L’EXCELLENT BOB DE MOOR : LE BRAS DROIT DE HERGÉ

 

Bob de Moor, entre au Studio Tintin le 6 mars 1951. À partir de cette date il met sa carrière entre parenthèses pour accompagner Hergé dans la réalisation des albums de Tintin

En avril 1950 sont fondés les Studios Hergé qui permettent à Hergé de s’entourer d’assistants et l’un des premiers employés fut Bob De Moor. Il est engagé en free-lance le 6 mars 1951 et sera engagé à plein temps en 1954, jusqu’à la liquidation des Studios en 1986.  

Le rôle de Bob de Moor dans On a marché sur la Lune est central : il se charge tout particulièrement des somptueux décors lunaires. Sa première réalisation est l’illustration pleine page découvrant la fusée lunaire. Il ne lui a pas fallu moins d’un mois pour venir à bout de ce véritable piège à perspective et lignes de fuite ! 

Hergé fit réaliser par Arthur Vannoeyen une maquette en matériaux composites qui lui servira de référence. Bob de Moor dispose ainsi d’un modèle pour que la fusée, et notamment sa structure interne, apparaisse de façon cohérente dans chaque case.

« …Je voulais que Bob de Moor au moment de la dessiner, sache exactement à quel endroit du véhicule spatial les personnages se trouvaient. Il était essentiel que chaque détail fût à sa place, que tout fût parfaitement au point… » expliquait Hergé.

Bob de Moor devant la maquette de la fusée

Au début des années 1950, l’envoi d’hommes dans l’espace, bien que lointain, est envisagé comme probable dans les décennies à venir. Il faut attendre 1957 pour que le satellite artificiel Spoutnik soit lancé dans l’espace par les Russes, 1961 pour qu’un premier vol habité ait lieu, toujours sur impulsion des Russes, et 1969 pour que soit envoyé, par les Etats-Unis cette fois, le premier homme sur la Lune.

Il y a donc bien un esprit d’anticipation dans On a marché sur la Lune, une part de rêve qui, sûrement participe à sa réussite. Mais il ne faut pas sous-estimer la capacité de documentation d’Hergé.

Le secret d’Hergé, qui n’est d’ailleurs plus guère un secret, est sa manie de la documentation et du travail préparatoire dont le but est, pour chaque album, de l’ancrer au maximum dans la réalité. Avec On a marché sur la Lune, l’enjeu était d’autant plus grand. Hergé s’inspire et demande conseil, pour son histoire, à deux spécialistes sur voyage spatial, Bernard Heuvelmans et Alexandre Ananoff. L’ouvrage de ce dernier, L’Astronautique, a servi de base scientifique à l’histoire, tandis que l’esthétique est en partie empruntée au film américain Destination…Moon qui, en 1950, s’appuie également sur les progrès de la science.

Pour renforcer la cohérence visuelle de son œuvre, Hergé utilise plusieurs moyens. La longue introduction que constitue, avant le départ, Objectif Lune, assure le sérieux de l’expédition en détaillant la démarche scientifique dirigée par Tournesol. Hergé se sert de prototypes existant véritablement pour dessiner le matériel de la fusée et ne se détourne pas des connaissances sur l’aspect de l’espace et de Lune. Il fait réaliser une maquette détaillée de la fusée lunaire pour lui et ses collaborateurs, afin de suivre les déplacements des personnages lors de l’aventure lunaire. La préparation de cet épisode est sans doute la plus complexe jamais mise en œuvre par Hergé.

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