TINTIN : LE DIFFICILE MAIS GRANDIOSE RETOUR DU CONGO…

On sait que pour le retour de Russie de Tintin, une grande manifestation avait été organisée devant la gare du Nord à Bruxelles. Mais on sait moins que ce fut aussi le cas pour le retour de Tintin du Congo.

Les semaines précédant le retour du « héros », Hergé avait fait patienter les lecteurs et ménagé le suspense. Dans le Petit Vingtième du 11 juin 1931, il présente en couverture les Congolais désemparés par le départ de ce « boula matari » de Tintin.

Dans le Petit Vingtième du 25 juin 1931, une superbe couverture montre 2 Touaregs et une double page, non reprise en album, a pour fonction de faire patienter les lecteurs jusqu’au retour triomphal en Belgique : C’est un extrait d’une conversation entre Tintin qui est à bord de l’avion qui l’a sauvé et la rédaction du Petit Vingtième à Bruxelles, et cela par « télégraphie sans fil ». Tintin survole le Sahara par une chaleur accablante…plus d’eau, le radiateur du moteur de l’avion est vide… en dessous des Touaregs qui semblent menaçants… Tintin et Milou prêts à se battre jusqu’à la mort…! Lisez-directement la suite sur les photos… Vraiment amusant.

Enfin dans le Petit Vingtième du 9 juillet, le retour est finalement annoncé et dans l’après-midi une manifestation monstre est à nouveau organisée ! Cette fois encore, à son retour à Bruxelles, une foule enthousiaste de milliers de petits vingtièmistes accueillit le héros-reporter.

Le rôle de Tintin est tenu par un jeune scout de 14 ans, Henri Dendoncker, qui remplace Lucien Pepermans (celui qui avait tenu le rôle pour le retour de Russie mais qui avait trop grandi depuis le retour du pays des Soviets). On l’affuble d’une tenue blanche et d’un casque colonial. Il sort de la gare comme l’avait fait son prédécesseur. Pour la circonstance, 2 « vrais-faux » Quick et Flupke sont là. Une dizaine de congolais ont été engagés pour escorter Tintin et des scouts, mobilisés pour l’événement, portent à bout de bras des animaux sauvages empaillés (soi-disant ramenés d’Afrique par Tintin).

L’Abbé Wallez a, une fois de plus, bien fait les choses : discours de bienvenue, distribution gratuite de cadeaux et de souvenirs « africains », formation d’un imposant cortège de calèches pour transporter ce beau monde jusqu’au siège du XXéme siècle, discours de Tintin au balcon à l’aide d’un porte-voix, (dans lequel il signale son prochain départ pour l’Amérique), etc… Pour cette occasion, l’opération avait été préparée à l’avance (l’album était tout juste sorti d’imprimerie et prêt à être vendu) et avait été sponsorisé par le grand magasin bruxellois : Le Bon Marché. Cette fois, on peut tout de suite acheter l’album sur place… avec en prime « un objet d’art congolais de grand prix » ! Sur la photo ci-contre, à coté de Tintin, on reconnaît bien Hergé au balcon lui aussi…

LE SAVIEZ-VOUS ?

Dans l’aventure, Tintin est vénéré par la population pour ses dons de guérisseur, il est qualifié de « boula-matari« .  Cette expression renvoie sans ambiguïté à la colonisation belge. Ce sobriquet africain, qui signifie :  « briseur de rochers », aurait été donné à Stanley, l’homme qui a exploré le Congo pour le compte de Léopold II. Les agents belges de la colonisation s’en sont ensuite parés, lui associant l’idée de puissance physique et matérielle. À l’époque ce mot était devenu universel au Congo pour désigner le Gouverneur général (et par extension tous les fonctionnaires petits et grands).

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