HERGÉ ARCHÉOLOGUE, OUVRAGE INSOLITE ET AMUSANT,  POUR TOUT PUBLIC.

L’auteur, Éric Crubézy, chercheur au CNRS et tintinophile averti, recherche dans l’œuvre d’Hergé les connaissances archéologiques que celui-ci pouvait avoir et ses sources documentaires, tout en les replaçant dans le contexte de l’époque. C’est un véritable voyage au fond de l’âme d’archéologue de Hergé que les auteurs, Eric Crubézy et Nicolas Sénégas nous proposent. Cet essai pour tintinophiles nous entraîne dans les coulisses du studio Hergé où illustrateurs et auteurs des aventures de Tintin se penchent via les notes d’experts posées sur leurs tables de travail sur de véritables trésors archéologiques.

Alors qu’il ré-inhumait la momie d’une chamane qu’il venait d’étudier en Lakoutie, Eric Crubézy a été frappé de la similitude de sa situation avec celle de l’exposition qui osa rapporter en Occident la momie de Rascar Capac ? Ce thème bien connu, celui des Sept Boules de cristal, sert de base à sa réflexion sur l’archéologie et le devenir des restes humains. À partir de là, Eric Crubézy, en tintinophile averti, parcourt l’œuvre d’Hergé et tente de cerner les origines de sa vision de l’archéologie ainsi que de celle de l’école de la bande dessinée franco-belge.

L’ouvrage analyse successivement Les Cigares du pharaon, Les Sept Bouler de cristal, Le Temple du Soleil, Le Secret de la Licorne, Le Trésor de Rackham Le Rouge et aussi Le Mystère de la Grande Pyramide de E-P Jacobs.

Les détails sont relatés avec rigueur afin de mettre en lumière la profondeur des textes et des illustrations. S’inspirant des auteurs de renom (Jules Verne, Gaston Leroux, etc.) certaines erreurs reconduites par Hergé sont soulignées par les spécialistes.

La fiction nécessitant parfois quelques libertés, aucun d’entre nous n’en tiendra rigueur à Hergé. Que les faits soient parfois romancés ne nous semble pas nouveau. Tous les auteurs de romans d’aventures ont utilisé ce stratagème et continueront de le faire. Monsieur tout le monde, alimenté par les journalistes est friand des exagérations, des malédictions, des sacrilèges et de la-foudre-qui-déclenche-le-feu-du-ciel ! Dans cet esprit, les illustrations sont sujettes à certains ajouts personnels d’Hergé. Peu nous importe que l’Inca soit représenté de façon parfaitement exacte. Ce qui nous reste de nos lectures, de nos rencontres avec Tintin, Milou, Haddock et autres compagnons demeure beaucoup plus profond : un parfum d’enfance ineffable que l’on conserve à jamais.

Jusqu’à présent, Tintin, avec ses savants croqués comme des rêveurs, mais aussi, pilleurs d’épaves ou de tombeaux a poussé les archéologues à se méfier de l’œuvre, n’y voyant qu’une reprise de clichés. Et pourtant, si l’œuvre reflète l’évolution du monde, ne révélerait-elle pas celle de l’archéologie ? Mieux, si elle introduit du sacré dans le profane, de l’humain dans la science, alors ne pourrait-elle pas être sujet de réflexion pour ces archéologues ? En retour, la vision qu’ont nos contemporains de l’archéologie n’est-elle pas inspirée en partie par Tintin ? Le héros qui nous montre que le contemporain, ce n’est pas seulement l’occidental mais c’est aussi l’autre, l’autochtone, celui de là-bas mais aussi celui d’ici, ne pourrait-il pas nous offrir une autre réflexion sur l’archéologie : celle des autres, des Quechuas et des Iakoutes?

Éric Crubézy et Nicolas Senégas  – Éditions Errance – 216 pages

 

Tout au long de sa carrière, Hergé à vénéré le travail de recherche, vérifiant et étudiant sans cesse, l’exactitude des données ethnographiques et archéologiques. Le but étant de réaliser des scénarii de bandes dessinées crédibles et amusants jumelant fiction et réalité. Terrain parfait pour la ligne claire.

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