AU CŒUR DE PARIS : LA FRESQUE TINTIN (1979)

En 1979, s’ouvrait à Paris, au cœur du quartier du Marais, le Centre Wallonie-Bruxelles, vitrine culturelle de la Communauté Wallonie-Bruxelles. Dès sa création, le lieu fut doté d’œuvres d’artistes majeurs : Félix Roulin a sculpté un bas-relief dans le passage couvert menant aux salles de spectacles et de cinéma. Pol Bury a mis la cour intérieure en musique en y implantant une fontaine musicale. Alechinsky a réalisé deux grandes fresques murales tandis que Jean-Michel Folon concevait un rideau de scène pour la salle de spectacle…  Et Hergé a ameuté tous les amis et ennemis du célèbre reporter Tintin dans une fresque située dans la cage d’escalier qui mène au foyer.

UNE FRESQUE EN ESCALIER… SANS ESCALIER !

La conception de cette fresque, qui devait venir prendre place sur le mur d’un escalier menant du hall d’entrée au foyer du Centre Wallonie-Bruxelles, ne fut pas une mince affaire. Il fallait non seulement tenir compte de la configuration particulière de cet escalier – ses déclivités spécifiques – mais aussi veiller à bien répartir les différents personnages retenus pour y figurer en grandeur nature et cela, sur une dizaine de petits murs répartis en accordéon sur toute la surface concernée.

Si le résultat fut à la hauteur des espérances, il en alla tout autrement pour l’escalier qui devait être construit au pied de la fresque : il ne vit jamais le jour ! Les visiteurs du Centre s’étonnent toujours de cette étonnante composition qui leur fait voir Tintin, Milou, le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, les Dupondt et bien d’autres membres de cette grande famille de papier descendre des marches tout bonnement réduites à de simples traits noirs sur les murs !

LE REFLET DE TOUT UN UNIVERS

La fresque réalisée par Hergé et ses collaborateurs se voulait témoigner de l’univers fascinant des aventures de Tintin, à travers quelques-uns de ses personnages les plus emblématiques, nonobstant la présence de plusieurs seconds rôles, toutefois tout aussi importants dans la conduite de l’action que les ‘vedettes’ comme Bianca Castafiore, Tchang, Séraphin Lampion ou Nestor. Par certains objets, elle évoque aussi la pluralité des mondes visités par Tintin et les continents traversés : fusée lunaire, bouteille de Loch Lomond, champignon de L’Étoile Mystérieuse, totem du chevalier de Hadoque, perroquet des îles lointaines, idéogrammes chinois ou yéti des sommets himalayens, tout est là pour nous ramener à ces milliers de pages des récits imaginés par le maître de la Ligne Claire. Et pour ne pas gâcher la fête, bien que présents sur la fresque, les vrais méchants, Allan Thompson et Roberto Rastapopoulos, ont le visage habilement caché, le premier par celui de Tournesol, le second par un jet de salive de lama !

HERGÉ TRÈS IMPLIQUÉ

Une telle réalisation ne s’improvise pas, raison pour laquelle Hergé prit son temps de dessiner avec soin l’ensemble de la composition ; un ensemble très attrayant qui fut reproduit sous forme d’une lithographie offerte aux invités de l’inauguration du Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, le 26 septembre 1979. Limitée à 300 exemplaires, signée par Hergé, elle fut encartée dans un portfolio dans lequel figuraient d’autres reproductions de grands artistes belges.

Le dessin d’origine, de 42 x 20 cm, avait été réalisé à l’encre de Chine et colorié à la gouache, à l’aquarelle et à l’écoline. C’est à partir de ce travail que furent ensuite réalisés les croquis définitifs qui allaient être reproduits dans la fresque. On notera au passage les modifications, les différences et les nuances apportées à la création de départ.

 

 

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3 commentaires


  1. Alors que tous les personnages sont «  »plus vrais que nature «  » j’ai toujours été surpris par la représentation de S.Lampion (attitude et traits du visage ) Sinon ,la composition est remarquable , et encore plus appréciée maintenant que certains détails nous ont été révélés !

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  2. Ce dessin a toujours été mal compris, y compris par certains des plus grands spécialistes de l’oeuvre d’Hergé ! Il n’a absolument pas été réalisé en attendant la construction d’un nouvel escalier, il a été réalisé comme un trompe-l’œil d’un escalier montant au premier étage, tandis qu’un réel escalier descend en sous-sol.
    D’ailleurs les derniers personnages sont plus petits, comme s’ils étaient éloignés de nous, placés à un étage supérieur. Il ne s’agissait donc pas du tout de se retrouver face à eux, mais de les voir de loin.

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