Tous les Tintinophiles ont en mémoire le fameux hydravion jaune que l’expédition du Fonds Européen de Recherche Scientifique utilise dans l’Étoile Mystérieuse pour la recherche de l’aérolithe. Pour cet aéronef, certains d’entre nous le savent, Hergé (sans doute en raison de l’influence de l’occupation allemande), s’est inspiré d’un Arado Ar 196.
Mais quel est le nom du pilote de cet hydravion ?
C’est un as du pilotage difficile. Le capitaine Haddock est d’ailleurs le premier à le reconnaître. L’amerrissage en mer polaire entre une forêt d’icebergs n’est pas, il est vrai, une chose facile. Il aime les animaux et a fait acte de bravoure en venant au secours de Milou en difficulté sur une des ailes de l’hydravion. Il n’hésite pas non plus à risquer sa vie pour poser son avion dans les remous violents d’une mer démontée causés par l’aérolithe pour venir en aide à Tintin
Vous séchez ? Alors soyez rassuré, c’est normal ! En effet le nom du pilote de l’hydravion qui vient au secours de Tintin dans l’Étoile Mystérieuse n’est jamais cité dans l’album paru en 1942. Ni même dans le Soir lors de la prépublication en noir et blanc de l’aventure.

Il le sera pour la première fois dans le premier numéro du journal Tintin, le 26 septembre 1946. Soit 4 ans plus tard ! Dans l’avant-dernière page présentant la rubrique consacrée alternativement à la marine et à l’aviation. Comme l’annonce Tintin dans le premier numéro de son magazine, tous les quinze jours, paraîtra une rubrique sur l’histoire de l’aéronautique, intitulée « Les Propos du major Wings », alternant avec « Les Entretiens du capitaine Haddock » consacrés à la marine. Précisons que ces 2 rubriques avaient pour seul et unique auteur Monsieur Liger-Belair.
Dans cette superbe illustration de Hergé, on découvre Tintin et Milou, entourés du Capitaine Haddock et d’un personnage en tenue de vol. Le processeur Tournesol est à l’arrière-plan totalement indifférent à la scène. C’est Tintin en personne qui est chargé faire les présentations. C’est ainsi qu’on découvre pour la première l’homme qui était aux commandes de l’hydravion jaune ; le major Wings (en anglais, les ailes).
On pourrait s’étonner du choix de Hergé : un patronyme anglo-saxon pour désigner le pilote d’un hydravion qui fit la fierté de la Kriegsmarine durant la Seconde Guerre mondiale !
LE CHROMO VOIR & SAVOIR DE L’ARADO
Dans la collection Voir et Savoir concernant l’aviation militaire 1939-1945 l’Arado pas été oublié. L’illustration a été réalisée par E.P Jacobs.
En 1944, dans le contrat que Hergé signe avec le dessinateur Edgar Pierre Jacobs, il est stipulé que parmi les tâches envisagées, il y serait question de la création d’une série « historico-documentaire » Cette dernière verra le jour au moment de la sortie du journal Tintin en Belgique en 1946.
EN SAVOIR PLUS SUR L’ARADO
L’Arado 196 était, en cette période de radar balbutiant, l’hydravion d’exploration standard embarqué sur les grands navires de guerre allemands. Entré en service en 1939, il était lancé par catapulte, comme on le voit dans l’album puis ensuite récupéré par grue à son retour de mission. L’usage qui en est fait dans L’Étoile Mystérieuse est donc tout à fait conforme à la réalité. Anglais, Américains et Allemands s’accordaient à l’époque pour peindre en jaune les avions devant avoir une grande visibilité, appareils d’entraînement, prototypes en test etc… C’est donc l’un des rares avions jaunes de Tintin pour lequel la couleur se justifie réellement. En revanche, il disposait d’ailes repliables le long du fuselage et il est étonnant que Hergé ne l’ait pas représenté ainsi
Peu avant la guerre, les Allemands mirent à l’étude plusieurs appareils d’aéronavale, types dont ils étaient assez démunis et qu’ils prévoyaient devoir utiliser sur une grande échelle dans l’avenir.
Leurs plans d’expansion comportaient en effet des milliers de kilomètres de côtes à surveiller. En 1939, Arado « sortit » un hydravion, léger à flotteurs. Cet appareil pouvait être considéré comme le garde-côte type, et la Luftwaffe le fit construire en grande série. À partir de 1939, l’Arado-196 entra en action le long des côtes de la Baltique.
Après quoi, il fut chargé de surveiller les côtes danoises, norvégiennes, françaises, puis celles de Grèce et d’Italie… C’était beaucoup pour un appareil si lent et les résultats obtenus furent assez minces. Tant que la Luftwaffe conserva la maîtrise de l’air sur le continent, l’Arado accomplit son travail sans encombre. Mais lorsque la situation se renversa, il devint une proie facile pour les avions alliés, nettement plus souples et plus rapides. la Luftwaffe dut bientôt replier ses Arado-196 vers les côtes allemandes où les défenses étaient plus denses.
À la fin de la guerre, cet hydravion n’intervint plus que très rarement. Élégant, fin et racé, l’Arado souffrait de la faiblesse de son moteur et de la pauvreté de son armement. Malgré sa légèreté obtenue grâce à une construction mixte (bois, toile et métal), il n’était pas de taille à lutter à armes égales contre les avions de reconnaissance alliés.
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