Mettre les pieds sur la table n’est pas un signe de bonne éducation, loin de là. C’est sans doute ce qu’a dû se dire Hergé au moment de finaliser cette case de la première page de Tintin au Tibet.

Initialement, on voyait le Capitaine lisant le journal, calé confortablement sur sa chaise et mettant ses jambes à l’horizontale et par conséquent ses pieds sur la table.

Mais Hergé a vite corrigé cette « erreur » (sans doute pour ne pas donner un mauvais exemple aux jeunes lecteurs) dès la parution dans le Journal Tintin, lors de la prépublication de l’aventure, comme on le constate ci-dessous :

IMPORTANT : Cette judicieuse remarque d’un grand Ami Tintinophile portugais qui dédouane Hergé et…. les bonnes manières du Capitaine :

La pratique consistant à conserver ses chaussures et à placer ostensiblement ses pieds sur son bureau n’a pas disparu. ((Le Président Obama affectionnait particulièrement cette position).

Au contraire, elle semble même renforcée dans sa fonction symbolique. Pour autant, si cette pratique s’affirme comme la manifestation de l’impunité et de la surpuissance, elle peut s’avérer décrédibilisante pour peu que l’on néglige une donnée technique importante. Si les candidats aux entretiens d’embauche s’entendent répéter que les recruteurs les jugeront aussi à l’aspect de leurs chaussures, les chefs ne devraient jamais oublier qu’ils peuvent être, eux, jugés sur la qualité de leurs semelles. Ainsi, la stature de Barack Obama en prit un coup lorsqu’une photo de lui, les pieds sur le bureau, dévoilait au monde des semelles ornées d’un trou de la taille d’une pièce de deux euros.

Afin d’éviter un tel revers, il convient aux patrons et aux patronnes de surveiller leurs semelles, en commençant par slalomer soigneusement, sur les trottoirs, entre chewing-gums et déchets canins. Une fois ce défi relevé, il est recommandé aux femmes de ne pas pousser trop loin la provocation, et d’éviter d’exhiber des semelles rouges Louboutin ou des semelles ornées des logos de maison de luxe (ceux-ci peuvent généralement être facilement grattés avec un petit couteau).

Il est souhaitable que les hommes portent, eux, des chaussures à semelle cuir. Pour un supplément de style, la semelle peut même se cirer avec le même produit que le chaussant, comme le faisait le très chic réalisateur Vittorio De Sica. En cas de difficulté, suggérons aux patrons et aux patronnes d’exiger du Medef le financement de formations « grattage de logo » et « cirage de semelle ». Après tout, c’est l’image du patronat français qui est en jeu.