JOURNAL TINTIN : EN SAVOIR PLUS SUR JACQUES LAUDY

Jacques Laudy (1907 – 1993) est issu d’une famille d’artistes – son père, Jean Laudy, était peintre à la Cour de Belgique avant-guerre. Sa mère, elle, était peintre paysagiste et aquarelliste.

Laudy a un graphisme très personnel, sa ligne est nette et se caractérise par la simplicité qu’on retrouve chez Hergé. Les pastels de sa peinture créent un effet féerique. Il attachait beaucoup d’importance aux couleurs. À tel point que le jeu des lignes se retrouve au deuxième plan et que ses vignettes ressemblent à de petites peintures ; les pastels chauds et doux exercent un charme unique sur l’ensemble.

En 1946, lors du lancement du journal TINTIN, il fait partie de l’équipe avec Hergé, Cuvellier et Jacobs. Il y démarre une longue fresque narrative de plus de 60 planches :  « La légende des 4 Fils Aymon ». Il y publiera par la suite « Hassan et Kadour », « Rob Roy » et  » David Balfour » qui seront scénarisés par Jacques Van Melkebeke.

UN PERSONNAGE HORS DU COMMUN

Voici 2 anecdotes révélatrices de la personnalité de Jacques Laudy :

Amoureux de l’Écosse, c’est dès 1928 que Jacques Laudy se prend de passion pour les cornemuses, notamment celles des Highlands.

De la lumineuse Ecosse où il allait chaque année passer ses vacances, et particulièrement à Edimbourg, chez ses amis Glen et Ross, fabricants de cornemuses, Jacques Laudy avait rapporté une cornemuse (complète, authentique et en parfait état de marche) et un magnifique costume d’Highlander rehaussé d’argent et de pierreries. Il jouait de l’une et portait l’autre avec le même brio. Certains de ses amis ont conservés un souvenir émerveillé de certains récitals qu’il voulait bien leur donner.  Depuis, Laudy entreprit de fabriquer lui-même des cornemuses ; il a créé plus de 200 de ces instruments, dont quelques pièces sont conservées au Musée de Brest. Il était également restaurateur de cornemuses pour le musée des instruments de musique à Bruxelles

En 1940, Jacques Laudy réalise sa première cornemuse de type brueghelien (deux bourdons parallèles reposent sur l’épaule), elle fait partie des collections du MIM (Musée des instruments de musique à Bruxelles). Grâce aux conseils de son ami Polig Monjarret, l’un des fondateurs de la revue Ar Soner, il va aussi fabriquer des binious Koz (cornemuse bretonne). À la fin des années 1970, il cesse ses fabrications mais il continue de s’intéresser aux cornemuses et il va léguer une dizaine de cornemuses au Musée de Brest.

 En 1948, à l’occasion d’une petite fête organisée par l’équipe du journal Tintin à l’auberge du Chevalier (ce restaurant proche de Bruxelles, situé face à l’édifice moyenâgeux, fut le cadre des célèbres banquets annuels organisés par Raymond Leblanc et Hergé pour les Éditions du Lombard), Laudy avait revêtu sa somptueuse tenue. À sa descente de voiture, en pleine ville, il s’est formé autour de lui un attroupement considérable d’où fusaient des exclamations admiratives. Jamais, de mémoire d’homme, on n’avait vu un aussi bel Écossais ! Imperturbable et magnifique, sans se soucier des murmures dont il était entouré et tenant fermement sa cornemuse sous les bras, notre ami attendit que la police eut organisé le barrage, grâce auquel il put finalement atteindre le restaurant où se trouvaient ses amis.

Cette passion pour l’Ecosse se retrouvera plus tard dans  le journal Tintin quand il dessinera « Rob Roy » et « David Balfour », ainsi que dans une de ses dernières bandes dessinées, « La Mission du Major Redstone » (dans la série Hassan et Kadour). Une autre de ses passions, qu’il partageait avec Jacobs et van Melkebeke, était de collectionner les armes (armures, épées, piques, lances, armes à feu, casques…). C’est ainsi qu’ils se retrouvaient régulièrement chez les antiquaires du Sablon à Bruxelles

Une séance de pose bien particulière

Fanny et Hergé

Lors d’une de ses visites aux Studios Hergé dans la première moitié des années 50, Jacques Laudy avait été frappé par la beauté d’une jeune coloriste, Fanny Vlaminck (celle qui deviendra plus tard la deuxième épouse de Hergé).

La beauté classique et un peu intemporelle de la jeune fille lui était allée droit au cœur. Sans trop se faire prier, Fanny avait accepté de venir poser dans son atelier: Laudy aurait été bien incapable de faire du mal à une mouche. France Ferrari (une autre coloriste des Studios) qui avait déjà posé pour lui, avait rassuré sa collègue sur ce point. Mais elle ne lui avait parlé ni du fantôme ni de la cornemuse.

Quand il avait accueilli la jeune coloriste dans sa grande demeure familiale, au Tomberg, Jacques Laudy portait un kilt écossais qui ne mettait pas précisément en valeur sa grande carcasse longiligne.

Prévenue du goût immodéré de Jacques pour les légendes et les contes écossais, Fanny ne s’en était pas émue. La séance devait se tenir dans l’atelier du père, décédé quelque temps plus tôt. Une pièce à l’image de la maison: impressionnante et obscure. Un grand rideau de velours grenat coupait la salle mal chauffée et à son grand soulagement, Fanny avait pu poser sans enfiler de déguisement. II ne s’agissait que d’un portrait.

La pauvre France Ferrari, elle, lorsqu’elle était venue quelques semaines plus tôt, avait eu droit au drap de plaid et au bouclier celtique, une mise en scène dont -soit dit en passant – Laudy avait réussi à tirer un tableau d’une tristesse et d’une noirceur effarantes.

Au cours de la séance de pose de Fanny, on avait soudain entendu craquer le grand escalier de bois. « C’est le fantôme de mon père ! » avait remarqué distraitement le dessinateur. La posture de Fanny s’était un brin crispé. Sans marquer de temps d’arrêt devant la porte, le fantôme avait gagné le grenier et pendant quelques minutes, la jeune fille avait pu suivre sa promenade, pas à pas. 

Puis le calme était revenu, jusqu’au moment où Laudy, question de se détendre sans doute, avait empoigné une cornemuse et commencé un concert tonitruant sous l’œil ahuri de son modèle.

Une sonnerie de cloche l’avait interrompu. Songeant à une autre manifestation de l’au-delà, Fanny n’en menait plus très large, mais il ne s’agissait que de la mère de Jacques Laudy, laquelle était encore de ce monde, et signalait de la cuisine que la fanfare avait assez duré.

Jacques Laudy : le portrait vivant du Capitaine Francis Blake

En 1946, quand Edgar P. Jacobs créa Blake et Mortimer, il s’inspira de personnages bien vivants.

Mortimer, par exemple n’est autre que le premier rédacteur en chef du Journal Tintin, Jacques Van Melkebeke..

Blake, quant à lui, est la copie conforme du dessinateur Jacques Laudy.

Une couverture de Jacques Laudy

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3 commentaires


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    laudy.nexgate.ch

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  3. J’ai eu la chance, fin des années 40 d’être initié à la peinture et au dessin par Jacques Laudy. J’habitais avenue Slegers et je le rejoignais une fois par semaine dans la majestueuse maison familiale de la rue du Tomberg. Son atelier était situé au dernier étage et, après avoir évité Nana la chienne de Mme Laudy, cela m’obligeait à grimper les escalier et à côtoyer les armures qui m’impressionnaient beaucoup ; j’avais dans les dix ans à cette époque. Ma mère était très liée à l’épouse de Jean Laudy ce qui m’amenait à rencontrer de nombreux artistes et un personnage qui m’intéressait beaucoup, le « papa » de Tintin. En effet, Mr Remy était un habitué de la maison et il m’avait un jour promis de me présenter Tintin lorsqu’il ferait un passage à Bruxelles. Tintin ne s’est jamais joint à nous chez les Laudy, trop occupé par ses diverses aventures ! Par contre Monsieur Remy a toujours été d’une extrême gentillesse à mon égard et me prenait parfois sur ses genoux pendant qu’il me faisait un beau dessin en première page d’un de mes albums. J’en ai encore une vingtaine, tous dédicacés de façon originale et très personnelle. Belle époque, j’en garde un merveilleux souvenir !
    J’ai beaucoup regretté que cette magnifique propriété soit détruite alors qu’elle s’intégrait si harmonieusement dans l’ensemble architectural de la place St Lambert.

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