QUAND HERGÉ RENDAIT HOMMAGE A UN CÉLÈBRE PARFUM FÉMININ

L’aviez-vous remarqué ? Sur la coiffeuse de Bianca Castafiore, dans « Les Bijoux », Hergé a représenté un flacon de parfum célèbre et particulièrement reconnaissable. Il s’agit d’Arpège de Jeanne LANVIN.

UN GRAND PARFUM

Créé en 1927, Arpège reste à ce jour l’un des plus grands parfums féminins.

Magnifique bouquet floral composé de jasmin, de rose, d’ylang-ylang, de tubéreuse et de muguet, le tout réchauffé par les épices telles que le clou de girofle et la coriandre. Le fond est quant à lui boisé et vanillé. C’est la première fois qu’il y autant de santal dans un parfum féminin. En 1990, le parfum sera reformulé et remis au goût du jour tout en respectant scrupuleusement sa qualité.

UN SOMPTUEUX CADEAU POUR SA FILLE

Jeanne Lanvin voulut offrir le plus somptueux des cadeaux pour célébrer les 30 ans de sa fille Marie-Blanche : un parfum. Elle demanda à André Fraysse de lui créer un magnifique bouquet de fleurs. Elle choisit volontairement les essences les plus recherchées pour que ce cadeau soit « éternel ». Sur le flacon en forme de pomme, aux rondeurs symboliques de féminité, on retrouve l’image stylisée de Jeanne et de sa fille enfant.

EN SAVOIR PLUS SUR JEANNE LANVIN (1867 – 1946)

Jeanne Lanvin, lorsqu’elle lance Arpège, porte fièrement ses 60 printemps. Elle vient d’être décorée de la Légion d’honneur et déborde d’idées pour développer son affaire. Issue d’une famille modeste de onze enfants.

Elle a commencé à travailler à l’âge de 13 ans chez une chapelière de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Habile de ses dix doigts, elle s’installe ensuite à son compte comme modiste, attirant l’attention des clientes avec les petites tenues qu’elle confectionne pour sa fille et ses poupées.

De fil en aiguille, son échoppe de chapeaux et colifichets de la rue Boissy-d’Anglas s’agrandit et devient une véritable boutique de mode avec un département « Enfant », « Jeune Fille » et « Femme ». Elle s’intéresse aux hommes, parmi lesquels Edmond Rostand, François Mauriac et Paul Valéry, qui passent commande pour leurs costumes d’académicien.

En 1927, la maison Lanvin est alors florissante, employant 1 200 personnes (contre 300 aujourd’hui) réparties dans une vingtaine d’ateliers.

 C’est l’époque où elle développe tout un univers qui va de la mode à la décoration, en passant par la lingerie, la fourrure, les parfums, les vêtements de sport…

La prospérité de Lanvin est en phase avec celle de la France, qui connaît une des plus belles périodes de croissance de son histoire. Les blessures de la Grande Guerre sont presque cicatrisées et l’Europe déclare la guerre hors la loi. C’est le calme avant la tempête de 1929 et la montée du fascisme.

Jeanne Lanvin, quant à elle, est mue par l’amour pour sa fille Marguerite, qu’elle a élevée seule et qui l’inspire en tout. Alors, lorsque celle-ci fête ses 30 ans, la couturière décide de lui offrir une fragrance.

En découvrant les notes de ce bouquet chic et chaud de rose bulgare, de jasmin de Grasse, de chèvrefeuille et de muguet, enveloppé d’aldéhyde, sur un fond de tubéreuse, Marguerite, devenue Marie-Blanche (elle a changé de prénom en épousant le comte de Polignac), s’exclame :  « On dirait un arpège ».  La jeune pianiste vient de trouver le nom de ce jus composé par André Fraysse, jeune parfumeur prometteur de 25 ans.

Le flacon, lui, est confié à Armand-Albert Rateau, qui imagine la fameuse boule noire coiffée d’un bouchon à godrons doré. Le lien fusionnel entre la mère et la fille s’affiche dans le motif en or qui décore le flacon, dessiné par Paul Iribe à partir d’une photographie des deux femmes.

Portrait de Jeanne Lanvin à son bureau par Edouard Vuillard

Ainsi, au sujet d’Arpège, la romancière Louise de Vilmorin célèbre « un parfum musical qui murmure une chanson heureuse, un luxe raffiné, un miracle d’élégance ».

Quant à Colette, l’amie de Jeanne alors en villégiature à Saint-Tropez, elle le juge « d’une impeccable modernité ».

Jeanne Lanvin aime voyager en Italie et à aller au théâtre, à Paris, applaudir les pièces de son ami Sacha Guitry. Austère et secrète, bien que mondaine et très entourée, Jeanne Lanvin n’a pas le caractère exubérant et transgressif d’une Coco Chanel. Grande collectionneuse d’art (Picasso, Boudin, Degas, Renoir), elle ne s’émeut guère devant l’avant-garde du surréalisme.

 

 

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