VOL 714 POUR SYDNEY : QUI ÉTAIT LE MYSTÉRIEUX MIK EZDANITOFF

Dans Vol 714 pour Sidney Hergé introduit le personnage de Mik Ezdanitoff. Sous une apparence anodine (il porte un banal complet deux-pièces gris avec un tricot col V mauve et une cravate club) ce personnage est pourtant un « initié », « expert en extraterrestres ». Tintin connaît de réputation ce personnage, chroniqueur dans la revue Comète, mais aussi télépathe et agent de liaison avec les extraterrestres.

En réalité, il s’agit d’un scientifique qui a réellement existé : Jacques Bergier. Sur la carte de visite de ce dernier on pouvait lire : « Amateur d’insolite et Scribe des Miracles ». N’oublions pas que Hergé, a toujours été intéressé par les sujets étranges (comme en témoigne son amitié avec Bernard Heuvelmans spécialiste en cryptozoologie)

Si Hergé a choisi d’évoquer la silhouette, le visage, les grosses lunettes et l’accent typiquement slave de Jacques Bergier, c’est parce qu’il a eu l’occasion de le rencontrer personnellement lors du tournage du film les Oranges Bleues en 1964. Ce dernier était le conseiller scientifique de la production.

 

Au début Hergé avait pensé l’appeler  Jacques Gerbier mais il a finalement retenu celui de Mik Ezdanitoff. Ce nom vient d’ expression contractée tirée du patois marollien -Is dat niet tof ?-, qui peut se traduire par « C’est pas beau ça ? ».

Hergé, en lui donnant ce nom fait référence à l’amour de Bergier pour la Science-Fiction (qui pour lui, n’était pas seulement un loisir, mais une manière de penser et de comprendre le monde, une préfiguration de ce qui attendait l’humanité) ; mais aussi à ses croyances assez farfelues sur la divination, et les petits hommes verts entre autre (Dans Le Matin des magiciens et dans la plupart de ses autres ouvrages, Bergier suppose l’existence d’extraterrestres. Il cite plusieurs phénomènes comme preuve de leur réalité, notamment la présence de traces de ventouses sur les montagnes).

La revue « Comète » citée dans Vol 714 pour Sydney fait allusion au véritable magazine Planète dans il fut le créateur.

Un article de Jacques Bergier

Jacques Bergier a fait découvrir Tolkien, Lovecraft et tant d’autres écrivains de SF. Il a inventé le réalisme fantastique, qu’il a porté aux nues avec Louis Pauwels, leur livre vendu à 2 millions d’exemplaires Le matin des magiciens, et la collection Planète qui s’arrêta avec mai 68 (un hasard qui n’en est pas un).

Antinazi militant, pendant la Seconde guerre mondiale, il transmettait également des rapports sur l’utilisation de l’énergie atomique aux gouvernements américains et français, ce qui l’engage progressivement au sein des services secrets alliés. Ses activités de résistant en France sont multiples: laboratoires clandestins pour la fabrication de bombes, d’émetteurs radio, de dispositifs d’écoute téléphonique, de fausses monnaies et faux papiers… Il fait éditer à Londres un Manuel du parfait saboteur, traduit en 38 langues. Il est aussi le rédacteur du journal  » Le soldat allemand en Méditerranée « , feuille clandestine en allemand servant à démoraliser l’ennemi. Il organise des réseaux de résistants et d’espions, c’est ainsi qu’il devient l’un des dirigeants du réseau  » Marco Polo « , et qu’il parvient à obtenir la localisation de la base secrète de construction de V2 de Pennemünde, qui sera finalement bombardée par l’armée alliée.

Le site de Peenemünde

Il est arrêté à Lyon le 23 novembre 1943 par la Gestapo et soumis à la question. En 1944 il est déporté et subit de nombreuses tortures. Après la guerre, il reçoit les plus hautes distinctions militaires russes, anglaises, des américaines et des françaises. Il recevra les plus hautes distinctions militaires des russes, des anglais, des américains et des français. Les russes lui consacrèrent un film  » L’homme qui arrêta la foudre  » (autre titre  » Et l’Angleterre sera détruite « ), qui glorifie son action d’espionnage dans l’affaire de la destruction de la base de Pennemünde.

Jacques Bergier est médaillé lors d’une cérémonie aux Invalides

« Être dans l’univers de Hergé fut l’un des grands moments de ma vie, car il me permettait de rentrer dans le monde enfantin« 

Jacques Bergier fut aussi « croqué » dans bien d’autres bandes dessinées. Par exemple en 1957, Bergier devient le professeur atomiste Sprtschk, qui finira dans le ventre de la bête du mésozoïque !, sous le crayon d’André Franquin, dans l’album « Le Voyageur du Mésozoïque ». Franquin le rencontra vraisemblablement aussi aux studios radiophoniques parisiens (1), et dut être fort impressionné par son accent de « robot ukrainien » pour lui choisir un tel pseudonyme ! (Bergier était né à Odessa). Pour en savoir plus à ce sujet : http://www.claudethomas.net/bergierenbd.htm

Publication réalisée a partir des sources ci-dessous :

http://www.kicswila.com/tag/scientifique/

https://michelduchaine.com/2014/08/18/hommage-a-jacques-bergier-ecrivain-chercheur-et-eveilleur-de-conscience/

Et surtout n’oubliez pas de jeter un coup d’oeil à l’interview de Mike Ezdanitoff sur ce fabuleux site tout entier consacré à Tintin :  http://moserm.free.fr/moulinsart/chroniques48.html

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