LA MUSIQUE DANS LES ALBUMS DE TINTIN : LE SCEPTRE D’OTTOKAR

La musique (la vraie) tient une grande place dans les aventures de Tintin. Ne serait-ce que par la présence plus ou moins supportable du Rossignol Milanais!

Hergé n’aura de cesse de faire vivre la musique à travers toutes ses histoires, s’inspirant parfois de la trame d’une œuvre pour composer son propre récit. Au fil des albums, le lecteur rencontre des airs et des mélodies parfois connus, parfois inconnus… Qu’est-ce qui a poussé Hergé à parsemer son œuvre de références musicales ?

D’une part, il avait dû subir tout au long de son enfance l’intérêt de ses parents pour l’art lyrique, de mauvais souvenirs dont il a voulu quelque peu se venger en ridiculisant l’opéra par la Castafiore.  « La Castafiore est un souvenir de jeunesse. Mes parents m’emmenaient régulièrement chez des amis qui avaient une fille, une belle personne comme on disait, qui chantait. Et cela me terrorisait ! C’est donc une petite vengeance… »

D’autre part, l’influence de son collaborateur Edgar Pierre Jacobs, ancien baryton qui deviendra l’auteur de Blake et Mortimer, y est sans doute aussi pour quelque chose.

Dans son numéro 457 de mars 1999, le magazine musical français Diapason publiait un passionnant dossier d’Ivan A. Alexandre intitulé « Tintin à l’opéra ». À partir de ce dossier, l’équipe de Diapason a conçu le disque Tintin et la musique, une heureuse initiative qui nous permet enfin de découvrir et écouter la musique qui habite les albums de Tintin.

En voici, sous forme de rubrique régulière, un aperçu, accompagné de courts extraits.

AUJOURD’HUI : LE SCEPTRE D’OTTOKAR

C’est dans Le Sceptre d’Ottokar qu’apparaît pour la première fois Bianca Castafiore (littéralement Blanche Chaste Fleur). La célèbre Diva se produit le soir même au Kursaal de Klow et gagne la capitale en voiture. Tintin a choisi de faire le voyage avec elle plutôt qu’avec le paysan syldave et sa charrette.

À cette occasion elle lui inflige son air préféré : celui des “Bijoux” du “Faust” de Gounod.

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EN SAVOIR PLUS SUR LE FAUST DE GOUNOD

Faust fut longtemps l’opéra le plus joué au monde, l’œuvre la plus emblématique du genre, malgré une genèse complexe qui s’étend sur plusieurs décennies et une partition qui connut de nombreux états divers avant de prendre sa forme définitive.

Gounod était fasciné par le chef-d’œuvre de Goethe depuis 1838. Il faut néanmoins attendre 1855, et sa rencontre avec Barbier et Carré, pour que le projet d’un Faust commence à se concrétiser, bien que différé à cause de plusieurs autres commandes dont certaines n’aboutiront jamais. Il fut finalement créé le 19 mars 1859 au Théâtre-Lyrique (dans sa forme opéra-comique). D’abord opéra-comique avec dialogues parlés et mélodrames en prose, Faust s’étoffe au fil des productions et, enrichi d’un ballet et de récitatifs chantés, l’œuvre devient un opéra à part entière pour sa (re-)création à l’Académie impériale de musique, dix ans après.

L’INTRIGUE

Dans l’Allemagne du Moyen-Âge, le Docteur Faust, vieux savant fatigué de la vie, songe à en finir une bonne fois pour toutes lorsque Méphistophélès, le Diable, lui apparaît en chair et en os : rusé, il fait signer à Faust un pacte qui lui garantit une nouvelle jeunesse en échange de son âme. Séduit par l’image de Marguerite, que Satan lui a fait apparaître pour le convaincre, Faust part sur le champ séduire la belle, qui offrira peu de résistance à ses riches cadeaux et à ses élans amoureux. Méphistophélès, bien sûr, ne manque pas de coller à ses pas et d’anticiper ses moindres désirs. Séduite et aussitôt abandonnée par Faust, Marguerite tue l’enfant qu’elle a eu de lui. Emprisonnée pour son crime, elle donnera sa propre vie pour sauver son âme. À sa mort, elle est accueillie au ciel tandis que son séducteur est damné.

LE MYTHE DE FAUST

Héros d’un conte populaire allemand du XVIe siècle, Faust est inspiré d’un personnage réel, docteur, astrologue, qui aurait étudié la magie à Cracovie. Mystérieux, soupçonné de sorcellerie, il serait mort vers 1539. Goethe publie la première version de son Faust en 1798. En revisitant Goethe, Gounod composa un hymne à l’orgueil et à la repentance. Ici le héros ne vend plus son âme à Méphisto en échange du savoir et du pouvoir, mais exige la jeunesse. Celle-là même qui lui permettra de séduire la douce Marguerite. Tous les ingrédients du grand opéra à la française trouvaient ici un écrin de rêve : un livret romantique, une succession de tableaux hauts en couleurs et une longue liste de « tubes », dont le célébrissime air des bijoux !

La musique de Faust est une malle aux trésors. Ses mélodies éblouissantes habillent la moindre scène et font de cette succession de tableaux haut en couleurs un festival de tubes – Air des bijoux, Chœur des soldats, etc. Ce n’est pour rien que Faust a établi la réputation de Charles Gounod et reste, avec Carmen, l’opéra français le plus joué au monde.

CHARLES GOUNOD

Compositeur romantique né le 17 juin 1818 à Paris et mort le 18 octobre 1893 à Saint-Cloud, Charles Gounod se consacre principalement à la musique vocale. Très attiré par la religion, il compose de nombreuses messes, cantates et autres œuvres sacrées parmi lesquelles le célèbre Ave Maria (1853). Il laisse également un catalogue important de mélodies et d’opéras dont le plus connu est Faust (1859) d’après Goethe.

Il a été fortement inspiré par la musique de Bach, Mozart, Beethoven et Mendelssohn, mais aussi par celle du compositeur italien du XVIe siècle Palestrina. Par son style épuré et élégant, Charles Gounod innove et donne un nouveau souffle à l’opéra français du XIXe siècle.

Les images extraites de l’œuvre de Hergé sont la propriété exclusive de MOULINSART SA. © Hergé-Moulinsart 2019.
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Un commentaire


  1. Merci ,oui merci de nous gratifier dans cette période de coupe du monde de foot ,qui fait suite à Rolland Garros et qui précède Wimbledon et le tour de France de la série La musique dans l’oeuvre de Tintin !…..Un peu de culture dans ce monde de brute !
    Je retiens particulièrement le magistral exposé qui nous présente une Carmen ,plus vraie que nature ;à ce sujet il me plait de présenter l’analyse faite par Michel del Castillo ,le plus Espagnol des académiciens ……………………Belge ! (encore et toujours la Belgique )
    _ » »On se trouve devant deux archétypes qui expriment une certaine vérité de l’Espagne telle que la reconquète l’a faite :les purs au delà de la frontière du Douro ,les impurs au delà du Tage ! Ce racisme noue la chaîne du destin…… Carmen et Don Jose s’aiment ,mais que vaut leur amour devant la fatalité des races ? Quand il composa sa musique ,Bizet n’avait jamais mis les pieds en Espagne ,il n’en avait pas moins saisi l’esprit de la tragédie Espagnole !…..On
    retrouvera ce mélange de beauté sauvage, de sensualité trouble dans la poésie de Lorca .
    Mdel Castillo dictionnaire amoureux de l’Espagne Plon 2005
    Encore merci !

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