LA « CHAHADA » PRÉSENTE DANS L’OR NOIR. LE SAVIEZ-VOUS ?

Le Doyen de ce groupe, le Docteur Claude Garitte a envoyé une publication concernant Hergé et la profession de foi musulmane : la Chahada. Son attention a été attirée par une phrase publiée dans l’ouvrage de Louis Blin, Le Monde Arabe dans les Albums de Tintin. Ce dernier affirme, à la page 52, qu’une Chahada tronquée est reprise dans la page de titre de Tintin au pays de l’or noir. Claude a demandé conseil à son ami Syrien, auquel il fait appel pour les traductions des mots en Arabe dans les aventures de Tintin.

La page de titre de l’album

Ce dernier lui a bien confirmé que le cadre bleu est bien une répétition de la formule Lailah illa Allah qu’on peut traduire par il n’y a de Dieu qu’Allah. La Chahada est le premier des piliers de l’islam qui consiste à faire la confession de foi musulmane : Il n’y a pas de vraie divinité si ce n’est Allah et Mahomet est son messager. Ces mots valent profession de foi à l’islam. Puisque se convertir requiert seulement de réciter cette prière, la Chahada. Appelée aussi profession de foi, témoignage de foi ou encore attestation de foi, la Chahada est le témoignage qu’il n’y a pas d’autre Dieu hormis Allah qui est le Seul et l’Unique et que Mohamed est son dernier prophète envoyé à l’humanité. Elle illustre le monothéisme, important principe dans l’Islam.

LE RAPPORT AU MONDE ARABE CHEZ TINTIN

Je ne saurai que trop vous recommander l’ouvrage de Louis Blin :

 

LE MONDE ARABE DANS LES ALBUMS DE TINTIN – Louis Blin – Préface d’Henry Laurens, Professeur au Collège de France – prix : 20€ environ

Louis blin

Tintinophile multicarte (historien, ancien consul général de France à Alexandrie puis à Djeddah, engagé contre l’islamophobie) Louis Blin a récemment publié une seconde édition de son ouvrage Le Monde arabe dans les albums de Tintin (L’Harmattan).

Le monde arabe tient un rôle important dans les aventures de Tintin. C’est même le terrain de jeu préféré du héros, si l’on s’en tient au nombre de pages où il sert de décor à l’intrigue. Trois albums prennent place autour de la péninsule Arabique : Les Cigares du pharaon (1934), Tintin au pays de l’or noir (1950) et Coke en stock (1958). Un quatrième, Le Crabe aux pinces d’or (1941), se déroule en Afrique du Nord, notamment au Maroc, même si l’on y découvre des lieux qui n’ont jamais existé, comme ce port de Bagghar qui fait penser à la cité portuaire de Tanger.

L’Orient dessiné par Hergé semble vraisemblable, mais ne tient pas debout. Peut-être parce qu’il ne s’est jamais rendu personnellement dans la région et qu’il la croque en s’aidant de quelques photos et articles de presse. Ses villes, souvent inventées, sont parsemées d’éléments architecturaux génériques : minarets, ruelles pavées, portes en fer à cheval…

Un seul site est identique à l’original, la Khazneh de Pétra, en Jordanie, qui apparaît au détour d’une case dans Coke en stock. Au-delà, c’est le désert, au sens littéral du terme. Qu’il s’agisse du Sahara ou de la mer Rouge, Hergé décrit sans doute par commodité des contrées arabes marquées par le vide, l’infinité d’espaces blonds ou bleus. Pour dessiner ses Arabes, aux comportements totalement caricaturaux, il s’appuie également sur des photos. L’insupportable Abdallah, gosse qui mène la vie dure à Tintin jusque dans le château de Moulinsart, est le portrait craché de Fayçal II, devenu roi d’Irak à 3 ans. Son père, celui d’Ibn Séoud, le fondateur de l’Arabie saoudite.

Au fond, comme l’explique Louis Blin, l’Arabie de Tintin est un Orient fantasmé. « Il faut se rappeler dans quel contexte ont été réalisés les premiers albums. Hergé, comme beaucoup de ses contemporains, était fasciné par ces contrées exotiques. Le Proche-Orient et le Moyen-Orient étaient des terres d’aventure, notamment dans les années 1930. Le reporter Albert Londres, l’un des modèles utilisés pour Tintin, y réalisait de nombreux articles… Mais pour Hergé, qui n’y met jamais vraiment les pieds, même lorsqu’il voyage en Méditerranée, l’Orient reste une terre rêvée, intérieure. Quand ces territoires prennent leur indépendance et gagnent en réalité politique, ils cessent de l’intéresser. » Sans qu’on retrouve dans ces albums l’outrance quasi raciste de Tintin au Congo, on y relève un ton paternaliste, imprégné d’idéologie coloniale : hormis les Chinois, tous les non-Occidentaux sont inférieurs aux héros blancs, qui apportent la civilisation au monde.

Une langue mal maîtrisée

Comble de l’ironie, c’est pourtant Hergé qui fait preuve d’ignorance… ne serait-ce que par rapport à la langue arabe. « Pour rédiger Le Lotus bleu, l’auteur s’était adjoint les services d’un Chinois, rappelle Louis Blin. Il utilisait également les alphabets cyrillique et hébreu avec exactitude. Mais les premières éditions de ses albums parus dans la zone s’appuient sur une pseudo-écriture à base d’arabesques ! Ce n’est que dans les rééditions que de véritables caractères arabes sont introduits, et encore, souvent assez maladroitement.» Phrases tronquées, calligraphie maghrébine au Moyen-Orient, mots mal recopiés… Hergé le perfectionniste fait preuve d’un étonnant laisser-aller.

Pour Louis Blin, il n’est pas étonnant que les Européens aient du mal à voir la caricature qu’Hergé donne du monde arabe. « Critiquer Tintin, c’est se critiquer soi-même », note le spécialiste, qui voit dans cet impossible examen de conscience un refoulé colonial. « Et il serait difficile d’admettre que l’on ait élevé nos enfants avec une littérature pleine de préjugés. »

Pour voir la vidéo dans laquelle Louis Blin présente son livre, cliquez sur l’image ci-dessous : 
Cliquez sur l’image pour lancer la vidéo
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