L’Étoile Mystérieuse commence en prépublication dans “Le Soir” le lundi 21 octobre 1941 et se termine le 21 mai 1942. Ce récit est le premier à paraître intégralement sous forme de strips quotidiens. Il est réalisé dans le laps de temps le plus réduit (7 mois seulement suffiront à Hergé pour boucler son histoire).

LE TOUT PREMIER ALBUM EN COULEURS

L’Étoile Mystérieuse sera le tout premier album à paraître en couleurs (en décembre 1942) au nouveau format de 62 planches avec 4 strips par planche. Cette mise aux normes de 64 planches a posé quelques problèmes à Hergé. En effet, la prépublication avait donné naissance à 176 strips. Hors 176 strips ne donnent que 44 pages… ! (176 : 4)

Il a donc fallu envisager une importante adaptation au niveau des recadrages. La lecture comparée avec les strips parus dans “Le Soir” se révèle (pour ceux qui ont la chance de posséder les exemplaires du quotidien) des plus intéressantes.

UN ALBUM CONTROVERSÉ !

Le 15 mars 1942 Hergé hésitait pour le titre de l’album. Il écrivait à Charles Lesne, son interlocuteur chez Casterman :

“Que penses-tu de “L’Étoile Mystérieuse” ou de “ l’Aérolithe Mystérieux” ? Cela ne casse rien, n’est-ce pas ? N’aurais-tu pas par hasard rien de mieux à me proposer ?”. Finalement, sur les conseils de son interlocuteur, c’est “l’Étoile” qui fut choisie.

C’est alors que pour des raisons graphiques il souhaita mettre un étoile d’or dans le “O” du mot Étoile. Finalement les arguments “techniques” de Casterman lui firent renoncer à cette idée : cela obligeait l’éditeur à refaire un nouveau film lors de chaque traduction en langue étrangère.

Heureusement ! … Imaginons les réactions “politiquement correctes” qu’aurait suscité une “étoile jaune” en couverture de cette fameuse histoire qui est celle sur laquelle s’appuie les nombreux détracteurs de Hergé pour tenter de démontrer que Hergé était antisémite, quand il travaillait à l’époque pour “Le Soir”, certes, journal pour le moins germanophile.

Les mêmes détracteurs reprochent à Hergé le nom de l’antipathique banquier américain qui cherche à nuire à l’expédition de Tintin et du F.E.R.S. En effet, il porte le nom de “”Blumenstein”, et que c’est un patronyme juif.

Plus tard, quand l’album fut modifié en 1954, Hergé changea le nom en “Bohlwinkel”. Il pensait que c’était plus anodin puisque ça signifiait “boutique de bonbons” en patois bruxellois. Pas de chance… il appris par la suite que c’était aussi un véritable patronyme israélite ! Décidément !

On accusa aussi Hergé d’être… antiaméricain, comme c’était pendant la période de l’Occupation certains lui reprochèrent de soutenir ainsi les Allemands en critiquant les Américains  ! En effet dans les premières éditions couleurs, sur le canot du Peary flotte le drapeau américain. Il sera ensuite remplacé en 1954 par celui d’un état fictif : le Sao Rico.

UN PROBLÈME DE TITRE

Lors de la toute première édition, en décembre 1942, le titre était complètement absent de la page 1.

Charles Lesne dans courrier de janvier 1943 fit part à Hergé des réactions des lecteurs qui étaient surpris de ne pas voir de titre :

“Bon nombre de personnes s’imaginent, en ouvrant l’album, que la première page manque, car elles y cherchent vainement un titre… Qu’en penses-tu ?”

Non seulement Hergé approuve mais il se demande même comment il n’y a pas pensé ! Dès le mois de mars 1943 lors du deuxième tirage, le nom de l’aventure est introduit en haut de la page 1, dans une cartouche.

Pour les tirages suivants, Hergé modifia complètement la page pour donner enfin toute sa place au titre : Pour la page 1, nous avons décidé de couper de 4 ou 5 centimètres les trois dessins de la seconde rangée, de rapprocher alors de ces dessins les dessins de la première rangée, et, dans la place ainsi obtenue, au-dessus, de mettre le titre dessiné de la couverture. Ce sera beaucoup plus joli.