TCHANG : UN ESPION CHINOIS ? L’ÉNIGME DU LOTUS BLEU. (VIDÉO)

Et si, en 1935, par l’intermédiaire de Tchang, le très conservateur Hergé avait été manipulé par des communistes du Komintern, au moment du Lotus Bleu ? Roger Faligot qui est l’un des plus grands spécialistes de l’histoire des services de renseignement internationaux n’exclut pas cette thèse.

Selon lui, Tchang Tchong-jen (1907-1998), sympathisant du Parti communiste chinois, aurait bien pu influencer politiquement son ami belge Hergé lors de la création du mythique Lotus bleu …

À cette époque, en effet l’objectif était de gagner l’opinion publique occidentale, sous prétexte de la lutte contre le Japon. Il s’agissait de rendre non seulement la Chine et les Chinois sympathiques en Occident, mais surtout de faire accepter, le moment voulu, par l’opinion publique des pays démocratiques, l’avènement du communisme dans l’empire du Milieu.

Premier indice pour Roger Faligot : les inscriptions en chinois apparaissant dans l’album sur les affiches et lanternes chinoises (quelques exemples : « Abolissons les traités inégaux !« , « À bas l’impérialisme !« , «  Boycottez les marchandises japonaises !« , etc.). En décortiquant ces slogans, on réalise qu’ils correspondent à la propagande du PCC (Parti communiste chinois). Par ailleurs, et pour la première fois, Roger Faligot présente un fait qui lui semble important et qui concerne la rencontre de Tintin et de Tchang. En effet, la bourgade inondée proche de l’endroit où Tintin sauve le jeune Tchang des flots s’appelle Hou Kou. Or, cette ville était le centre des premiers soviets ruraux de Mao Tsé-Tung. C’est là que l’embryon de l’armée rouge chinoise apparaît. Simple coïncidence ou connaissance extrêmement fine du terrain de la part de Tchang Tchong-jen que ce choix de Hou Kou ?

Un autre fait très surprenant : En effet, lorsqu’il habite Bruxelles et qu’il rencontre régulièrement Hergé, Tchang partage un logement avec un autre Chinois, un étudiant en biologie du nom de Tong Dizhou. (Ce dernier est d’ailleurs mentionné comme l’ami de Tchang, dans le livre qu’a co-publié sa fille et Jean-Michel Coblence – Éditions Moulinsart, 2003), sans nous dire qui est ce personnage. Roger Faligot a fait des recherches : ce Tong Dizhou deviendra le futur créateur et premier directeur dès 1950, dès la fondation de la République populaire de Chine, de l’Institut d’Océanologie de Chine populaire, et ce, jusqu’en 1978. Il sera également vice-président de l’Académie des sciences et se rendra célèbre en clonant des carpes dans les années 60.

Tong Dizhou était-il déjà à Bruxelles membre du PC, ou rallié juste à temps pour devenir un haut dignitaire du régime sur le plan scientifique. Restent évidemment des questions à éclaircir : Tchang était-il influencé par Tong ? Était-il sympathisant du Parti communiste ou au moins de ces idées à ce stade ? En 1934, en tout cas, à l’aube de nouer une solide amitié avec Hergé, le jeune artiste chinois indique à ce dernier les slogans à faire figurer en chinois sur les murs de Shanghai, dans l’album, et les lui calligraphie. Benoît Peeters, dans sa biographie Hergé, fils de Tintin (Éditions Flammarion, 2002) précise avec raison : « Le Lotus bleu est parsemé d’innombrables inscriptions, tracées par Tchang lui-même, qui accentuent la portée politique du récit. »

Toujours est-il que Tchang est effectivement devenu un artiste du régime grâce à des soutiens de personnages-clefs du PC chinois. Le comité de sélection des artistes qui va propulser Tchang au poste de sculpteur officiel était composé, (coïncidence ?) de Chen Yi, le nouveau maire de Shanghai, de Soong Ching-Ling et de Pan Hannian (ce dernier était le chef des services secrets à Shanghai). Tchang lui-même le rapporte dans ses mémoires (Tchang au pays du Lotus bleu, Éditions Séguier, 1990), sans préciser, bien sûr, qui étaient ces personnages et leurs fonctions. Tchang Tchong-jen ne serait donc pas un artiste dissident, et s’il a eu des problèmes comme beaucoup d’artistes pendant la Révolution culturelle dans les années 60, c’est tout simplement parce que Chen Yi, son mentor, devenu ministre des affaires étrangères, est passé à la trappe à son tour suite aux attaques des maoïstes, de la « Bande des Quatre » dirigée par Mme Mao.

Le débat reste donc ouvert… N’hésitez pas à commenter.

Pour voir la vidéo dans laquelle Benoit Peeters évoque une autre hypothèse,

cliquez sur l’image ci-dessous :

 

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