HERGÉ AVANT TINTIN : LE BLÉ QUI LEVE (1924)

Aujourd’hui, c’est presque exclusivement dans le domaine des publications diverses d’avant 1932, qu’on peut encore faire de surprenantes découvertes concernant des dessins et des illustrations de Hergé. On a longtemps cru que Hergé était passé directement du Boy-scout Belge aux illustrations pour le quotidien Le XXe Siècle.

La réalité est fort différente puisque Hergé collabora à diverses publications des mouvements d’Action Catholique.

C’est l’infatigable et acharné Stéphane Steeman, (le plus grand collectionneur au monde de l’œuvre de Hergé et qui fut Président de l’Association des Amis de Hergé jusqu’en 2009) qui découvrit, à la fin des années 1980 l’existence de la revue Le Blé qui lève et les nombreux dessins de Hergé qu’elle contenait.

Le Blé qui lève : le christianisme social…

La lecture, aujourd’hui, du Blé qui lève, loin du contexte idéologique de notre époque est assez surprenante.

On retrouve à chaque page l’ombre tutélaire de l’omniprésent Cardinal Mercier. En effet, issu du désir du christianisme social qui marque la pensée catholique à la fin du XIXé siècle, le mouvement d’action catholique belge s’était développé sous l’instigation du célèbre archevêque de Malines.

Voici en quels termes le courant de l’Action Catholique était défini à l’époque :

L’Action Catholique consiste en l’action apostolique des laïcs. Cette action est nécessaire pour plusieurs raisons : le nombre des prêtres est relativement petit; le nombre des propagandistes de l’erreur et du vice est relativement grand; l’influence du prêtre ne pénètre pas dans beaucoup de milieux”.

En clair, il s’agissait essentiellement pour l’Église d’accroître son influence dans des milieux quelque peu délaissés au cours des décennies précédentes, en proposant notamment des “solutions chrétiennes” aux problèmes quotidiens, essentiellement sur le plan professionnel et social.

Sur la couverture, figure le bandeau titre dont l’illustration et le lettrage ont été réalisés par Hergé en 1927.

Le dessin représente un jeune écolier, montrant sa foi et son respect, face à un calvaire situé devant un champ de blé. La signature de Hergé figure en bas à gauche du dessin. Il ne signe plus H, mais HERGÉ.

La Jeunesse Ouvrière Chrétienne (J.O.C) fut le premier mouvement à se développer. Sur son modèle se constituèrent ensuite d’autres groupements : la Jeunesse Agricole Chrétienne, la Jeunesse Étudiante Chrétienne, etc.

Le Blé qui lève est une publication plutôt austère (heureusement qu’il y a les quelques illustrations de Hergé). Le style y est particulièrement lyrique.

Exemples :

– “…Nous voulons amener au Christ-Roi non seulement les prodigues qui, au cours des siècles, l’ont abandonné, mais aussi les enfants de la nation déicide qui l’a crucifié et tous ceux qui sont égarés dans les ténèbres de l’idolâtrie et de l’islamisme…

–  “… Ne sommes-nous pas le calice, le vase d’élection, puisque nous n’avons qu’un souci : celui de porter Dieu en nous pour le distribuer aux autres… “.

La toute première contribution de Georges Remi au Blé qui lève a été la réalisation, en 1924, d’un bandeau titre pour la rubrique des sports :

Signalons qu’avec cette première publication dans Le Blé qui lève, Georges Remi, a, pour la première fois, cerné une image en l’enfermant dans un cadre. En l’entourant ainsi d’un trait noir continu, il a réalisé, en quelque sorte, sa première “case” !

Quelques illustrations de Hergé dans Le Blé qui Lève

AFL, en bas à droite signifie Atelier de la Fleur de Lys : l’AFL regroupait, vers 1924, des Scouts (catholiques) désireux de se perfectionner en dessin. Cet atelier semble n’avoir eu qu’une existence éphémère. Il devait probablement se réunir à l’école Saint-Boniface.

Partagez si ça vous a intéressé
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.