TINTIN AU MUSÉE GRÉVIN (1961)

Nous sommes le 21 décembre 1961. Cela se passe au Musée Grévin, l’établissement parisien qui, depuis 1882, abrite la plus extraordinaire collection de personnages en cire grandeur nature. Historiques, contemporaines, imaginaires, ces statues font se déplacer les foules et constituent un véritable livre d’histoire grandeur nature.

C’est là que Hergé rencontre un Tintin à taille humaine, conforme à ce qu’il avait imaginé. Ses amis sont également tous présents : Haddock, les Dupond(t), Tournesol et l’infatigable Milou, flairant le sol – y aurait-on enfoui un os ?

Le visiteur croirait pénétrer dans une case d’album, mais en trois dimensions. Il y découvre un Tintin jetant un regard circulaire sur la salle du musée, où il attend ses hôtes. Quant à Haddock, il ne paraît pas très sensible à l’honneur qui lui est fait : en tout cas, sa mine renfrognée laisse supposer une certaine insatisfaction. Un peu à l’écart, les Dupond(t) se concertent. Ils commentent l’événement, le sourcil soupçonneux. Tout semble indiquer que ces fins limiers ont découvert un coupable. De quel forfait ? Seuls les détectives moustachus pourraient répondre à cette question, puisque, face au groupe de Tintin et ses amis, il n’y a que la statue en cire du mime Marceau ! Enfin, Tournesol promène son éternelle myopie et… son pendule, comme s’il voulait dire aux visiteurs égarés « toujours plus à l’ouest » !

En ce 21 décembre 1961, le Tout-Paris est convié à l’inauguration de ce groupe de personnages célébrissimes. Les journalistes et la télévision française (à l’époque : la RTF) vont se presser dans la salle de la Rotonde du musée qui abrite les visages les plus célèbres de l’Histoire et de l’actualité.

Avant que n’arrivent les micros, caméras et carnets de note, Hergé se mêle à ses personnages. Moment d’émotion pour le dessinateur qui, sur certaines photos, semble dialoguer avec Tintin. Ce dernier, le regard tendu vers son « père », semble boire ses paroles. C’est la première fois qu’un créateur vivant voit ses héros consacrés par le musée Grévin, où n’apparaissent habituellement que des célébrités mondiales. 

Pourtant, en ce début des années 60, ce ne sont pas les incarnations de Tintin qui manquent. Si la présentation de Tintin chez Grévin se déroule quelques jours avant la Noël, ce n’est pas un hasard. Le lendemain de l’événement, soit le 22 décembre 1961, aura lieu la première du film Tintin et le Mystère de la Toison d’Or, avec cette fois, des personnages bien vivants – un film qui connut’un succès public qui ne se dément toujours pas à l’heure actuelle.

Pour ce Noël 1961, les admirateurs de Tintin étaient triplement gâtés : une aventure, Les Bijoux de la Castafiore, en cours de parution dans le journal Tintin,

un film avec des acteurs en chair et en os, et la consécration au Musée Grévin, où Tintin, Haddock, les Dupond(t), Tournesol (et Milou !) côtoyaient désormais Churchill, Napoléon, Jules César… bref, rien que du beau monde ! •

Publication réalisée à partir de l’article rédigé par Alain de Kuyssche dans la revue Hergé numéro 4, publiée en 2008

AVIS IMPORTANT : 

Si vous allez au Musée Grévin, ne demandez pas à voir Tintin et ses compagnons : ils ne sont plus exposés. Les mannequins, eux aussi, prennent de l’âge et des ans l’irréparable outrage… Nos amis n’ont pas été remisés dans une réserve : ils ont été acquis par un collectionneur belge. Mais ce dernier tient à garder l’anonymat.

JEAN-PIERRE TALBOT : COMMENT JE SUIS DEVENU TINTIN.

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