HOMMAGE A UN AMI : LE SOLDAT INCONNU DE LA BD BELGE

Un modeste hommage à l’imagination fertile, à la puissance de travail et à la documentation sans faille de ce travailleur acharné de l’ombre et de la lumière…que fut notre cher ami Yves Duval, (avec lequel nous avons beaucoup correspondu) sans doute le plus prolifique scénariste belge de bande dessinée.

Né à Etterbeek en 1934, Yves Duval, à l’âge de quinze ans débute professionnellement dans le monde de la bande dessinée en proposant « Ils l’appelaient Alcibiade », sa première nouvelle, à l’hebdomadaire Tintin (elle sera publiée dans le n°16 du 20 avril 1950 et illustrée par Raymond Reding)

Liliane et Fred Funcken illustrent en 1953 ses premiers récits pour la bande dessinée. Ce sont de courts récits de quatre pages, le premier étant L’Héroïque défense de Pé-Tang paru dans le Tintin no 23 de juin 1953 avec les honneurs de la couverture, inspiré d’un fait authentique de 1900 ; le deuxième est « Casaque verte et toque cerise », dans le cadre des courses hippiques américaines ; le troisième est « Sans peur et sans reproche », une courte biographie du chevalier Bayard.

Les Funcken découvrent ensuite avec surprise l’âge d’Yves Duval, le « benjamin des scénaristes ». C’est le début d’une collaboration de cinquante ans.

Il produira dès lors plus de 1.500 courtes « Histoires authentiques » qui, de Funcken à Delaby, en passant par Graton, Aidans, Sidney, Franz, Denayer, Hermann, Vance, Coria, Ferry… révèleront bon nombre de grands noms du 9e Art. Il créera en outre plusieurs séries à succès dont «Rataplan» pour Berck (1961), «Les Franval» pour Aidans (1963) et «Howard Flynn» pour Vance (1964)… Journaliste, cinéaste et conférencier, il bouclera par ailleurs plusieurs tours du monde. Il en ramènera des reportages ainsi que des films documentaires qu’il commentera pour le public de «Connaissance du Monde». Il est également l’auteur de guides touristiques, d’ouvrages historiques et de shows humoristiques pour le théâtre et la télévision. Ce qui caractérise essentiellement l’impressionnante production scénaristique d’Yves Duval, c’est la variété des sujets et des genres, la vivacité du rythme de narration, une prenante lisibilité et la rigueur de la documentation.

Portrait de Hergé par Yves Duval

Peu de documents permettent de se pencher sérieusement sur la prolifique carrière du scénariste belge Yves Duval (21 mars 1934-22 mai 2009), et même sa pourtant très intéressante et passionnante biographie (« 55 ans dans les bulles »), publiée fin 2007 aux éditions Hibou, manque cruellement d’une chronologie précise ; l’ouvrage évoquant, surtout, avec émotion et dans un style très enlevé, les relations qu’eut ce stakhanoviste du scénario avec ses collaborateurs, dessinateurs et amis : dont Hergé, qu’il eut la chance de fréquenter, régulièrement, dès sa tendre jeunesse. Par ailleurs, ce livre plein de souvenirs et d’anecdotes nous permet de constater à quel point la vie de cet homme qui fut aussi comédien, journaliste, dessinateur, photographe, auteur dramatique et de guides touristiques, grand voyageur et conférencier (notamment pour des cycles de conférences organisées par « Exploration du monde »), a été riche en rencontres.

Précisons que Le Lombard ne faisait guère cas de notre pauvre scénariste :

« Vous savez, je suis sans doute le scénariste qui a écrit le plus de « pages » dans l’histoire du journal Tintin, en 41 ans de collaboration avec les éditions du Lombard… Or, pour le numéro spécial de Hello Bédé paru pour leurs 45 ans, avec rétrospective et tout et tout : pas un mot sur mes scénarios… Á part, en parlant de Vance, la mention de la création de « Howard Flynn » (sans préciser mon nom alors que c’est moi qui ai trouvé le personnage et son patronyme…). D’abord, j’ai eu un petit coup de sang, vite passé, puis un grand éclat de rire… C’est une fameuse leçon d’humilité, après tout ! Et c’est très bien ainsi ! »

C’était un scénariste et un journaliste discret, toujours sur la brèche, un de ces soutiers indispensables dans la vie d’un journal. Il a posé son crayon le vendredi 22 mai 2009 à l’âge de 75 ans.  Il excellait dans les travaux de commande : on lui doit une histoire du stade de football d’Anderlecht, une histoire du Tour de France, une biographie d’Eddy Merckx, etc.

MERCI POUR TOUT YVES…

 

 

 

 

 

 

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