TINTIN CHEZ LES SOVIETS :  QUAND LA RUSSIE MENAÇAIT LE PETIT VINGTIÈME

L’Abbé Wallez avait un sens poussé du marketing. Pour rendre plus dramatique et plus crédible encore l’aventure de Tintin chez les Soviets, il a l’idée de publier une lettre de menace prétendument arrivée à la rédaction du Petit Vingtième.

Datée du 28 mars (et parvenue, comme par hasard le 1er avril), elle était signée par le président du Guépéou (la police politique soviétique, créée en 1922) qui somme le journal d’interrompre sans plus tarder la publication des aventures du petit reporter, sous peine de subir le triste sort du Général Koutepoff :

Messieurs,

Nous avons peu de choses à vous dire. Il s’agit du reportage de votre rédacteur Tintin.

Nous vous avertissons que si vous ne faites cesser la parution de ces documents qui ne sont qu’un tissu d’attaques contre les Soviets et le Prolétariat révolutionnaire de Russie, c’est pour vous la mort à brève échéance.

Prenez garde, l’œil de Moscou-la-Rouge Vous surveille. N’oubliez pas le sort qui fut réservé au général Koutepoff, Le prolétariat russe est outré de votre campagne qui ne cherche qu’à nuire à la cause de la Révolution.

Choisissez donc : la fin de cette campagne ou la mort.

QUI ÉTAIT LE GENERAL KOUTEPOFF (ou Koutiepov)

L’amour de la patrie et de l’armée chevillé au corps, le général Koutiepov n’accepta jamais la prise du pouvoir par les Bolcheviques. Combattant de la première heure parmi les Russes blancs, il sera contraint de conduire ses hommes vers l’exil ; réfugié à Paris, il poursuivra, dans l’ombre, une lutte incessante contre le nouvel ordre russe en dirigeant l’Union générale des combattants russes, 60 000 membres à travers le monde, tous anticommunistes.

Il fut enlevé à Paris le 26 janvier 1930 par les services secrets soviétiques. L’émotion populaire est si vive que certains menacent de prendre d’assaut l’ambassade soviétique. Il semble néanmoins que le gouvernement français, soucieux de ne pas créer d’incident diplomatique, freine les recherches.

En 1966, Krasnaya Zvezda, organe officiel de l’Armée rouge, reconnaîtra que le rapt était bien l’œuvre d’agents du Guépéou. Mais à ce jour, les nouvelles autorités russes n’ont toujours pas fourni d’explications sur les circonstances de son élimination.

Dans Tintin chez les Soviets, Hergé s’en inspirera lors de la séquence de l’enlèvement de Tintin, en plein Berlin par des Bolcheviques, dans les fascicules du Petit Vingtième des 6 et 13 mars 1930 :

 

 

 

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