TINTIN : LA CHINE DU LOTUS BLEU

LA CRUE DU YANG TSÉ KIANG

Tchang Tchong Jen avait insisté pour qu’Hergé dans l’album se fasse l’écho de cette terrible catastrophe naturelle. La rencontre de Tintin avec le Tchang de l’aventure a d’ailleurs lieu au bord du Yang-Tsé-Kiang, alors que le train de Tintin, qui cherche à se rendre à Hou Kou, est bloqué par les inondations, et que Tchang manque d’y périr.

Le fleuve Yang Tsé, « le fleuve bleu », avait effectivement tendance à déborder fréquemment, causant des centaines de milliers de morts.

De 1928 à 1930, une sécheresse afflige la Chine. Mais à l’hiver 1930-31, de fortes chutes de neige sont tombés dans les montagnes sur centre du pays et la fonte au printemps 1931 a été accompagnée de plusieurs épisodes de pluie, le tout faisant grimper le niveau des rivières.

En juillet et août 1931, le passage exceptionnel de sept cyclones tropicaux (en moyenne il n’y en a que deux par an) augmente encore considérablement le ruissellement. Les sols déjà saturés ne peuvent que se déverser vers les fleuves ce qui engendre des inondations sur un vaste territoire. À Hankou, où se rejoignent le débit de plusieurs affluents derrière des digues en amont, le niveau du fleuve dépasse de 1,71 mètre le seuil d’inondation.

L’inondation a duré deux mois à cet endroit. Globalement, à la suite de la catastrophe, en plus des pertes humaines (jusqu’à 4 millions), s’ajoutent les pertes matérielles et les épidémies. Plus de 10 millions d’individus se retrouvent sans habitation.

Certaines sources pensent que des millions de personnes sont mortes noyées ou des suites de maladies infectieuses transportées par les flots, comme le choléra et le typhus. Femmes et fillettes sont vendues par les hommes désespérés ne pouvant subvenir à leurs besoins. Des cas d’infanticide et de cannibalisme sont même rapportés au gouvernement.

Hergé s’est inspiré de photos qu’il avait vues dans L’Illustration et Le Crapouillot de l’époque.

C’est pour pallier ces catastrophes que le barrage des Trois Gorges a été construit de 2006 à 2009 sur le Yang-Tsé-Kiang : il s’agit du plus grand barrage hydraulique au monde, permettant une retenue d’eau de 600 kilomètres de long.

LES CONCESSIONS DE SHANGAÏ

Qui dit « commerce international » dit… concessions. Une grande partie de l’intrigue du Lotus bleu se situe dans la concession internationale, à Shanghai. Depuis le milieu du XIXe siècle et la fin de la seconde guerre de l’opium, la Chine comptait vingt-six concessions étrangères sur son territoire suite à la signature de « traités inégaux ». Il s’agissait d’enclaves territoriales sur lesquelles l’État chinois abdiquait ses droits à l’égard des étrangers. Américains, Britanniques, Français, Belges… mais aussi Russes, Portugais, Japonais, Allemands…

L’accès aux concessions était strictement gardé, à grand renfort de barbelés. Démuni de ses papiers d’identité, Tintin en fait les frais au cours de son aventure. Les policiers britanniques refusent de le laisser passer « Inutile d’insister, my boy ! Il faut des papiers en règle pour pénétrer dans la concession« .

Enfin, si des policiers chinois sont visibles dans l’album, ils sont surtout présents pour réguler la circulation. Les garants de l’ordre à l’intérieur de la concession internationale sont… indiens !

LES FUMERIES D’OPIUM

Les fumeries d’opium sont apparurent en Chine vers 1830. Leur nombre ne cesse de croître au cours du XIXème siècle.

La fumerie est un établissement ou on consomme l’opium installé sur un lit ou un divan et où ont vous apporte votre pipe afin de fumer l’opium. Le consommateur est allongé sur le côté gauche. D’une main, il tient une pipe et de l’autre, il puise du suc d’opium dans un récipient. Ensuite, il chauffe l’opium jusqu’à ce qu’il obtienne une boulette qui est fumée dans la pipe.

Il existe plusieurs types de fumeries, en fonction des moyens des clients. Celles que fréquentent les coolies sont souvent insalubres ; mais il existe aussi des établissements luxueux, avec des murs ornés de calligraphies, dans lesquels de riches marchands et lettrés viennent fumer l’opium.

L’opium touche 12,5 millions de chinois en 1830 et l’élite chinoise est particulièrement touchée, provoquant une certaine déliquescence de la société de l’époque.

Officiellement, à Shanghai, à l’époque du Lotus Bleu, les fumeries d’opium étaient strictement interdites mais on les a évaluées à plusieurs centaines, si ce n’est plusieurs milliers.

En Chine, les fumeries d’opium étaient loin de toutes ressembler au Lotus bleu, celle qui est dépeinte dans l’album qui élégamment décorée avec de la laque rouge, des dessins aux murs, des tas d’inscriptions qui correspondent à des vœux de bonheur, etc.

Dans la réalité, les fumeries d’opium de cette époque-là, étaient des lieux sordides, enfumés, avec beaucoup d’alcool, et extrêmement crasseux.

 

Partagez si ça vous a intéressé
  • 133
  •  
  •  
  •  
  •  
    133
    Partages
  • 133
    Partages

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.