TINTINVILLE : L’ANCÊTRE MALHEUREUX DES PARCS DE LOISIRS BD

Le nom de Tintin est associé au Congo, à la Chine et ses lotus, à l’Amérique, à la Lune ou encore au Château de Moulinsart. Mais rarement à la Côte d’Azur. Et pourtant, l’année où son personnage entre au musée Grévin, Tintinville, parc d’attractions sur le thème de Tintin, voit le jour dans l’arrière-pays niçois, à Coursegoules dans les Alpes-Maritimes.

Hergé, son éditeur Raymond Leblanc et une poignée d’investisseurs achètent, pour une bouchée de pain, 53 hectares de terre nichés sur la commune de Coursegoules. Soit bien plus que la surface du parc Disneyland ouvert par Walt Disney à Anaheim (Californie) six ans plus tôt. Malheureusement, « Tintinville » connu une existence très courte, de quelques étés seulement au tout début des années 60. Était-il trop en avance sur son temps ou la gestion s’est-elle montrée défaillante? Toujours est-il que tout le monde, à l’exception des Coursegoulois, a oublié cet épisode insolite de l’histoire du tourisme azuréen.

UN PROJET AMBITIEUX

Le projet ne manquait pourtant pas d’ambition. Sur quelque 53 hectares acquis à l’époque pour une bouchée de pain, les promoteurs de l’opération avaient imaginé de créer un véritable village de loisirs avec ranch, saloon, maison du shérif, auberge au nom de « Cheval Pie », piscine, tennis, piste de karting, etc. Une piste héliport avaient même un temps été prévue !  « Des moniteurs se chargeront de vous transformer en cow-boys ou en héros des aventures de Tintin« , pouvaient lire les jeunes lecteurs du Journal Tintin dans le numéro 662 de juin 1961.

Photo Archives Nice Matin

Pour héberger les vacanciers, outre l’hôtellerie du « Cheval Pie », une vingtaine de bungalows jumelés avaient été édifiés, dont un plus grand que les autres et pompeusement baptisé « Moulinsart ». Le projet initial prévoyait même la construction et la vente aux particuliers de quelque 200 pavillons.

Finalement, une trentaine de ces maisons ont vu le jour, toujours là aujourd’hui, dans le quartier du parc du Cheiron, à l’ouest de la commune. Au total, une dizaine d’hectares ont ainsi été exploités. Certains équipements sont restés ouverts au public jusqu’à la fin des années 60, notamment la piscine. La plupart des quinquagénaires des environs y ont appris à nager.

Définitivement démantelé au début des années 70, TINTINVILLE n’est plus qu’un vague souvenir. Restent des bungalows et des maisonnettes occupées, une auberge avec piscine et tennis, le tout racheté par un particulier.

 

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6 commentaires


  1. Merci pour l’article j’ignorai vraiment l’existence de ce parc…
    1961 mon année de naissance !

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    1. Merci Christophe. J’ai l’impression que vous n’avez rien perdu si j’en crois le commentaire de Marianne :
      « …Quand j’étais gosse, nous passion l’été près de Cannes…….. Alléchée par la pub dans le journal Tintin, j’ai réussi à traîner mes parents à « Tintinville », dans l’arrière pays un jour de l’été 62. Quelle déception ! Tout d’abord, malgré le blabla publicitaire, le thème n’était pas du tout Tintin, mais les indiens, les cow boys et, très vaguement (et avec beaucoup d’imagination!) « Tintin en Amérique »…. À 11 ans, c’était loin d’être mon Tintin préféré ! Pour le reste, point de Licorne ni de bateau ni de Rakham le Rouge, point d’Ottokar, point de fusée et point de Lune, point de Tchang, point de Tournesol, point de Hakkock, ni même de Tintin ou de Milou….. Absolument pas le sentiment d’être « chez » Tintin mais plutôt dans une vague imitation de ranch! Leblanc et ses amis n’ont sans doute pas remarqué, sur une carte aussi plate que leur pays, que l’arrière -pays niçois est d’accès très difficile: l’altitude n’est pas très élevée (800/900 m), mais le profil est celui de la haute montagne alpine : sommets élevés, pentes abruptes et vallées peu élevées, reliées par des routes difficiles. Pas de train, pas de bus pour rejoindre Coursegoule. Seule une route de montagne, étroite, sinueuse, permet de s’y rendre, à trois ou quatre heures du littoral, là justement où se trouve la foule des vacanciers. …. Quand on y arrive, par une route difficile pour la foule des « parisiens » habitués à la ville et à la plaine, il y fait frais, presque froid, tout l’été. Bref, mal située, trop loin de la Côte (et des estivants) et avec un thème non respecté, Tintinville n’avait, hélas, aucune chance…. Quel dommage….

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  2. Par amitié, Raymond Leblanc avait prêté à mon père (vers 66 je pense) un bungalow à Tintinville où nous nous retrouvâmes à 7 pour des vacances familiales. Le parc était déjà moribond, mais je me souviens effectivement y avoir fait du cheval dans un décor de western (une photo doit trainer quelque part). Bon souvenir, mais c’est vrai que nous descendions souvent plonger dans la grande bleue à Antibes/ Juan-les-Pins…

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  3. Encore une information qui m’était totalement inconnue ! Merci pour ces commentaires très instructifs.

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  4. Mon dieu, ce serait si beau si cela existerait encore…sans doute trop beau 🙁

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