LES FIGURINES TINTIN : UNE TRÈS BELLE COLLECTION

Tintin, Milou, le professeur Tournesol, le Capitaine Haddock, les Dupondt et tous les autres personnages de l’œuvre de Hergé ont été réunis pour la première fois dans une prestigieuse collection de figurines inédites.

Lancée en octobre 2011, la collection était commercialisée au rythme d’une figurine tous les quinze jours et disponible chez les marchands de journaux ou par abonnement, chaque numéro de la collection se composait d’une figurine en polyrésine, d’un livret inédit et d’un passeport collector.

  • Il y a d’abord, bien évidemment, la figurine, en polyrésine, de 12 cm (hors socle) pour le personnage de Tintin, servant de base à la taille des autres personnages. Elle est plutôt bien faite, avec un excellent souci du détail et de la finition.
  • Ensuite, on trouve le fascicule qui se présente comme un petit livret cartonné. Chaque livret est illustré et composé des huit rubriques réalisées et commentées par trois spécialistes de l’œuvre de Hergé : Daniel Couvreur, Frédéric Soumois et Dominique Maricq. (Format : 175 X 185 mm / 24 pages). Les textes s’appuient sur une analyse des aventures de Tintin et des documents historiques d’archive. Ces livrets permettront de découvrir et redécouvrir l’univers de Tintin et de son créateur.

    double page intérieure d’un livret
  • Enfin, plus anecdotique, un passeport du personnage complète l’ensemble. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une simple fiche de la figurine. Il présente la phrase culte ainsi que les principales caractéristiques du personnage représenté et de sa figurine.

DES REPRODUCTIONS D’UNE QUALITÉ EXCEPTIONNELLE

Chaque figurine d’environ 12 cm, reproduit très fidèlement les personnages de l’œuvre de Hergé pour nous permettre de nous replonger au cœur des aventures du célèbre reporter. Ces reproductions ont été réalisées dans le plus grand respect de l’œuvré d’Hergé avec une connaissance aiguisée de son trait, mais aussi avec beaucoup d’imagination et d’ingéniosité pour résoudre divers défis techniques liés à la réalisation pratique des figurines, notamment la mise en 3 dimensions.

Par exemple, en ce qui concerne la première figurine de la collection, celle de Tintin, on remarque toute la qualité du travail notamment dans la réalisation de l’imperméable de Tintin sur lequel il fallait en quelque sorte prolonger le trait d’Hergé, précisément là où il s’arrête dans les cases de l’album. En concevoir les parties cachées ou inexistantes sur le modèle d’origine était un vrai défi.

La collection s’est arrêtée en mars 2016 :  111 figurines, 5 années de production, un coût total de 1842 €… !


Voici un extrait d’une interview de Nicolas PREUMONT dont le travail consistait à propulser les personnages de papier créés par Hergé dans la troisième dimension.

Quelle est l’origine de cette collection ?

Le point de départ a été la volonté d’offrir au public à un prix accessible une collection de qualité dont la technique de fabrication est habituellement réservée à des produits de prestige (la polyrésine). La collection devait au départ comporter 77 figurines. Vu son succès, il a été décidé de la prolonger. Aux personnages principaux sont donc venus se joindre des personnages secondaires, souvent inédits. On est ainsi passé à 111 modèles + 9 hors-série. Au total, cela forme un ensemble original et très complet.

La collection est très respectueuse des modèles d’origine, tant dans l’aspect des personnages que dans leurs attitudes et leurs positions. Quels ont été les défis techniques d’un tel processus de production et de fabrication ?

Le meilleur angle pour aborder la réalisation d’une collection de ce type est le respect. Car, au-delà de l’aspect décoratif, quelle est la fonction réelle de ces statuettes? Elles offrent aux gens le moyen de se reconnecter à leurs souvenirs de lecture, qui sont le plus souvent des souvenirs d’enfance. La moindre des choses est donc de proposer un travail qui soit le plus fidèle possible à l’œuvre originale. Mon travail se rapproche de celui d’un traducteur puisque pour schématiser, il s’agit de faire la transition d’un médium à un autre, c’est-à-dire passer du dessin au volume qui sont deux langages spécifiques. Et pour traduire sans trahir, il faut une bonne connaissance de ces deux langages.

À ce titre, mon expérience sur les personnages de la collection “En voiture Tintin” de 2000 à 2007 a été très utile. Pour façonner les 300 personnages différents qui figuraient dans les véhicules au 1/43ème, j’ai dû expérimenter et mettre au point un processus de sculpture 3D spécifique car, à une échelle aussi réduite (les personnages mesuraient 3 cm), les techniques traditionnelles ne permettaient pas d’atteindre l’exigence de qualité requise. Le procédé a été perfectionné au fil des années et est devenu un outil bien maîtrisé aujourd’hui.

Concrètement, les différentes étapes dans la création des figurines sont :

1) Le choix des personnages et le choix de l’attitude en adéquation avec le caractère des personnages

2) Le travail de sculpture à l’écran

3) La décomposition des pièces pour le moulage (séparation des parties en contre-dépouille et mise en place des tenons d’assemblage)

4) La réalisation de la fiche d’instructions pour la mise en couleurs

5) L’impression 3D par stéréolithographie du master et l’envoi à l’usine

6) Le contrôle qualité sur les prototypes

Durant ces cinq années de production avez-vous ressenti un plaisir tout particulier à la conception d’une figurine ? Laquelle ? Pourquoi ?

Peggy Alcazar peut-être… Non, plus sérieusement, chaque personnage est intéressant. Du plus humble marbrier à la diva extravagante, cette galerie de portraits est une formidable étude de caractères. Le plaisir est de marcher sur les traces d’Hergé. Rejoindre la ligne claire, le trait minimal qui est nécessaire et suffisant pour cerner un personnage. C’est un vrai plaisir. Allez, s’il faut en choisir une : Rascar Capac pour son côté Walking Dead !

Il est important de souligner que certains personnages issus de l’imagination artistique de Hergé ne présentent pas nécessairement des difficultés sur un plan technique. Cependant, à en juger par la précision des détails de la collection, on peut en conclure un travail extrêmement méticuleux. Que pouvez-vous nous dire à ce propos ?

Les détails racontent toujours quelque chose. Que ce soit le costume, les accessoires ou même la posture du personnage, chaque élément est utile pour décrire une personnalité singulière qui sera identifiable au premier coup d’œil. C’est tout l’art de la caricature, l’art d’Hergé. Il ne faut donc faire l’économie d’aucun détail.

Les médailles et les décorations en tous genres qui recouvrent les uniformes du général Tapioca et du colonel Alvarez font instantanément d’eux les dignitaires des plus belles républiques bananières; avec Peggy Alcazar, tout en elle respire le mauvais goût : depuis ses épingles à bigoudis en forme de fleurs jusqu’au cigare en passant par ses Converse bleues et les couleurs de son accoutrement; l’arrogance de Rackham le Rouge est bien visible : il triomphe un verre à la main, son coffre sous le bras et les plumes au vent; de même la fierté d’Alcazar, plastronnant dans son bel uniforme bleu est palpable, etc. L’identité des personnages transparaît dans chacun de ces détails.

Parfois, la complexité est assez importante, je pense à la figurine numéro 104, « Le Docteur KROLLSPEL ». À ce sujet, y-a-t-il un personnage en particulier qui vous aurait donné du fil à retordre ?

Tous les hors-série ont représenté des petits défis techniques et artistiques. Par contraste avec les figurines relativement statiques de la collection, il s’agissait chaque fois de scènes dynamiques qui comportaient plusieurs personnages et accessoires différents. Comment traduire la dynamique du cheval au galop, restituer la finesse du trépied de la caméra, le vélo, la moto, les taches noires du dogue, etc.

Mais c’est surtout le temps contre lequel j’ai dû me battre. Avec l’arrivée des hors-série dans un planning déjà serré, mon temps de travail par figurine est passé de 8 à 6 jours utiles pour enchaîner toutes les étapes nécessaires (le travail de sculpture, la décomposition technique des pièces, la fiche d’instruction couleurs et le contrôle des prototypes). Oui, ces deux dernières années auront été plutôt intenses…

Le nombre des personnages, dans les Aventures de Tintin est estimé à 325 au total. L’aventure aurait encore pu continuer ?

Bien sûr, mais c’est une décision qui appartient aux responsables commerciaux et qui a été prise en accord avec le partenaire. Personnellement, je n’étais pas contre l’idée de continuer d’autant que certains personnages attendus manquent à l’appel. Cela dit, il faut aussi savoir s’arrêter, les étagères et les vitrines des collectionneurs ont leurs limites !

Certains personnages emblématiques ont bel et bien été représentés à plusieurs reprises : parmi les méchants, qui a été le plus représenté et quels ont été les critères de sélection ?

La force de cette collection, c’est la représentation des personnages secondaires qui n’ont été jusqu’ici que peu, voire jamais traduits en volume, notamment les méchants. On adore les détester, ce sont eux qui font que l’histoire est réussie. En terme de méchanceté, le docteur Müller et Rastapopoulos sont ex aequo. Ce sont des personnages récurrents qui croisent souvent la route de Tintin. Ils se déguisent et se travestissent fréquemment, ils devaient donc être présents dans au moins deux de leurs apparences.

 

La terrifiante momie de Rascar Capac, ce personnage symbolique de l’album Les 7 Boules de cristal qui hantait nos lectures, fait aussi partie de la collection. Malgré qu’elle soit sortie de son contexte, il en ressort malgré tout une aura quelque peu maléfique… Comment avez-vous fait pour préserver cet aspect angoissant ?

C’était la figurine à ne pas rater. Le cauchemar de tous les enfants. Sa maigreur cadavérique devait être bien restituée, son rictus très particulier aussi, avec une mâchoire inférieure dépourvue de dents. Et surtout les petits points brillants au fond de ses orbites creuses doivent vous suivre d’un air méchant.

Avez-vous eu des contacts avec les collectionneurs ?

Je n’ai pas eu de contact direct mais tout au long de l’aventure, j’ai suivi attentivement les pages internet des collectionneurs. Certains forums ont été très populaires (plus de 750 pages pour le forum principal). Pendant ces cinq années, ces espaces de discussions auront été le terrain de débats enflammés, d’engueulades homériques, beaucoup d’échanges, d’envies exprimées, des tranches de vie, certains regrets et quelques louanges aussi. Des amitiés se sont même créées autour de ces figurines. Bref, cette collection aura été une belle aventure qui prouve encore une fois que Tintin est bien vivant.

Une flopée de caractères. Vous vous en doutiez ?

Le casting hergéen est riche de plus ou moins 325 personnages, tous issus du « canon » tintinesque, soit des vingt-deux albums publiés en couleur depuis Tintin au Congo jusqu’à Tintin et les Picaros (hors Tintin au pays des Soviets et l’album inachevé Tintin et l’Alph-Art) … Nous connaissons très bien les personnages masculins, bons et méchants qui l’emportent haut la main, en terme de présence, et qui habitent les Aventures de Tintin. Cependant d’autres protagonistes comme les femmes et les enfants sont bien présents. Bien que moins présents, les animaux imaginés par Hergé se révèlent tout aussi importants pour le dénouement des recherches de notre reporter préféré.

À lire en intégralité sur le site officiel :

https://fr.tintin.com/news/index/rub/0/id/4645/0/la-collection-officielle-des-figurines-tintin

 

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