TINTIN : HERGÉ APPRÉCIAIT LES CONCIERGES

Même si on en compte que 5, les concierges du monde de Tintin font partie du décor de l’avant-guerre et de la guerre. Mais au lendemain de la Libération, elles disparaissent…. Normal, pour les fréquenter, il convenait impérativement de vivre en appartement. Ce fut le cas jusqu’à ce que le capitaine Haddock devienne l’heureux propriétaire du château de Moulinsart. Les concierges en ont fait les frais. Chassées à coups de plumeau et remplacées par Nestor, elles se sont volatilisées au lendemain du Secret de La Licorne.

Plus d’appartement…plus de loge ni de concierge. Ainsi, après L’Or noir, dont le prologue remonte à l’avant-guerre, l’appartement de Tintin ne sera plus jamais représenté. Dommage, car elles étaient fort sympathiques ces braves dames.

Mesdames! Vous n’étiez pas bien nombreuses mais vous teniez honorablement votre place, silhouettes familières de pas de portes et de cuisines entrouvertes! Indifférentes aux modes, les vestiges de votre coquetterie se limitaient à votre balai, à une veste sans forme et, souvent, un minuscule chignon. Aucune d’entre vous ne fut désagréable ni ne semble avoir correspondu aux ragots qui ont couru sur l’épouvantable « bignolle » que les boulevardiers se sont plu méchamment à répandre afin de vous discréditer. Tout au contraire, Hergé vous aimait bien, (la preuve, elles sont aussi nombreuses dans Les Aventures de Jo, Zette et Jocko ou les gags de Quick et Flupke) pour faire de vous d’aimables Pauline Carton, maternelles et attentionnées.  

Adieu donc Ernestine. Adieu madame Pinson ! Adieu madame Pirotte!

ERNESTINE

La toute première concierge. Elle apparaît dans l’Oreille Cassée. C’est la concierge du Professeur Euclide vis-à-vis duquel elle se montre particulièrement attentionnée et soucieuse de sa santé.

LA CONCIERGE DU SCULPTEUR BALTHAZAR

Toujours dans l’Oreille Cassée, une autre concierge. Mais on ignore son nom.

MADAME PINSON

« LA » Concierge de Tintin au 26, rue du Labrador. Elle apparaît furtivement dans différents albums. D’abord dans Le Sceptre d’Ottokar, où elle réceptionne un colis piégé, destiné à Tintin mais finalement ouvert par les Dupondt. Puis, elle assiste, impuissante, à l’enlèvement de Benji Kuraki dans Le Crabe aux pinces d’or. Enfin, elle assiste de nouveau, sans s’en rendre compte, à un enlèvement dans Le Secret de la Licorne : celui de Tintin.

MADAME PIROTTE

Nous faisons sa connaissance dans Le Sceptre d’Ottokar. Elle est concierge au 24, rue du Vol-à-Voile, où habite le Professeur Nestor Halambique. Ce dernier, qui est très myope, confond Tintin, venu rapporter sa serviette, avec elle.

LA CONCIERGE DU CAPITAINE

On ignore son nom, elle apparaît dans Le Secret de la Licorne

CHEZ HERGÉ LES CONCIERGES SEMBLENT SOUVENT ALLER PAR PAIRE.

L’aviez-vous remarqué ? Dans l’Oreille Cassée on découvre 2 concierges (Celle du Professeur Euclide et celle du Sculpteur Balthazar, 

Dans Le Sceptre d’Ottokar, 2 concierges aussi (Celle du Professeur Halambique et Madame Pinson)

Dans Le Secret de la Licorne, toujours 2 (Celle de Tintin et celle du Capitaine)

EN SAVOIR PLUS SUR LES CONCIERGES

Louis-Ferdinand Céline écrivait en 1934 dans son ouvrage Voyage au bout de la nuit : Une ville sans Concierge, ça n’a pas d’histoire, pas de goût, c’est insipide telle une soupe sans poivre ni sel, une ratatouille informe.

L’origine du terme concierge vient du latin « cum » qui veut dire « avec » et de « servos » « esclave » pour donner « conservius ». On trouve sa trace dès l’empire Romain, période pendant laquelle des esclaves occupent la fonction de « portier », chargé d’interdire l’entrée aux indésirables.

D’ABORD LES « PORTIERS »

Fin XVIIIe et début XIXe, progressivement, les propriétaires embauchent des portiers pour contrôler les mouvements de population dans leurs habitations. Ils ont instauré également des règlements que ces gardiens étaient chargés de faire respecter. La fièvre du gardiennage s’étend donc à une grande partie du parc immobilier. Personnage de confiance du propriétaire, le « portier » est son alter-ego auprès des locataires et sa présence dans la maison est un gage d’ordre et de sécurité pour les locataires auxquels il peut rendre de multiples services occasionnels ou permanents.

Logés dans un petit réduit, sombre, appelé « loge », situé en un lieu stratégique permettant de contrôler les allées et venues.

L’un des rôles premiers est de surveiller les allées et venues des visiteurs. Il semble donc évident que sa loge se situe à l’endroit stratégique que représente l’entrée du bâtiment. Ce positionnement fait de la loge un passage obligé pour tout visiteur et place le concierge en intermédiaire entre la sphère publique et la sphère privée, le monde extérieur et le domaine privé. Cette idée peut s’illustrer à travers les vignettes caricaturales de Daumier.

Taillables et corvéables à merci. Au XIXe siècle, en effet, les concierges étaient taillables et corvéables à merci. Leur présence était obligatoire 24 heures sur 24, sans jour de repos. L’élément le plus contraignant étant sans doute le « tirage du cordon », c’est-à-dire la nécessité pour le concierge d’ouvrir la porte aux locataires, y compris la nuit. En théorie, la porte de l’immeuble était fermée à 22 heures, et le concierge était tenu d’ouvrir aux retardataires jusqu’à minuit.

Isolés dans leurs loges où ils se heurtent à toutes les pressions, dépourvus en outre d’un esprit revendicatif collectif, les concierges ont été pendant très longtemps mis à l’écart des progrès sociaux. C’est seulement en 1947 qu’ils obtiennent la suppression du cordon et de ne plus être dérangés à toute heure du jour et de la nuit (Le cordon ne serait plus guère utile aux immeubles d’aujourd’hui qui sont équipés d’outils de sécurité, comme l’interphone ou le digicode) mais le droit au repos hebdomadaire ne leur est reconnu qu’en 1956. Il faut attendre presque deux siècles pour que ces portiers du début du XIXe siècle obtiennent une reconnaissance professionnelle à part entière, fondée sur un statut qui précise les tâches et la rémunération des gardiens d’immeubles qu’ils seront désormais.

 

Le nombre des concierges à Paris, dans le secteur résidentiel privé, est passé de 46 000 en 1864 à 61 794 en 1874 pour atteindre 85 000 à la veille de la Seconde guerre mondiale. À partir de la Libération et jusqu’au début des années 1990, le nombre des concierges n’a fait que s’éroder dans le secteur résidentiel privé : il est passé à Paris de 60 000 en 1965 à 20000 en 1992. Pour à nouveau progresser à partir des premières années quatre-vingt-dix.

À partir de la moitié du XIXe siècle, la profession de concierge s’est féminisée notablement : un tiers des loges parisiennes est occupé par des veuves. Les femmes vont progressivement dominer ce secteur d’activité, parce qu’elles représentent une main-d’œuvre peu qualifiée et donc peu chère. Par ailleurs, le nouvel urbanisme haussmannien et la progression des services de police rendent la surveillance des immeubles plus aisée. Il est donc possible d’y employer des femmes pour «garder» le patrimoine immobilier.

 

 

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