Ce personnage qui apparaît tardivement dans les Aventures de Tintin, fait une entrée éclatante (son nom et son prénom sont d’ailleurs synonymes de “lumière”) au début de “L’Affaire Tournesol”, lors d’une formidable nuit d’orage.. Hergé voyait en lui un “Belgicain”, c’est à dire le Belge dans tous ses excès. En créant ce personnage, sans doute a-t-il souhaité faire la synthèse de tous les casse-pieds.
Séraphin Lampion n’a rien d’un ange. C’est tout simplement un homme d’une trempe particulière, celle qui de jeux de mots patauds en plates vérités, se vautre dans l’autosuffisance triomphante. Il a de l’assurance à revendre, des contrats à placer et des forteresses à conquérir ! Sa cible favorite est d’ailleurs le château de Moulinsart.
Hergé nous le décrit de façon parfaitement reconnaissable. Il en existe des milliers d’exemplaires dans le monde entier, que chacun de nous a pu déjà rencontrer. Séraphin, c’est l’importun dans toute sa splendeur, l’archétype du parasite. Il est plein de certitudes, vaniteux, imbu de lui-même, pérorant sans cesse et pontifiant sur tout et n’importe quoi tout en alignant les expressions toutes faites : “C’est plus fort que de jouer au bouchon”. Sans parler des blagues de “son oncle Anatole”…
Comme tant de fanfarons, Lampion se double d’un poltron. Décontenancé par l’éclatement sans raison apparente de son verre de whisky, il prend prétexte de la fin de l’orage pour enfiler son veston et son manteau et quitter les lieux. Tintin et Haddock le retrouvent ensuite tapi dans les buissons du parc du château, affirmant qu’on a tenté de l’assassiner. Á la fin de l’histoire, à la simple évocation de la scarlatine par le professeur Tournesol, il plie bagages et quitte précipitamment Moulinsart avec son horrible famille.
Ce courtier en assurances à une activité sociale débordante puisqu’il est à la fois le Président du “Volant Club” (qui envahit les pelouses de Moulinsart)
et le responsable de la troupe des “Joyeux Turlurons”, le groupe de fêtards qui participe bruyamment au carnaval dans “Tintin et les Picaros”, sans parler de son hobby de radio-amateur.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Lors de ses entretiens avec Numa Sadoul, Hergé raconte : » C’est dans le passé que j’ai puisé le modèle de Lampion. Pendant la guerre, alors que j’habitais Boitsfort, je reçois la visite d’un brave homme qui venait me vendre je ne sais plus quoi, qui s’assied et qui me dit, en me désignant mon fauteuil : Mais asseyez-vous donc! ». L’importun dans toute sa splendeur ! Hergé avait également remarqué que l’une des caractéristiques du Bruxellois ou de ce qu’il appelait le Belgicain était le » fait qu’il porte, en même temps, une ceinture et des bretelles « , une double sécurité fort convenable pour un placier en assurances !
En marge des planches de “L’Affaire Tournesol”, Hergé avait dressé une liste de noms possibles pour le célèbre assureur de la compagnie Mondass : Vermoute, Rigodon, Tringlot, Gudule, Babut, Manchon, Piton, etc… Finalement, après les avoir tous écartés (dont “Crampon” qu’il trouvait trop explicite), il opta pour Lampion.
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Permaliens
Bonjour,
Je trouve très réducteur le portrait que vous avez réalisé de Séraphin Lampion. J’ai rédigé une analyse visant à réhabiliter ce personnage presqu’unanimement décrié, en montrant que, face à l’individualisme de la plupart des héros de Tintin, il est le seul à participer à une vie associative – son heure de gloire survenant lors de l’épisode de « Tintin et les Picaros ».
Si vous le souhaitez, je peux vous faire parvenir mon analyse, d’une douzaine de pages.
Cordialement,
Jean-Marie Pierlot
Permaliens
Je prends contact avec vous par mail pour une juste et digne réhabilitation de notre cher Séraphin