En avril 1950 sont fondés les Studios Hergé qui permettent à Hergé de s’entourer d’assistants et l’un des premiers employés fut Bob De Moor. Il commence en free-lance le 6 mars et sera engagé à plein temps en 1954, jusqu’à la liquidation des Studios en 1986.
Le rôle de Bob de Moor dans On a marché sur la Lune a été central : il se charge tout particulièrement des somptueux décors lunaires.
Sa première réalisation est l’illustration pleine page découvrant la fusée lunaire. Il ne lui a pas fallu moins d’un mois pour venir à bout de ce véritable piège à perspective et lignes de fuite !
Hergé fit d’ailleurs réaliser par Arthur Vannoeyen une maquette en matériaux composites pour servir de référence. Bob de Moor dispose ainsi d’un modèle pour que la fusée, et notamment sa structure interne, apparaisse de façon cohérente dans chaque case.
« …Je voulais que Bob de Moor au moment de la dessiner, sache exactement à quel endroit du véhicule spatial les personnages se trouvaient. Il était essentiel que chaque détail fût à sa place, que tout fût parfaitement au point… » expliquait Hergé.
Il ne faut pas sous-estimer la capacité de documentation d’Hergé. Le secret d’Hergé, qui n’est d’ailleurs plus guère un secret, est sa manie de la documentation et du travail préparatoire dont le but est, pour chaque album, de l’ancrer au maximum dans la réalité.
Avec On a marché sur la Lune, l’enjeu était d’autant plus grand. C’est pourquoi Hergé s’inspire et demande conseil, pour son histoire, à deux spécialistes sur voyage spatial,
– Bernard Heuvelmans
– et Alexandre Ananoff.
L’ouvrage de ce dernier, L’Astronautique, a servi de base scientifique à l’histoire, tandis que l’esthétique est en partie empruntée au film américain Destination…Moon qui, en 1950, s’appuie également sur les progrès de la science.
Pour renforcer la cohérence visuelle de son œuvre, Hergé utilise plusieurs moyens. La longue introduction que constitue, avant le départ, Objectif Lune, assure le sérieux de l’expédition en détaillant la démarche scientifique dirigée par Tournesol.
Hergé se sert de prototypes existant véritablement pour dessiner le matériel de la fusée et ne se détourne pas des connaissances sur l’aspect de l’espace et de Lune. Il fait réaliser une maquette détaillée de la fusée lunaire pour lui et ses collaborateurs, afin de suivre les déplacements des personnages lors de l’aventure lunaire. La préparation de cet épisode est sans doute la plus complexe jamais mise en œuvre par Hergé.