TINTIN, L’ÎLE NOIRE… ET LA « MALLE » OSTENDE-DOUVRES

Chacun de nous se souvient, dans l’Ile Noire, de la séquence où Tintin, après avoir été victime d’une machination dans le train qui le conduit à Ostende échappe aux Dupontd et parvient, in-extremis, à s’embarquer sur le ferry en partance d’Ostende pour Douvres.

Dans cette séquence Tintin s’exclame : “Ah ! Si je pouvais arriver à temps pour la malle…”.

LA FIERTÉ DE TOUS LES BELGES !

Il s’agit de la malle Ostende-Douvres. C’est ainsi que les Belges appelaient le ferry (dont le nom était “Prince Baudouin”, le jeune prince de l’époque) qui assurait la liaison régulière entre la Belgique et l’Angleterre.

Avec une bonne loupe, on peut d’ailleurs lire le nom sur la coque dans la double page du Petit Vingtième du 27 mai 1935.

Case du Petit Vingtième

Signalons que le Petit Vingtième daté du 1er avril 1937, soit quelques semaines plus tôt, avait publié en page 9 un article élogieux sur ce navire belge, considéré à l’époque comme le plus rapide du monde grâce à ses 2 moteurs à explosion développant une puissance de 16 000 chevaux. L’article vantait les mérites de cette réalisation nationale, équipée 100% avec des matériaux belges, comme par exemple le bois en provenance du… Congo !

TINTIN REPARLERA DE LA MALLE…13 ANS PLUS TARD !

Encart du Journal Tintin

En effet dans l’édition du Journal Tintin, n°27, daté du 6 juillet 1950, un encart jeté (d’où sa rareté aujourd’hui – un « encart jeté » est un document publicitaire glissé à l’intérieur d’un magazine, mais qui n’est pas solidaire du cahier d’impression, d’où sa propension à glisser au sol quand vous ouvrez le magazine) présente une publicité qui proposait aux membres du Club Tintin en vacances au bord de la mer, des visites guidées de la “malle” à quai.

Très rares sont les dessins représentant les Dupontd en marins façon « Rackham le Rouge ». Pour info, cette illustration a été vendue aux enchères chez Artcurial pour près de 35 000€

EN SAVOIR PLUS SUR LA MALLE OSTENDE – DOUVRES (Recherches &Texte Marc Montaigu) 

Le nom de « Malle » vient du fait que le courrier était initialement enfermé dans une malle transportée dans une voiture appelée malle-poste (en Angleterre mail coach).

En 1870, la guerre franco-prussienne suspend provisoirement le passage par la France de la Malle des Indes. Le courrier passe désormais par la Belgique (Ostende). Celle-ci utilisera cinq générations de malles (bateaux) dont, le « Prince Beaudoin » qui serait celle mentionnée dans l’Ile Noire.

La malle Prince Beaudoin

À partir de 1890, après la conférence du 13 mars réunissant toutes les compagnies concernées, la partie train relie chaque semaine Londres, Douvres, Calais, Brindisi où est assurée la correspondance avec le paquebot de la Malle des Indes, carrément!

Une « malle bateau » ne dure pas plus de 20 ans, en raison des conditions d’utilisation intenses et de la nécessité de rester à la page techniquement (compétition sévère avec l’aviation – Latécoère- !). La traversée est d’environ 3 heures selon l’affiche présentée ici, mais varie selon la météo, et n’est pas sujette à des records en raisons des dangers pour les passagers dans cette zone, la plus fréquentée du globe.

1931 : lancement étude du « Prince Beaudoin » (nom du futur roi des belges) : malle ultra moderne :

  • Vitesse 25,25 nœuds, soit 46,75 km/heure !
  • Construction Cockerill : DEUX GOURVERNAILS 1 arrière et 1 Avant
  • Tirant d’eau 3m 40 !
  • Première classe à l’avant pour éviter les vibrations des turbines !

Le Prince Baudouin diffère totalement des malles précédentes. Sa longueur entre perpendiculaires a été portée à I09 mètres, alors qu’anciennement on considérait I06 mètres comme un maximum pour le chenal d’Ostende, gros souci de navigation dès le départ, le reste est sportif car c’est le passage le plus fréquenté du globe en navigation. De même, le tirant d’eau a été augmenté, suite à l’expérience des quatre malles précédentes qui manœuvrent plus aisément avec une calaison de 3 m,40. La silhouette du navire est trapue avec cheminée droite unique, très large, très basse et deux petits mâts verticaux qui sont réduits au rôle de simple porte-signaux.

Le luxe de la construction Cockerill est tel que les secondes classes du Prince Beaudoin surpassaient les premières classes des cinq générations de steamers précédentes ! C’était le bateau de transport de personnes le plus rapide du monde en 1938 !

La vie à bord

 

Partagez si ça vous a intéressé
  • 101
  •  
  •  
  •  
  •  
    101
    Partages
  • 101
    Partages

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.