UN PHILOSOPHE SUR LES TRACES DU YETI : CATALOGUE DE L’EXPOSITION « AU TIBET AVEC TINTIN » (1994)

Catalogue de l’Exposition qui s’est tenue du 9 juin au 14 août au Musée Royal d’Art et d’Histoire à Bruxelles

Album broché – Édité par la Fondation Hergé et Casterman. Format 22 x 23 cm, 192 pages, plus de 50 illustrations couleurs et noir & blanc. Textes de Michel Serres et de Benoît Peeters, Pierre Sterckx, Pierre Antoine Donnet, Pascal Dollfus.

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C’est en 1994 qu’est sorti ce catalogue d’exposition, au moment où la Fondation Hergé a décidé de consacrer une grande exposition au thème : Au Tibet avec Tintin. Il faut dire que si Hergé avait consacré un album aux aventures de son personnage Tintin à la fin des années cinquante, l’histoire plus récente avait donné un éclairage particulier à cette terre des grandes hauteurs : le 5 mars 1989, la capitale Lhassa se retrouvait en feu et en pleine guerre civile (si on considère que les Tibétains sont des Chinois) ; le 10 décembre 1989, le quatorzième Dalaï-Lama recevait le prix Nobel de la Paix ; en 1992, Amnesty International dénonçait la poursuite de la répression chinoise au Tibet.

L’ouvrage de présentation de l’exposition présente une introduction de Fanny Rodwell, la seconde épouse de Hergé qui donne le ton et surtout ce que représentait le Tibet pour Hergé. Elle termine sa petite préface par ces mots : En hommage à Hergé et au peuple tibétain. Oui, c’est bien le peuple tibétain qui est au cœur de cette parution et qui portait l’exposition entière. Les dessins de Hergé provenant de Tintin au Tibet, album préféré de l’auteur selon sa femme, ne sont là que pour accompagner des textes et des réflexions beaucoup plus fortes.

Ne sous-estimons pas le regard de Hergé sur le Tibet car il était très attaché à ce pays et surtout à ses habitants. Le bouddhisme était pour lui une bonne solution pour pouvoir vivre, s’accepter… Ce n’est pas étonnant de voir cet album arriver au moment où prend fin sa psychanalyse, c’est à dire le moment où il change de vie. Les albums deviendront plus rares, il change d’épouse, se consacre plus à la peinture, la sienne et celle des autres, cherche à retrouver son ami Tchang, à découvrir les véritables valeurs de la vie…

Michel Serres et Benoît Peeters nous montrent avec beaucoup de finesse que cet album Tintin au Tibet n’est pas un simple voyage mais bien un retour sur soi de l’auteur et qu’il a donc une puissance humaine incomparable avec celle des autres épisodes dont certains peuvent être lus comme de simples voyages (Congo, Amérique, Oreille cassée).

Toutes les photos de l’exposition sur le Tibet et ses habitants sont là pour présenter le Tibet comme autre chose qu’un mythe ou un musée. C’est un pays vivant avec des femmes et des hommes qui ne cherchent qu’à vivre, à trouver, eux-aussi, comme Hergé en son temps, le bonheur…

Rencontre, à l’époque, avec Michel Serres :

Une rencontre avec Michel Serres ne se refuse jamais. D’un charme irrésistible, l’homme a les yeux gourmands, pétillants d’ironie, d’un adepte du gai savoir. Passionné de connaître et d’établir de subtiles connexions entre les connaissances, artisan d’un nouvel esprit scientifique, c’est une sorte d’Hermès incarné qui voue depuis toujours un culte fervent à Hergé et à ses créatures. On ne s’étonne guère de le croiser aux musées royaux d’Art et d’Histoire. Il est en train d’y savourer l’exposition Au Tibet avec Tintin dont il nous dit apprécier le tour de force: l’équilibre entre la reconstitution ethnologique – un petit côté Musée des Traditions populaires -, le voyage dans l’imaginaire d’un auteur de génie et la dénonciation des crimes commis contre le peuple tibétain.

Rendez-vous compte, insiste-t-il, que c’est l’année même où Hergé entama son album, en 1959, qu’éclata la rébellion populaire contre l’occupant chinois! Voilà une coïncidence extraordinaire. Avec Tintin, on a tout le temps ce genre de hasard objectif. Ce n’est pas pour rien que le journal Libération, décidé à lui rendre hommage au lendemain de sa mort, a pu se servir de ses aventures pour illustrer l’actualité du jour. L’œuvre de Hergé, c’est et ce sera toujours une œuvre miroir qu’on dévore à tout âge, parce qu’on y repère sans arrêt des choses nouvelles. Je communique avec mes petits-enfants grâce à Tintin. De quel auteur, je vous le demande, dont les débuts remontent à 1935, peut-on dire qu’il n’a cessé de gagner des lecteurs dans toutes les couches de la population mondiale?

À quoi attribuer cette mystérieuse longévité? En premier lieu à la personnalité même du petit reporter. Tintin, c’est le joker, la carte qui a toutes les valeurs, un corps blanc, transparent et d’une infinie rondeur. D’où la possibilité qu’il offre à chacun de s’identifier à lui. Tintin, c’est vous, c’est moi, c’est ma petite-fille. Ajoutez à cela la profession qu’il exerce et qui est emblématique de notre monde: celle du reporter, autrement dit du porteur de messages. Oui, Tintin, c’est un ange, un annonciateur, comme son créateur qui n’a jamais eu son pareil pour nous faire connaître les cultures les plus diverses. Milou aussi, bien sûr, appartient à la cohorte angélique. Sous l’influence de son démon intérieur, il lui arrive, dans Tintin au Tibet précisément, de laisser s’envoler le SOS rédigé par son maître!

Avec Tintin, Michel Serres a noué très tôt des liens d’amour, des liens initiatiques.

Je suis né en 1930 et je devais avoir huit ou dix ans quand je me suis plongé pour la première fois dans les albums d’Hergé. Depuis, je ne les ai plus quittés. Lorsqu’enfin j’ai eu le bonheur de lui serrer la main, j’ai dit au père du petit reporter: Vous avez réjoui ma jeunesse! Par la suite, je n’ai pas hésité une seconde quand on m’a demandé de devenir vice-président de la Fondation Hergé. C’était la meilleure façon pour moi de saluer un pédagogue hors de pair qui, pareil à Jules Verne, avait parfaitement compris qu’on ne doit pas enseigner tel ou tel détail aux enfants mais leur donner tout un monde à déchiffrer. Hergé m’a donné un monde, il m’a mis au monde.

Michel Serres a écrit pour le catalogue de l’exposition l’un des plus beaux textes qui soient, magistral décryptage d’une œuvre où se dit la bonté de l’abominable.

Tant de cases me fascinent dans ce chef-d’œuvre! Prenez celle où l’on voit le yéti déclencher accidentellement le fonctionnement d’un flash. À son propos, on peut vraiment parler d’une intuition lumineuse: Hergé a parfaitement décrit notre meilleur des mondes possibles, avec ses voyeurs nantis qui raffolent de voir la misère à travers la lucarne télévisuelle ou l’objectif des photographes de presse, et ses exclus, ses pauvres, ses «abominables» doués de bonté mais chassés par les éclairs éblouissants de nos médias simplificateurs. Relire «Tintin au Tibet» m’a fait comprendre des tas de choses. On n’attaque que les gens que l’on considère comme absolument mauvais. Si l’on admettait enfin que celui qui est laid, noir, marginal, peut être aussi le meilleur et qu’à ce titre il a le droit de rentrer à la maison, il n’y aurait plus de guerre sur la terre.

 

 

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