LES DRÔLES DE (TINTINO)MANIES DE L’AMI CRIVELLI

J’espère que notre ami Plinio Crivelli (grand Tintinophile suisse) ne sera pas choqué par le titre de cette publication… Elle fait suite au courrier surprenant qu’il vient de m’envoyer… Et surtout que j’ai bien reçu ! :

REGARDEZ LE TIMBRE EN HAUT A DROITE.

C’est un timbre qui indique la date de notre prochaine réunion tintinophile du 2 juin prochain. Un faux timbre donc, réalisé par l’ami Michel Mov. Et pourtant, malgré cela la lettre est bien arrivée… Pas étonnant venant de Plinio Crivelli ! Il faut dire que le personnage est assez exceptionnel. Je ne vous parle pas de sa grande passion pour les étiquettes de vin, restons dans la Tintinerie. D’abord il possède une étonnante collection de « vieux papiers » Tintin (Petit Vingtième, Soir, Soir Jeunesse, Cœurs Vaillants, journal Tintin, L’Écho illustré, etc…). Ensuite il est le spécialiste mondial du « Chèque-Timbre-Point Tintin », enfin c’est aussi un grand philatéliste (et c’est l’objet de cette publication) et à ce titre c’est un adepte farouche du Mail-Art.

C’EST QUOI LE MAIL-ART ?

Le Mail Art c’est une manière de communiquer : un jeu avec la correspondance. C’est un échange d’art qui transite, condition incontournable, par La Poste. En effet, une œuvre se nomme Mail Art si elle est véhiculée par La Poste, oblitérée, affranchie, adressée à un destinataire et comporte l’adresse de l’expéditeur. Le Mail Art recouvre un champ d’action très varié : des cartes postales artisanales, des enveloppes décorées ou des objets insolites (bouteilles, boîtes métalliques…) pouvant transiter par La Poste. Un japonais expédia, par exemple, une pieuvre séchée non emballée, avec une adresse calligraphiée à l’encre d’or, qui parvint à destination.

Les artistes du Mail Art amènent La Poste à suivre leur imagination en envoyant des lettres à des personnages imaginaires de bandes dessinées, des hommes célèbres aujourd’hui disparus… Christian Balmier, mail artiste français, a notamment expédié une lettre à Tintin, à l’hôtel Cristobal Colon, au Pérou : celle-ci lui fut retournée avec la mention non-trouvée.

L’ENGOUEMENT POUR LA CARTE POSTALE

Le Mail Art trouve son origine dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Les images sont encore rares, seules quelques affiches et gravures dans les livres et journaux sont à la disposition du grand public, avec l’engouement pour la carte postale illustrée (France, 1889) dû en partie à son affranchissement à tarif réduit, le miracle s’opère : des milliers d’images, photographies, dessins circulent. L’art entre dans tous les foyers, créant ainsi une véritable démocratisation de la pratique épistolaire. En parallèle, quelques artistes littéraires tels Mallarmé, Apollinaire…jouent avec la correspondance : des adresses sont écrites sous forme de rébus, de calligramme ou de poème. Mallarmé libellait parfois l’adresse de ses amis sous forme de quatrain :

UN VÉRITABLE COURANT ARTISTIQUE

Mais à l’époque, nul n’envisage encore la lettre comme support de création plastique : œuvre originale et pièce unique. Cette seconde nature donnée à la lettre, on la doit dans les années 20 aux mouvements artistiques tels les Futuristes italiens (Marinetti, Balla…), les Dadaïstes (Marcel Duchamp, Kurt Schwitters…), les Surréalistes (André Breton, Dali…) qui s’intéressent à cette nouvelle forme d’art : des papiers à lettres décorés, des envois poétiques, des collages ou des cartes postales décorées s’échangent en cercle restreint, incitant à une réflexion sur la communication. À la fin des années 50, les courants Post-Dada, le nouveau réalisme, le Pop’art et Fluxus reprennent ces pratiques : le Mail Art est né ! Ray Johnson en est l’initiateur avec l’école qu’il crée en 1962 : la New-York Correspondance School of Art.

Dans les années 70, des réseaux se multiplient en Italie, aux Pays-Bas, dans les pays de l’Est, en Amérique latine. On dénombre plusieurs milliers de mail-artistes. Le Mail Art est officiellement reconnu dans les expositions : en 1971, la Biennale de Paris organise une section Mail Art.

Dans les années 80, le Mail Art connaît un développement nouveau : le nomadisme. En 1984, Hans Ruedi Fricker, un artiste suisse, revendique l’idée que les mail-artistes se rencontrent réellement.

Dans cette perspective, est organisé, en 1986, au Brésil, le 1er Congrès décentralisé autour du monde. Il permet la rencontre entre des correspondants qui se connaissent parfois depuis plus de dix ans sans jamais s’être rencontrés. De nouvelles attitudes et stratégies artistiques se basant sur le contact personnel se développent dans le monde entier.

Dans les années 90, les artistes du Mail Art dont la volonté première est de se « connecter » entre eux s’intéressent à ces nouvelles technologies qui modifient le rapport espace-temps : elles marquent l’avènement d’un nouveau type d’artiste : le networker. Fax et internet remplacent le règne de la communication écrite.

Aujourd’hui le Mail Art reste pratiqué par des milliers de correspondants, membres d’un réseau existant, déclaré, ou néophytes occasionnels.

ÇA VOUS TENTE ? : LES RÈGLES À RESPECTER

  • L’adresse du destinataire, quelle que soit sa forme, doit toujours rester lisible.
  • Les envois doivent être suffisamment affranchis pour éviter qu’une taxe ne soit demandée au destinataire ou à l’expéditeur si l’œuvre lui est retournée. Les timbres créés ne sont pas considérés comme un affranchissement. Tout envoi doit être accompagné de timbre-poste en usage dans le pays et équivalent au poids de l’envoi.
  • L’envoi ne doit présenter aucun caractère de dangerosité : les matériaux coupants (fer, plastique…) ne peuvent être utilisés. Il ne doit pas dépasser 1 mètre (total des 3 dimensions), la longueur ne pouvant être supérieure à 60 cm. Les denrées périssables ne peuvent faire l’objet d’un envoi.

Voici quelques précisions de l’ami Plinio :

Je me suis bien sûr aussi envoyé 2 lettres que je te joins plus bas. Quelques explications sur les affranchissements : 1,40 est le port en prioritaire pour la France, 1,00 est le port prioritaire pour la Suisse et 0,85 le port économique (distribution dans les 3 jours). Le long code-barres au bas des enveloppes indique que la lettre a passé par le centre de tri et qu’elle a donc réellement été transportée.

La mention « Mail-Art » ou « Art postal » ne sert à rien, sauf à protéger la buraliste qui normalement ne doit pas oblitérer manuellement ces faux timbres. Enfin, les 3 timbres sont l’oeuvre Michel Mov.

L’INCONTOURNABLE MICHEL MOV

C’est à ce dernier que Plinio a fait appel pour la réalisation de ses faux-timbres. Inutile de vous dire que le gaillard s’est vite prêté au jeu. La preuve : 

Alors Michel ? Accepterais-tu de réaliser au format A4, une planche PDF de faux timbres Tintin

pour qu’on puisse tous pratiquer désormais le Mail-Art ? 

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