ci-dessous :

cliquez sur l’image pour jouer

L’ENTRETIEN DE VENISE, C’ÉTAIT QUOI ?

Il s’agit de la toute première rencontre entre Hitler et Mussolini qui eut lieu du 13 au 16 juin à Venise. Le rapprochement entre les deux dictateurs n’est pas « naturel », car bien des différences les séparent. Mussolini, arrivé au pouvoir dès 1922, sait qu’il impressionne Hitler. Mais il n’a pas beaucoup de sympathie pour lui et le considère de plus en plus comme un rival.

Pour la rencontre, Hitler voulait Rome, Mussolini imposa Venise, où se tenait la Biennale. Mussolini n’avait guère de considération pour Hitler, qu’il trouvait grotesque, parvenu, et quelque peu obséquieux. Ce dernier avait fait des pieds et des mains pour obtenir de Mussolini l’affiche dédicacée de son portrait, Mussolini avait pris grand soin de ne pas satisfaire trop vite son attente…

Mussolini attend plein de morgue le petit allemand, en grande tenue militaire d’apparat, uniforme impeccable, bottes en cuir à éperons. Hitler sort de son avion en civil, dans un costume avachi, en imper mastic, un pantalon trop long qui balaie la poussière du tarmac et des chaussures défraîchies. Blanc comme un linge, très, très impressionné par Mussolini, il donne l’impression d’un petit garçon endimanché.

Le 2eme jour de la visite, Mussolini présente à Hitler un défilé des jeunesses fascistes. Place St-Marc le Duce tient un discours devant 70.000 chemises noires venues par trains spéciaux. Mais alors qu’Hitler veut l’Anschluss avec l’Autriche, Mussolini s’érige en protecteur de la souveraineté autrichienne. Hitler assure Mussolini qu’aucune décision concernant l’Autriche ne sera prise sans le consulter.

L’enjeu géopolitique de cette rencontre, c’est bien sûr la question de l’Autriche que Mussolini veut placer au cœur de leurs causeries. Il redoute son annexion et fait savoir sans détour qu’il n’en veut pas. Hitler rassure, ment, s’en tire par des pirouettes. Les entretiens eux-mêmes, dans leur déroulement, ahurissent les observateurs italiens, qui doivent subir la faconde débridée de Hitler, un déluge de propos insensés entrelardés de longues digressions crétines… L’une d’entre elle, sur la supériorité de la race aryenne, agacera au plus haut point Mussolini. « Hitler ? Ce polichinelle ! », commentera-t-il sans réserve. « C’est un fou ! Un obsédé sexuel »…

Quelques mois plus tard, à Bari, le 6 septembre 1934, Mussolini se permettra d’ailleurs de tenir des propos fort humiliants à l’égard de Hitler: «Trente siècles d’histoire nous permettent de regarder avec une souveraine pitié une doctrine venue du nord des Alpes, une doctrine défendue par la progéniture d’un peuple qui ignorait une écriture qui eût pu témoigner de sa vie, à une époque où Rome avait César, Virgile et Auguste. »

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