TCHANG ET… MITTERRAND ! L’OCCASION D’EN SAVOIR PLUS SUR TCHANG

 

Il s’agit d’une carte postale représentant une photographie réalisée par le photographe du Palais de l’Élysée le 10 août 1988. On y voit le Président François Mitterrand posant devant Tchang Tchong-Jen en train de réaliser le buste de l’hôte de l’Élysée après la réélection de ce dernier. A cette occasion, ont-ils parlé entre eux de Hergé ? En bas de la carte à gauche, la signature imprimée de F. Mitterrand C’est un amusant “collector”

EN SAVOIR PLUS SUR TCHANG

Rares sont les hommes qui ont connu deux existences parallèles : une existence de chair et d’os, en un siècle turbulent; une existence d’encre et de papier, au cœur d’une œuvre devenue pour nous, amoureux de Tintin, une mythologie moderne. Sans nul doute, Tchang Tchong-Jen est l’un d’eux.

Tchang dans les Aventures de Tintin

Dans l’œuvre d’Hergé, Tchang Tchong-Jen apparaît à la page 42 du « Lotus Bleu ». Tintin sauve la vie du jeune Chinois qui allait périr noyé dans le Yang Tsé-Kiang en crue… Orphelin, Tchang guide Tintin jusqu’à Hou Kou où il sauve notre héros de la bêtise policière des Dupond(t). De retour à Shanghaï, il contribue pour beaucoup à l’arrestation de Rastapopoulos et de sa bande de trafiquants. A la fin de l’aventure, Tchang est adopté par Monsieur Wang Jen-Ghié.

C’est dans « Tintin au Tibet » que les chemins de Tchang et de Tintin vont de nouveau se croiser. Le jeune Chinois disparaît dans l’Himalaya après la chute de l’avion qui l’emmenait à Katmandou. Persuadé que son ami n’est pas mort, Tintin part à sa recherche. A l’issue d’une belle mais éprouvante quête, notre héros retrouve Tchang dans une grotte où il a survécu grâce aux bons soins du Yéti. Rétabli, Tchang quitte le Tibet avec nos amis et les accompagne sans doute jusqu’en Europe où il avait le projet de s’établir, à Londres, chez un oncle antiquaire.

Tchang dans la “vraie” vie.

Le 1er mai 1934, Tchang Tchong-Jen, jeune étudiant aux Beaux-Arts de Bruxelles, rencontre Hergé pour la première fois. Le dessinateur, qui tient à se documenter sérieusement pour le « Lotus Bleu », a besoin d’un conseiller. Pétri de culture chinoise, Tchang lui permettra d’éviter le piège des idées reçues. Nés la même année (1907), les jeunes hommes sympathisent très vite. Pendant une année, inséparables, ils travailleront à la naissance de cet album décisif. En 1935, rappelé par sa famille, Tchang doit rentrer en Chine. A Shanghaï, il deviendra un sculpteur reconnu avant d’être brisé par la Révolution culturelle.

Des retrouvailles trop tardives…

Le 18 mars 1981, après de longues tractations avec les autorités chinoises, Tchang et Hergé se retrouvent enfin, à l’aéroport de Zaventem, près de Bruxelles. Ce jour-là, « l’arc-en-ciel » était dans tous les cœurs. Hergé, très affaibli par la maladie, mourra moins de deux ans plus tard. Il aura fallu six années de tractations administratives pour que Tchang et Hergé puissent à nouveau se revoir.

Dès le départ, les ennuis commencèrent. C’est qu’en Chine populaire, il n’était pas de bon ton de montrer des amitiés occidentales. Les deux albums que Hergé avait expédiés avaient été renvoyés en Belgique avec une mention « Importation interdite en Chine »

On avait soigneusement étudié le cas de monsieur Hergé, à la douane de Shanghai. Les honorables fonctionnaires tenaient le dessinateur pour un antirévolutionnaire « naturel », « instinctif », ce qui, tout compte fait, était peut-être moins dangereux que de l’être par réflexion ou par intérêt. On exigeait surtout de Tchang qu’il explique quel rôle, précisément, il avait joué dans la création du Lotus bleu. Les douaniers se demandaient bien pourquoi il n’avait pas signé cette histoire s’il y avait contribué. Tchang avait fourni quelques explications et on avait fini par lui remettre les deux précieux albums. En sortant de l’immeuble, le vieil homme avait déchiré l’emballage, sorti le Lotus, pour le feuilleter furieusement.

Finalement, il avait trouvé ce qu’il cherchait. On y avait rajouté des couleurs, et il était flambant neuf, cependant la trace de son pinceau y était restée intacte, et les mots qu’il avait écrits plus de quarante ans auparavant s’y trouvaient toujours ! Alors, en triomphant, il était revenu chez les douaniers pour leur brandir sous le nez, calligraphiée à maints endroits dans le livre, au détour d’une affiche ou d’un calicot anti-japonais, Sa signature : Tchang Tchong-Jen.

Puis ce furent les autorités qui refusèrent de le laisser sortir du pays. Grâce aux nombreux contacts d’Hergé, à l’infinie patience de celui-ci et, surtout, à l’aide et à l’obstination d’un journaliste belge, Gérard Valet, ce visa lui fut finalement accordé. Un peu tard. Hergé, atteint de leucémie, était déjà terriblement affaibli. Le 18 mars 1981, la Belgique assistait aux retrouvailles de deux vieux messieurs. L’atterrissage avait eu l’allure d’un événement national, avec reportage en direct à la radio et une foule de journalistes à l’aéroport. L’émotion était énorme. En larmes, les deux hommes étaient tombés dans les bras l’un de l’autre. Puis s’étaient éclipsés pour se raconter ces plus de quarante années de deux vies si différentes.

Deux ans plus tard, le père de Tintin s’éteignait.

Tchang fut invité par le gouvernement français à s’installer en France. Il devint un sculpteur renommé en occident. On fit appel à lui pour réaliser le buste de Mitterrand après sa réélection en 1988. Jacques Langlois, des « Amis de Hergé », témoigne : « C’est en 85 à la faveur d’un voyage de Mitterrand en Chine, que Régis Debray et Danièle Mitterrand ont rendu visite à Tchang chez lui et lui ont proposé de s’installer à Paris. Quelques mois plus tard, c’était chose faite et Jack Lang s’est occupé de lui procurer des travaux et des ressources : conférences au musée Guimet, puis commande du buste de Hergé pour Angoulême, … Tchang a travaillé aussi pour la communauté chinoise de Paris friande de se faire statufier. Sa renommée occidentale lui a même valu un retour en grâce à Pékin et il a pu réaliser un monument à Shanghaï, où vit encore son épouse et où il retournait chaque année quelques semaines. Bref, Tchang a vécu ces treize dernières années dans un agréable atelier d’artiste à Nogent sur Marne en banlieue Est de Paris« .

Tchang Tchong-Jen, est mort à l’âge de quatre-vingt-treize ans, le 8 octobre 1998 et repose au cimetière municipal de cette localité. Il avait obtenu quelques années avant un passeport français.

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