LE PREMIER DESSIN DE PAUL CUVELIER (à 7 ans)

C’est en effet dans Le Petit Vingtième du 13 novembre 1930 qu’apparaît le premier dessin de Paul Cuvelier sous le titre « Un nascidant doto » (Un accident d’auto). Peu de Tintinophiles le savent. Hergé n’a jamais oublié cet enfant, qu’il recrutera plus tard pour se lancer, avec lui, dans l’aventure du Journal Tintin, 16 ans après, en 1946.

 

Paul Cuvelier est né à Lens le 22 novembre 1923. Il admirait profondément le dessin d’Hergé. Il est significatif que les premiers travaux publiés du jeune Paul Cuvelier, six ans et demi, l’aient été, en 1930, dans les premiers temps du “Petit Vingtième”, par Hergé, responsable de cette publication. C’est en 1945, à 22 ans, que Cuvelier vient solliciter Hergé. Il lui est d’ailleurs présenté par un neveu de l’abbé Wallez (l’ancien Directeur du quotidien “Le XXème siècle”). Le jeune homme tend ses carnets de croquis au maître.

 « Vous venez me demander conseil, dites-vous. Eh bien, c’est moi qui devrais vous en demander !  » déclare Hergé, impressionné par le talent du jeune homme qu’il l’invite à revenir lui montrer ses travaux. « Vous possédez un talent extraordinaire qui, si vous travaillez, fera de vous un très grand artiste« , lui écrit-il le 22 mai 1945. “Amenez, amenez vos dessins ! Vous ne pourriez imaginer quelle joie j’éprouve à découvrir en eux toutes les caractéristiques d’un authentique talent”, poursuit-il cinq jours plus tard. Hergé parvient à attirer Paul Cuvelier vers la bande dessinée et l’intègre à la prestigieuse équipe qui prépare, durant l’été 1946, le lancement du Journal de Tintin.

On connaît la suite: la réussite magistrale de Corentin, une BD qui fait de Cuvelier un des illustrateurs parmi les grands. Puis les tortures du jeune auteur, partagé entre sa vocation d’artiste et les contraintes de son nouveau métier : « …La BD ne me permet pas d’être comblé dans mon plaisir de dessiner. Sa formule me gêne, les bulles, les cadres, le dessin ramené au trait dur, noir sur blanc, à l’encre de chine, la couleur mise après coup sur un autre papier, un format réduit…« .

illustration de Christophe Simon qui a repris en 2016 Corentin d’après un scénario de Jean Van Hamme : “Les Trois perles de Sa-Skya”

Toujours encouragé par Hergé, les premières aventures de Corentin paraissent au Lombard en 1950. C’est alors le début d’une aventure qui s’achèvera en 1974. De 1951 à 56, c’est une période où il peint et sculpte pour lui-même. Contraint de revenir à la bd pour survivre, il va créer, aux côtés de Corentin, de nouveaux héros : la jeune Line, l’intrépide Flamme d’Argent et le petit indien Wapi.

En 1968, les mentalités changent. Jean Van Hamme souhaite écrire son premier scénario pour Cuvelier. Tous deux vont créer une bd adulte érotique : les mésaventures d’une adolescente ingénue dans un cadre mythologique. Epoxy paraît dans les librairies françaises en mai 68 chez l’éditeur Éric Losfeld. 

© dada – Fondation Paul Cuvelier – tous droits réservés

Ensemble, ils vont signer deux nouveaux albums : « Le Prince des Sables » et « Le Royaume des Eaux Noires » pour lequel il obtient en 1974 le prix de la meilleure BD réaliste. Tout en continuant quelques séries en cours, il multiplie les recherches personnelles dans l’isolement et le plus complet dénuement. En 1973, il débute “Corentin et l’ogre rouge”, sur un scénario de Jacques Martin, qu’il abandonne au bout de quelques planches. il renonce à la BD en 1973 pour dessiner, peindre, pratiquer l’illustration érotique, sculpter le plâtre et aborder la gravure. Il s’éteint le 4 juillet 1978 à l’âge de 55 ans. Jusqu’à sa mort, Cuvelier se consacrera à ses passions, la peinture et la sculpture, dans l’isolement de son atelier.

 

Voici le contenu du Petit Vingtième du 13 novembre 1930

 

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8 commentaires


  1. Bonjour, quand vous faites un article sur Paul Cuvelier, veillez à ce que les dessins soient de lui. Les deux cases en noir et blanc plus haut sont de Christophe Simon. Cheers, Ph.Capart.

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    1. Merci pour l’info, je viens de faire la correction. Désolé mais je l’ignorais. Preuve en tout cas que le dessin de Christophe Simon est très proche de celui de Paul Cuvellier.

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      1. …ou une preuve de votre manque de discernement! Mercu pour la correction. Cordialement, PH.CAPART.

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        1. Petit commentaire acide en passant. Rassurez-vous j’ai depuis longtemps passé l’âge de m’émouvoir de ce genre de choses. Cordialement. Jean-Luc Rémy🙂

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          1. C’est vrai que mon commentaire était acide! (rire) De l’avoir posté est à votre honneur! Reste que trop souvent on confond des graphies qui me semblent à des (milliers de) kilomètres l’une de l’autre. Il y a encore un grand travail à faire pour valoriser Paul Cuvelier et la Fondation Paul Cuvelier s’y emploie (www.paulcuvelier.org). Très Cordialement, Ph.Capart.


          2. J’essayais justement, maladroitement semble-t-il, de populariser Paul Cuvelier😊


    1. Finalement je me fais à votre humour (« sans objectivité »). Merci pour l’info. Je regarde, ça l’air très bien fait. Bonne soirée

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