HERGÉ ET… SA CAVE

Hergé aimait le Whisky, le Champagne… Et aussi les bons vins. Il se fournissait chez Jacques Verwilghen, qui représentait à Bruxelles la maison Boon-Hecking de Louvain, spécialisée dans l’importation de grands vins français.

Et quand il se trouvait en rupture de stock, plutôt que de téléphoner, Hergé lui envoyait, sous forme de dessins, des messages particulièrement explicites, Comme en témoigne ce « dessin de détresse » avec comme texte :

« M. Verwilghen pourra-t-il rétablir la situation ? Amicalement à vous. Georges Remi. »

Extrait d’un article de BERNARD TORDEUR dans la de la prestigieuse revue n°6 des studios Hergé, intitulé « le bon vin de Georges Rémi » :

Réputé fin gourmet, Georges Remi ne pouvait qu’être homme à apprécier le vin. Si divers témoignages confirmèrent qu’il en avait bien été ainsi, aucun d’entre eux ne permit de savoir si l’amateur se doublait ou non d’un connaisseur éclairé. Cette question serait sans doute restée à jamais sans réponse si, par un beau jour de 1997, des étiquettes de cave écrites de la main de Georges Remi n’avaient été miraculeusement trouvées dans le sous-sol de sa maison de campagne, à Céroux-Mousty. De la simple lecture de ces étiquettes on peut déduire, sans être cenologue patenté, que Georges Remi possédait dans sa cave, au début des années 1950, quelques très grands vins de Bordeaux et de Bourgogne. Et que, par conséquent, il n’ignorait rien de la production haut de gamme de ces deux régions viticoles d’exception.

Passer en revue chacun des vins étiquetés par Georges Remi serait fastidieux, en particulier pour le lecteur peu ferré sur le sujet. On se contentera donc d’apporter quelques commentaires à ce que ces étiquettes sauvées de l’oubli révèlent des goûts du père de Tintin en matière vinicole. Ainsi notera-t-on que seuls deux des sept vins répertoriés par leur propriétaire sont des blancs : il s’agit, d’une part, du Clos Blanc de Vougeot et, de l’autre, du Beaune Clos des Mouches. Qui dit «clos» dit Bourgogne et, de Bourgogne, ces deux vins comptent parmi les plus fameux.

Château Cheval Blanc 1947

La faible proportion des vins blancs par rapport aux vins rouges laisse penser que Georges Remi était plus porté sur ces derniers, ce que corroborent les divers témoignages évoqués plus haut. En ce qui concerne ces vins rouges, on remarquera l’imposante présence du Château Cheval Blanc, dont Georges Remi avait en cave pas moins de trois millésimes. Régnant en maître suprême sur les vins de Saint-Émilion depuis plus de cinquante ans et ne pouvant être rivalisé que par le Château Ausone, également présent dans ladite cave, ce premier grand cru classé depuis 1954 doit son extraordinaire finesse aromatique au cabernet franc, un cépage qui, fait unique dans ce vignoble, y est présent à hauteur de soixante pour cent. Apparu en 1832 sous l’appellation «vin de Figeac », le domaine du Château Cheval Blanc a été racheté en 1998 par deux célèbres multimilliardaires : le Belge Albert Frère et le Français Bernard Arnault. Le prix de ce nectar sensuel et charnel est évidemment à la hauteur de sa qualité exceptionnelle : c’est ainsi qu’il faudra débourser quelque Châteauquatre cents euros pour une bouteille millésimée 2008.

Bouteille, bouteille… Mais au fait, restait-il donc des bouteilles dans la cave cérousienne de Georges Remi? Eh bien non, c’eût été trop beau.

Allez, santé quand même!

BERNARD TORDEUR

Bouteille de Corton-Charlemagne 1955 mise en bouteille privée (George Remi)

Cette bouteille provient de sa cave personnelle de sa maison à Céroux -Mousty.

 

Pièce intéressante à plus d’un titre.

  • D’abord on peut lire sur l’étiquette qu’il s’agit d’un vin « tiré en bouteille pour Monsieur Georges Remi ».
  • Ensuite, parce que le vin en question n’est pas ordinaire. Il s’agit d’un « Corton-Charlemagne 1955 », grand cru de la Côte de Beaune, vin unanimement considéré comme l’un des meilleurs vins blancs du monde.

Un vin qui d’après moi (et selon l’expression d’Alexandre Dumas à propos du Montrachet) doit se boire « à genoux et tête découverte ». Le millésime 1955 est réputé de bonne qualité en vins blancs. Et pourtant quel vin ! Robe dorée, aux nuances topaze. Arômes riches, purs, d’écorce d’orange, d’orange confite, de mandarine, de pâte de fruits. La bouche est d’une richesse folle, gourmande, enrobée, le tout avec une finale saline, nette, fine qui est la marque de fabrique d’un grand corton-charlemagne.

Les Corton-Charlemagne sont des vins d’un bel or vert et atteignent leur plénitude après cinq à dix ans de garde.

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