C’est n’est qu’à partir de L’Etoile mystérieuse, l’aventure qui fait suite au Crabe aux Pinces d’Or que Haddock devient véritablement un personnage à part entière dans les Aventures de Tintin. Dans Le Crabe aux pinces d’or, lors de sa première apparition, rien ne garantissait qu’il suivrait Tintin dans ses aventures. Pourtant, il s’installe dans la série et va même y prendre une place importante.
Graphiquement, Haddock est un personnage plus complexe que Tintin. Grâce au talent de Hergé, il est doté d’un faciès incessamment mobile (ses sentiments se peignent immédiatement sur son visage) et l’extraordinaire richesse de ses mimiques contribue largement à l’intérêt de nombreuses séquences. Haddock n’est pas pour autant un aventurier. Il y a chez le Capitaine – surtout après son installation à Moulinsart – une vocation de gentleman-farmer sans cesse contrariée. Un whisky et une bonne pipe au coin du feu, après une promenade au grand air, semblent représenter son idéal de vie.
Une des particularités de Haddock est bien sûr son goût pour l’alcool. Il est grand amateur de rhum d’abord, puis de whisky, surtout celui de la marque “Loch Lomond”. Pourtant, après sa rencontre avec Tintin, il ne sera plus un ivrogne invétéré, mais juste un buveur occasionnel, qui trouvera cependant le moyen de devenir le Président de la Ligue des Marins Antialcooliques.
Mais si le Capitaine ne s’abreuve plus de rhum et de whisky, il se grise en revanche avec les mots et plus particulièrement avec des insultes étourdissantes. Il abreuve ses interlocuteurs d’injures en tous genres. La toute première de ses particularités, c’est avant tout son langage. C’est lui qui l’a rendu célèbre.
Il est imprégné en permanence du vocabulaire maritime : il appelle Tintin “moussaillon”, il dit “appareiller” ou “lever l’ancre” au lieu de partir, etc… Ce qui le caractérise le plus, ce sont les inoubliables apostrophes qu’il lance, généralement par bordée, et son impressionnant registre d’insultes tirées de tous les domaines de la connaissance (de la médecine à la théologie, de la botanique à la zoologie, de la chimie à l’anatomie, de la météorologie à la rhétorique).Outre les « mille sabords » et dérivés ou le « tonnerre de Brest », sans compter les “espèce de…”, “bande de… » et « bougre de… », c’est plus de 220 injures inattendues que nous livre le bouillant capitaine au fil des albums. Voici un petit hit-parade des 5 insultes les plus employées tout au long des albums : “Bachi-bouzouk”, arrive en tête, suivi de près par “Bandit”, “Ectoplasme”, “Pirate” et “Moule à gaufres”
Plus encore que ses exploits pourtant illustres, ce sont ses coups de gueule épiques qui font de lui le plus populaire des héros des aventures de Tintin.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Hergé a mis du temps à nous dévoiler le prénom du capitaine Haddock. Les autres personnages, dès leur première apparition, nous ont tout de suite été présentés avec leur nom et prénom : Bianca Castafiore, Tryphon Tournesol, Séraphin Lampion, etc… Le capitaine a dû attendre la dernière aventure “Tintin et les Picaros”, pour se voir affublé du prénom d’Archibald !
Question pour Tintinophile….
“Tonnerre de Brest” est l’une des expressions favorites du Capitaine Haddock. Que signifie-t-elle au juste ? Voici une tentative d’explication (1) :
Dans la rade de Brest, formidable abri naturel relié à l’Océan par un étroit goulet, les orages et, partant, le tonnerre, lorsqu’ils s’y déclenchent, n’y sont pas plus violents que dans le reste de la Bretagne. Alors, pourquoi “Tonnerre de Brest” ?
Construit en 1750, au centre de l’Arsenal, le bagne de Brest laissait peu d’espoir d’évasion aux prisonniers. En effet, dès qu’un bagnard était signalé en fuite, le canon du bagne se faisait entendre et, à ce signal qui retentissait comme un coup de tonnerre dans la rade, les paysans s’armaient et partaient à la recherche du fugitif, avec d’autant plus de célérité qu’une prime récompensait la capture du fuyard.
Explication des plus plausibles. Pourtant, comme se fait-il que l’ancêtre du Capitaine Haddock, le Chevalier François de Hadoque, Capitaine de la marine du Roy, s’exclame en apercevant le navire de Rackham le Rouge : “Rien à faire, tonnerre de Brest, ils nous gagnent de vitesse”. (Le secret de la Licorne – page 18 – deuxième bande – dernière case) … alors que l’action est censée se passer en 1698 plus d’un demi-siècle avant la construction du bagne de Brest !
Voilà de quoi alimenter les “Tintinasseries” de tous les Tintinophiles, Tintinologues, et autres Tintinomaniaques, sans parler des historiens de la Marine les plus éminents…
(1) Voir à ce propos l’ouvrage d’Albert Algoud : « Le Haddock illustré”
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