En 1968, Pierre Fresnaut-Deruelle qui fut longtemps le seul à s’intéresser à la bande dessinée au sein de l’université française avait posé la question à Hergé. Ce dernier, toujours aussi aimable s’était fendu d’une lettre pour lui répondre :
Pierre Fresnaut-Deruelle est bien connu des Tintinophiles. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le neuvième art ainsi que sur la peinture et d’autres catégories d’images fixes (affiches célèbres).
Parmi ses ouvrages consacré à Hergé, citons :
- Hergéologie : Cohérence et cohésion du récit en images dans les aventures de Tintin
- Les rêves de Tintin
- Hergé ou le secret de l’image : Essai sur l’univers graphique de Tintin
- Les mystères du Lotus Bleu
- Hergé ou la profondeur des images plates
Lors d’une rencontre avec Thierry Groensteen en 2017, Pierre Fresnault-Deruelle évoquait sa passion pour Hergé :
« Comme tous les gamins, vers huit, dix ans. Je me suis retrouvé à l’hôpital et ma mère m’a apporté Tintin en Amérique. Plus tard je me suis mis à lire l’hebdomadaire Tintin tous les jeudis. Mes copains n’étaient pas de la même « paroisse » (ils n’allaient d’ailleurs pas à la messe !), ils achetaient Spirou. Mais, pas sectaires, nous nous échangions nos albums.
J’ai été hypnotisé par le graphisme bien plus que par les histoires. Je suis plus un homme de l’image que du récit. Spirou m’a toujours amusé, mais je ne rêve pas sur Spirou, même si certains épisodes de Franquin sont des sommets d’excellence. Encore aujourd’hui, je peux, en marchant, rêver sur une vignette d’Hergé. En allant faire les courses, je peux me dire : tiens, si j’avais 3500 signes à écrire sur une case, laquelle choisirais-je ? Et j’en trouve toujours. Je me constitue mentalement des stocks de textes à écrire. Rentré chez moi, je me mets à mon ordinateur…
L’album que je préfère est Les 7 Boules de cristal. Tant du point de vue graphique que du point de vue de l’articulation narrative. Il y a, pour moi, une rencontre exceptionnelle entre le découpage, les couleurs, la tension extraordinaire dans la villa de Bergamotte, que je n’ai jamais retrouvée ailleurs.
J’ai rencontré Hergé quelques fois, notamment à la fête donnée pour ses cinquante ans de « travaux fort gais ». Nous avions causé un peu ce soir-là. Il était l’affabilité même, mais quant à décrocher des réponses précises…. Vers 1975, j’ai eu la témérité de lui demander si je pouvais voir une esquisse, un brouillon de sa main, et il m’a offert trois planches crayonnées ! La planche de l’arrivée à Petra dans Coke en stock, une planche du Tibet et une planche des Bijoux. J’ai dû m’en séparer par la suite. J’en ai vendu deux à de jeunes banquiers belges qui venaient comme des espions, à la gare du Nord, avec des enveloppes pleines de biftons, et la troisième dans une vente chez Tajan. Même si les prix ont considérablement grimpé depuis, ces planches nous ont aidés, Anne et moi, à acheter nos premiers ordinateurs, une bibliothèque, une 2 CV, etc. »
Notre ami Pierre Rubens s’est livré à une minutieuse recherche sur les « vrais Haddocks » dans l’histoire maritime. Pour lire son étude, cliquez sur l’image ci-dessous :
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