LA MUSIQUE DANS LES ALBUMS DE TINTIN : LE CRABE AUX PINCES D’OR

La musique (la vraie) tient une grande place dans les aventures de Tintin. Ne serait-ce que par la présence plus ou moins supportable du Rossignol Milanais!

Hergé n’aura de cesse de faire vivre la musique à travers toutes ses histoires, s’inspirant parfois de la trame d’une œuvre pour composer son propre récit. Au fil des albums, le lecteur rencontre des airs et des mélodies parfois connus, parfois inconnus… Qu’est-ce qui a poussé Hergé à parsemer son œuvre de références musicales ?

D’une part, il avait dû subir tout au long de son enfance l’intérêt de ses parents pour l’art lyrique, de mauvais souvenirs dont il a voulu quelque peu se venger en ridiculisant l’opéra par la Castafiore.  « La Castafiore est un souvenir de jeunesse. Mes parents m’emmenaient régulièrement chez des amis qui avaient une fille, une belle personne comme on disait, qui chantait. Et cela me terrorisait ! C’est donc une petite vengeance… »

D’autre part, l’influence de son collaborateur Edgar Pierre Jacobs, ancien baryton qui deviendra l’auteur de Blake et Mortimer, y est sans doute aussi pour quelque chose.

Dans son numéro 457 de mars 1999, le magazine musical français Diapason publiait un passionnant dossier d’Ivan A. Alexandre intitulé « Tintin à l’opéra ». À partir de ce dossier, l’équipe de Diapason a conçu le disque Tintin et la musique, une heureuse initiative qui nous permet enfin de découvrir et écouter la musique qui habite les albums de Tintin.

En voici, sous forme de rubrique régulière, un aperçu, accompagné de courts extraits.

AUJOURD’HUI : LE CRABE AUX PINCES D’OR

Sous l’effet de l’ivresse causée par les vapeurs de vin, à la page 55 du Crabe aux pinces d’or, Tintin et Haddock se lancent dans un mini récital. Tintin entonne alors « L’Air de Jenny » tiré de l’opéra-comique La Dame Blanche d’Adrien Boieldieu, d’après l’œuvre de Walter Scott.

EN SAVOIR PLUS SUR LA DAME BLANCHE.

François-Adrien Boieldieu

La Dame blanche, créée en 1825, est l’opéra le plus célèbre de François-Adrien Boieldieu (1775-1834) dont le style musical et le sens théâtral influencèrent toute une génération de compositeurs français.

En août 1824 Rossini s’est installé à Paris où il s’est rapidement imposé sur la scène du Théâtre-Italien. Déterminé par la nécessité de réaffirmer son hégémonie face à cette nouvelle concurrence, Boieldieu se lance dans l’écriture de ce qui sera son dernier triomphe. Il reprend un projet initié avec le librettiste Eugène Scribe dès 1821. Ce dernier avait choisi de s’inspirer de deux romans à succès de Walter Scott.

Après une gestation assez laborieuse, Boieldieu achève sa partition en vingt-neuf jours seulement. Le compositeur met un point final à l’ouverture de son nouvel opéra la veille de la générale. La première déchaîne les enthousiasmes. Plus de cent représentations auront lieu dans l’année. Carl Maria von Weber n’hésite pas à déclarer: « C’est le charme, c’est l’esprit. Depuis ‘Les Noces de Figaro’ de Mozart on n’a pas écrit un opéra-comique de la valeur de celui-ci ».  La Dame blanche parcourt le monde entier et entre au répertoire du Metropolitan Opera de New-York en 1885. Elle finit par s’éclipser en 1926 après avoir connu 1 669 représentations à l’Opéra-Comique, ce qui constitue un véritable record.

Typique du style troubadour ou gothique qui ravissait le public de l’époque, La Dame blanche associe l’esprit léger et galant de l’opéra-comique français du XVIIIème siècle aux charmes de l’opéra romantique naissant. Les personnages et l’atmosphère sont écossais, mais l’inspiration reste très française. Wagner appréciait beaucoup cet opéra dans lequel il voyait : « un modèle de ce que le génie français a proprement tiré de soi-même ». Debussy avec une certaine malice parlait d’un « charmant opéra-comique, de vraie tradition française, à la faveur duquel se faisait et se défaisaient tant de mariages ». Quoi qu’il en soit, La Dame blanche constitue une vraie réussite basée sur un  harmonieux équilibre entre drame et musique.

Résumé

Le château familial des comtes d’Avenel est tombé en désuétude après la mystérieuse disparition de leur dernier descendant, Julien. On murmure que la vieille bâtisse est hantée par le fantôme d’une mystérieuse Dame blanche. L’ambitieux intendant Gaveston veut acquérir le château qui va être vendu en l’absence d’héritier quand survient un jeune officier, George Brown, dont les souvenirs semblent confus. Anna, une jeune fille recueillie autrefois par la dernière comtesse d’Avenel, reconnaît en George Brown un soldat qu’elle a soigné autrefois et dont elle est éprise. Déguisée en Dame blanche elle le pousse à se porter acquéreur du château et lui permet d’en régler le prix grâce à la fortune des Avenel dont elle connaissait la cachette. On finit par découvrir que George n’est autre que Julien, le fameux héritier disparu. Gaveston doit reconnaître sa défaite devant Anna qui a réussi à déjouer ses projets et à rendre fortune et château au dernier des Avenel. Anna peut épouser Julien qui a recouvré la mémoire.

 

Les images extraites de l’œuvre de Hergé sont la propriété exclusive de MOULINSART SA. © Hergé-Moulinsart 2019.
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2 commentaires


  1. La Dame Blanche est aussi représentative de la Restauration, quand les émigrés de retour après les ères révolutionnaires et napoléoniennes, ont cherché à récupérer les biens dont ils avaient été spoliés sous la Révolution.

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