Né à Lens (Belgique) en 1923 et décédé en 1978, Paul Cuvelier fut, avec Hergé et E.P. Jacobs, l’un des célèbres créateurs du journal « Tintin » lancé en 1946 par Le Lombard.
Il en fut aussi la toute première révélation. Rencontré en 1945, Hergé l’oriente vers la bande dessinée. Il se fait la main en mettant en images « Le Canyon mystérieux », un western scénarisé par Olav (alias Hergé et Jacobs).
En 1946, subjugué par ses talents, Hergé persuade Raymond Leblanc de l’intégrer dans l’équipe de base du journal Tintin. Cuvelier y crée « L’extraordinaire Odyssée de Corentin Feldoë ».
Hergé, responsable de cette publication. C’est en 1945, à 22 ans, que Cuvelier vient solliciter Hergé. Il lui est d’ailleurs présenté par un neveu de l’abbé Wallez (l’ancien Directeur du quotidien “Le XXème siècle”). Le jeune homme tend ses carnets de croquis au maître.
« Vous venez me demander conseil, dites-vous. Eh bien, c’est moi qui devrais vous en demander ! » déclare Hergé, impressionné par le talent du jeune homme qu’il l’invite à revenir lui montrer ses travaux. « Vous possédez un talent extraordinaire qui, si vous travaillez, fera de vous un très grand artiste« , lui écrit-il le 22 mai 1945. “Amenez, amenez vos dessins ! Vous ne pourriez imaginer quelle joie j’éprouve à découvrir en eux toutes les caractéristiques d’un authentique talent”, poursuit-il cinq jours plus tard. Hergé parvient à attirer Paul Cuvelier vers la bande dessinée et l’intègre à la prestigieuse équipe qui prépare, durant l’été 1946, le lancement du Journal de Tintin.
Hergé l’avait encouragé à assembler ses dessins en une bande dessinée. Mais le travail de bande dessinée était sans doute perçu par Paul comme trop ardu, peu valorisant. Il n’en aimait pas les cadres, les contraintes. Son art était plus libre. C’était un artiste, attiré par le nu, attiré par le féminin, par la jeunesse. Il semble avoir souffert du peu de satisfaction qu’il trouvait à son travail de bande dessinée. La bande dessinée devint pour lui une nécessité, un gagne pain.
Peu après, il décide de rompre avec la BD pour se consacrer à la peinture et à la sculpture… mais y revient en 1953 et 1956 avec deux courtes histoires écrites par Y. Duval, l’une retraçant la Passion du Christ et l’autre, résumant L’Iliade d’Homère.
En 1958, avec l’appui scénaristique de Greg, il relance « Corentin » dans de nouvelles aventures. En 1960, toujours secondé par Greg, il dessine l’épopée médiévale « Flamme d’Argent ».
En 1963, avec Greg encore, il relance Line, l’héroïne de l’hebdomadaire des chics filles
En 1968, les mentalités changent. Jean Van Hamme souhaite écrire son premier scénario pour Cuvelier. Tous deux vont créer une bd adulte érotique : les mésaventures d’une adolescente ingénue dans un cadre mythologique. Epoxy paraît dans les librairies françaises en mai 68 chez l’éditeur Éric Losfeld.
Ensemble, ils vont signer deux nouveaux albums : « Le Prince des Sables » et « Le Royaume des Eaux Noires » pour lequel il obtient en 1974 le prix de la meilleure BD réaliste.
Tout en continuant quelques séries en cours, il multiplie les recherches personnelles dans l’isolement et le plus complet dénuement. En 1973, il débute “Corentin et l’ogre rouge”, sur un scénario de Jacques Martin, qu’il abandonne au bout de quelques planches.
il renonce à la BD en 1973 pour dessiner, peindre, pratiquer l’illustration érotique, sculpter le plâtre et aborder la gravure. Il s’éteint le 4 juillet 1978 à l’âge de 55 ans. Jusqu’à sa mort, Cuvelier se consacrera à ses passions, la peinture et la sculpture, dans l’isolement de son atelier.
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Permaliens
Cuvelier et Rosinski sont peut être plus des peintres naturels que des auteurs de BD.