TINTIN : BIOGRAPHIE (TRÈS ROMANCÉE) DU CINÉASTE CLAIRMONT

Si tous les Tintinophiles ne se souviennent pas de Monsieur Clairmont (le cinéaste de l’expédition Sanders-Hardmuth), personne n’a oublié son épouse la ravissante madame Clairmont. Certainement une des plus jolies femmes figurant dans les Aventures de Tintin.

Monsieur Clairmont, Jacques de son prénom, est né à Nantes le 30 mars 1905, dans une famille modeste (père docker, mort à Ypres, en 1917, mère blanchisseuse).

Paulette, la maman de Monsieur Clairmont
Alphonse le Papa de Monsieur Clairmont

Jacques Clairmont obtient le baccalauréat en 1923, mais arrête ses études universitaires en fin de première année (sa mère le voyait médecin), emporté par la passion de la photographie, déclenchée après un cadeau d’anniversaire, un Leica offert ingénument par son parrain.

son premier Leica

 

Obtenant difficilement quelques commandes, faisant une dizaine d’expositions régionales et travaillant essentiellement comme localier dans la presse régionale,

Jacques survit le temps nécessaire à parfaire son art et rencontre Jeanne Crépol, héritière des biscuiteries du même nom (« La crêpe, c’est Crépol »), avec laquelle il se marie en 1930, et dont les subsides lui permettront de continuer sans souci ses recherches artistiques.

En 1932, Jacques Clairmont part en Belgique pour photographier les lieux où son père, engagé volontaire dans le Génie, avait perdu la vie le jour de ses trente-deux ans. Et c’est à Gand qu’il rencontre le documentariste Henri Storck (Images d’Ostende, 1929, Une idylle à la plage, 1931, Sur les bords de la caméra, 1932), cinéaste venu du surréalisme et glissant peu à peu vers l’impressionnisme et le social.

Henri Storck

Jacques Clairmont devient son assistant sur Histoire du soldat inconnu, 1932, et surtout sur le célèbre Borinage, 1933, écrit par Joris Ivens, premier grand film belge engagé politiquement. À la suite de différends d’ordre privé, il rompt avec Henri Storck et se destine, pour ne pas profiter cyniquement des liens déjà établis par son maître, au cinéma ethnographique, travaillant avec la Société Royale d’Ornithologie et le Muséum des Sciences Naturelles de Bruxelles, où il rencontre et se lie d’amitié avec Bruce Hornet.

Le Professeur Hornet

Désormais résident bruxellois, il filme beaucoup, d’abord en Belgique (entre autres, les fameux Pascale et l’Ardenne, 1938, Le mystère de Saint-Bavon, 1939, Le boulet du quai, 1939), et, ensuite, dans le monde entier, en tant que collaborateur attitré de diverses expéditions scientifiques. Le perroquet vert à deux crêtes et touffes rouges sous les ailes, 1940, et La cosmogonie Macroqa, 1941, documentaires tirés de l’expédition «The Mizio & Bidoux Adventures & Exploration Works », sont alors considérés comme les prémisses annonçant l’arrivée du cinéma du réel et le travail « rouchien » du documentaire ethnologique.

On dit même que Jacques Clairmont fut approché par le jeune Claude Lévi-Strauss,

Claude Lévi-Strauss

préparant déjà son travail sur les indiens du périmètre amazonien, collaboration qui n’aboutit pas essentiellement parce que son ami Bruce Hornet l’avait engagé comme cinéaste de l’expédition Sanders-Hardmuth (1946-1948),

à laquelle il participa et dont il subit, comme ses six confrères, la fameuse malédiction.

Mais il en tira le célèbre docu-fiction La Borla, vie et mort d’une vacherie d’illusion, 1950 (Grand Prix des Festival de Brême et de Bielefeld, Prix de la Critique au Festival de Blankenberge, Prix du public à la Fête de la Blanche de Huy).

Affaibli par des crises de paludisme de plus en plus perturbantes, maladie sans doute contractée lors de ses expéditions au Congo Belge, où, pour l’Académie Royale de Géographie, il filme l’inventaire du réseau fluvial, il accepte, en 1965, le poste d’archiviste chargé du documentaire à la Cinémathèque Royale de Bruxelles. Il meurt d’une crise cardiaque, à Mons, en 1968. Entrée de la Cinémathèque Royale de Bruxelles.

Publication réalisée à partir du passionnant opuscule de Jean-Bernard Pouy qui présente des bibliographies tout ce qu’il y a de plus factices et qui sont d’une lecture jouissive 

MADAME CLAIRMONT : SANS DOUTE LA PLUS JOLIE FEMME DES AVENTURES DE TINTIN

 

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Un commentaire


  1. Je pense que l’appareil offert à Mr Clairmont par son parrain n’était pas un Leica: outre son prix, il n’était pas disponible à la vente
    « Les appareils photo de l’époque sont encombrants et difficilement transportables. En 1905, l’ingénieur en chef Oskar Barnack a l’idée de réduire la taille du négatif et d’obtenir des tirages par agrandissement7,3. À partir de 1913, il met au point le premier appareil utilisant le film 35 mm, format jusqu’alors utilisé uniquement par le cinéma, en le faisant défiler horizontalement pour obtenir ainsi un négatif de taille 24 × 36 mm7. C’est ainsi qu’apparaissent les « Ur-Leica », premiers prototypes dont deux exemplaires sont fabriqués l’un en 1913 et l’autre en 19148. L’un de ces appareils est toujours détenu par la marque, qui l’expose lors de présentations9, ou dans son musée ; le sort de l’autre est inconnu10. Ses formes sont déjà très proches de ce que seront les modèles suivants : un petit boîtier oblong, doté d’un obturateur à rideau, d’un objectif de 50 mm et d’un viseur de Galilée. L’obturateur a la particularité de n’être doté que d’un seul rideau, avec une fente de largeur réglable au milieu ; cela explique la présence d’un bouchon solidaire à l’objectif : il fallait le remettre devant l’objectif chaque fois que l’on réarmait l’obturateur sinon la pellicule aurait été exposée une seconde fois. Cet obturateur permet une vitesse allant du 1⁄500e au 1⁄30e de seconde environ.

    L’appareil de Barnack reste longtemps à l’état de prototype (31 Leica 0 seront fabriqués en 1923 et début 1924) avant d’être commercialisé en 1925 : c’est le Leica I, à objectif fixe12. Par la suite, la marque lance plusieurs modèles ; le Leica I modèle C (1930), premier 24×36 à trois objectifs interchangeables (monture à vis de 39 mm), le Leica II (1932), version télémétrique, et surtout son successeur, le Leica III (1933-1960), dont l’immense succès inspira de nombreux imitateurs de par le monde13. Grâce à leurs qualités, ces appareils peu encombrants, robustes, simples et permettant d’excellentes prises de vues avec une grande spontanéité, sont bientôt utilisés par des artistes comme Henri Cartier-Bresson qui fait du Leica son outil privilégié dès 1935, ou des photojournalistes comme Robert Capa, Gerda Taro, Elliott Erwitt, David Douglas Duncan, Marc Riboud, René Burri et de nombreux autres.

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