GÉRARD LIGER-BELAIR : LE MAQUETTISTE DE HERGÉ

C’est lui qui a réalisé la vraie maquette qui a servi de modèle à Hergé pour les dessins du Secret de la Licorne et du Trésor de Rackham le Rouge parus dans le quotidien Le Soir dans les années 40. Hergé avait commandé la réalisation de cette maquette à Gérard Liger-Belair, puis l’avait offerte en 1960 à son vétérinaire en guise de remerciement pour services rendus. 

Gérard Liger-Belair, fils d’un ancien officier de la marine de guerre française à voiles et grand modéliste naval tenait une boutique de modèles réduits à Bruxelles, 220 Chaussée de Wawres à Bruxelles, à l’enseigne « Au petit Constructeur » où on trouvait des trains électriques et de nombreuses maquettes de bateaux. 

AVANT LA LICORNE : LE STRATONEF H22

Gérard Liger-Belair est surtout connu pour avoir aidé Hergé à concevoir La Licorne. Mais leur collaboration commença bien plus tôt puisqu’il travailla d’abord sur la maquette du Stratonef H22.. Voici ce qu’il dit de leur collaboration :

« …A cette époque, après avoir lancé en Belgique le modélisme aéronautique et créé les premiers clubs, j’avais ouvert, à proximité de ma Fédération Scoute, un petit magasin de modèles d’avions, bateaux, trains, que tenait mon épouse pendant les heures de bureau. Quand à Hergé, il publiait Le Stratonef H-22 dans Le Petit Vingtième (parution du 31 mars 1938 au 9 novembre 1939). Un jour, il me fit cette proposition :

– Puisque tu composes et vends des boîtes de construction de modèles d’avions, pourquoi n’en ferais-tu pas une avec mon Stratonef ? Je vais en parler à mon ami Pierre Ugeux, rédacteur en chef du Petit Vingtième, pour qu’il nous fasse une publicité dans son journal.

– Idée merveilleuse, Georges, je suis ton homme ! Je vais calculer le prix de revient et le prix de revente possible de cette boîte, avec un cartonnage spécial, et dresser un plan d’exécution de l’avion. Et, pour commencer, je vais te construire une maquette de ton Stratonef en bois de balsa, émaillé en rose, aussi luisant qu’une voiture sortant de chez un grand carrossier, en position de vol sur un socle verni.

Pendant bien des années, j’ai pu voir ce bibelot dans le bureau de mon ami…

Cette initiative eut son succès. Chaque semaine, Pierre Ugeux, le Directeur du XXéme siècle, me commandait un certain nombre de boîtes qu’il expédiait aux jeunes clients. Et j’en vendais également dans mon magasin. Cette petite affaire commerciale dura le temps de la publication de l’histoire du Stratonef et fut le début d’une collaboration qui devait durer des années, au plus grand bonheur des deux parties”.

LA LICORNE

En effet, ce ne fut que le début car c’est à lui que Hergé a fait appel en avril 1942 pour réaliser une maquette de la Licorne, lui permettant ainsi de dessiner, avec la plus grande précision, toutes les parties du navire, sous tous les angles, afin d’éviter les erreurs techniques commises avec le bateau L’Aurore dans L’Etoile mystérieuse.

Après avoir conçu le modèle, Gérard Liger-Belair obtint d’Hergé, le 23 avril 1943, l’accord pour commercialiser ce plan et les matériaux permettant de construire un modèle réduit de la Licorne (Licence n°53 TBF. Brux.) afin de le vendre dans son propre magasin. 
Hergé accepta même compléter le plan de son ami en réalisant exclusivement pour lui le cartouche « Perfects Models » qui figure en haut à droite représentant Tintin, Milou, le capitaine haddock et son ancêtre le Chevalier de Hadoque. Dessins qui ont donné au plan une valeur très tintinesque. 
Le texte du cartouche précise : 

« La Licorne, vaisseau du 3éme rang, à 2 ponts de 50 canons, construit en 1690.
Elle était commandée par le Chevalier François de Hadoque, dans les aventures de Tintin et Milou « Le Secret de la Licorne par Hergé.
La maquette a été crée par G. Liger Belair d’après des modèles et dessins authentiques de vaisseaux de même rang de la même année. L’amateur qui entreprendra la construction de « La Licorne » réalisera donc un vaisseau type du siècle de Louis XIV. La plus belle époque dans l’histoire de la marine de guerre française.« 

Signalons que Hergé accepta même de réaliser pour le compte de son ami Liger Belair, une affichette spécifique

L’accord était prévu pour une durée d’un an, mais devant le succès remporté, Gérard-Liger Belair le commercialisa jusqu’à sa retraite pendant plus de 30 ans selon ses dires :

« Pendant trente ans, je vendis des plans de La Licorne, en Belgique et en France. Des centaines de modèles furent exécutés par mes clients, certains en un mètre, et même en deux mètres de long ! De vrais chefs-d’œuvre. Un de mes clients, très artiste, exécuta la maquette très détaillée qui se trouvait dans les Studios Hergé ».

Notons, pour être complet que la collaboration entre Monsieur Liger-Belair et Hergé se poursuivit à partir de 1946, à l’occasion de la sortie du Journal Tintin. 
Les rubriques “Les Entretiens du Capitaine Haddock” et “Les Propos du Major Wings” (du nom du pilote de l’hydravion dans L’Étoile Mystérieuse), alternativement consacrées à l’histoire de la Marine et aux progrès de l’Aéronautique avaient pour auteur Monsieur Liger-Belair.

MAGNIFIQUE REPRODUCTION GRAND FORMAT DU VRAI PLAN DE LA LICORNE

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4 commentaires


  1. Dans le titre, vous avez écrit « Ligier » au lieu de Liger.

    D’autre part, il y a un trait d’union que vous omettez systématiquement dans le nom Liger-Belair (c’est un patronyme double d’origine ancienne, et non le résultat de la loi Ségolène Royal sur l’accolement des noms de famille du père et de la mère). Vous devriez réintroduire ce trait d’union dans le titre et dans le corps de l’article.

    Bien sincèrement à vous.

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    1. Merci Bertrand. Les corrections que vous demandiez ont été faites. Ne croyez surtout pas que j’ai voulu me conformer à la loi de la Bécassine du Poitou pour laquelle j’ai le plus grand mépris. En espérant vous avoir donné satisfaction sur ce tiret qui semblait représenter pour vous le sujet essentiel de cette publication

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  2. Cher Jean-Luc, ne soyez pas vexé. Je suis passionné de tout ce qui concerne l’œuvre d’Hergé. Votre site regorge d’informations utiles et souvent passionnantes, et pour tout cela je vous félicite. Il était dommage d’y voir figurer une inexactitude.

    (Gérard Liger-Belair est aussi le père de la romancière Gudule, laquelle raconte dans « Sous les bouclettes », récit en BD que sa fille Mélaka vient de publier sur elle aux éditions Delcourt, une anecdote navrante à propos de ses « Tintin » d’enfant. De ces albums dédicacés par Hergé, qui dataient tous des années 1930 et 40, Gudule n’avait ni mesuré la valeur ni senti la beauté…)

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    1. Cher Bertrand, Rassurez-vous je ne suis pas vexé, mais parfois je suis un peu bourru comme Haddock ! Merci pour vos encouragements auxquels je suis très sensible. Il faut dire que je consacre un minimum de 12 heures par jour à ce blog. Pour vous prouver que je ne vous en veux pas, ci-dessus le lien de l’ouvrage que vous citez qui peut intéresser d’autres tintinophiles :
      https://www.editions-delcourt.fr/serie/sous-les-bouclettes.html

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