FUSÉE TINTIN : POURQUOI UN DAMIER ROUGE ET BLANC ?

Vous souvenez-vous du véritable « choc émotionnel » que vous avez ressenti, quand, enfant, vous êtes tombé sur la magnifique pleine page qui dévoilait la fusée et le site de lancement – due à l’immense talent de Bob de Moor -, soit l’un des grands moments d’émotion dans la vie de toute lecteur de BD. La fusée lunaire de Tintin, décorée de son damier rouge et blanc, est devenue un véritable symbole non seulement de l’œuvre de Hergé, mais aussi de la bande dessinée en général.

Hormis les acteurs de cette incroyable expédition à la conquête de la Lune, la véritable vedette de cette grande production est sans conteste le célèbre astronef à damiers rouges et blancs. Omniprésent dans la seconde partie de l’histoire (On a marché sur la Lune), on le retrouve dès la page 15 du premier récit fondateur (Objectif Lune) et bien entendu, sur la couverture des deux albums.

La X-FLR 6, autrement dit le premier prototype de la fusée imaginée par le professeur Tournesol, fut directement inspiré par le modèle des missiles conçus par le savant allemand Wernher von Braun, alors qu’il travaillait encore sous les ordres des dirigeants du Troisième Reich. De même, les impressionnants pas de tir présents sur la couverture d’Objectif Lune doivent beaucoup aux rampes de lancement construites au centre de recherches de Peenemünde durant les années quarante.

Source : Moulinsart SA

L’ambition de Hergé étant de se référer à la réalité la plus absolue, c’est tout naturellement vers le plus grand expert mondial en fusées de l’époque, le docteur Wernher von Braun, ce génie du vol balistique (qui deviendra au début des années cinquante, le responsable au sein de la NASA des programmes de vol Saturn) que se tourne Hergé. C’est vers les modèles dessinés (et en particulier la triste célèbre V2 qui était souvent à damiers noirs et blancs) qu’il trouve son inspiration. La X-FLR6 (le premier prototype imaginé par le professeur Tournesol) est provient d’un modèle de missile conçu par le savant allemand.

POURQUOI UN DAMIER ?

Quant à l’origine du fameux damier, elle est en liaison directe avec une pratique établie par les scientifiques. Grâce au damier, les techniciens au sol qui observaient l’ascension de la fusée au travers de jumelles pouvaient ainsi vérifier si elle ne tournait pas sur elle-même. Lors d’un tir, ce procédé leur permettait d’observer les basculements de la fusée par rapport à l’axe de la trajectoire et son roulis durant la phase critique du décollage.

POURQUOI ROUGE ET BLANC ?

Je n’ai pas (encore) trouvé une explication « officielle » concernant ces couleurs, mais 2 théories ont cours à ce propos :

L’EXPLICATION CROATE.

Certains Tintinologues expliquent que la base syldave pourrait être en Yougoslavie à laquelle appartenait alors la Croatie, car c’était le seul lieu possible rassemblant des savants du monde entier, vu la neutralité de Tito à l’époque entre les deux blocs soviétique et occidental.

Le rouge et le blanc rappelleraient ainsi le blason présent sur le drapeau croate :

L’EXPLICATION « GERMAN RESEARCH »

Il s’agit d’un livre publié en 1947, chez l’éditeur John Wiley and Sons à New York. Dans cet ouvrage, l’auteur, le colonel américain Leslie E. Simon qui avait fait partie d’un groupe de scientifiques qui furent missionnés juste à la fin de la seconde guerre mondiale pour examiner les installations allemandes relate et analyse ce qu’il a vu. L’ouvrage fait ainsi le point de l’avancée des recherches technologiques allemandes en matière d’armement.

Sur la couverture on voit nettement un V2 avec un damier rouge et blanc.

EN SAVOIR PLUS SUR LE V2

Les V2 (« Vergeltungswaffen », littéralement arme de représailles) furent les premiers prototypes de missiles balistiques, et par conséquent particulièrement inutile malgré des chiffres impressionnants : les V2 pouvaient emmener une tonne d’explosifs pour une portée de 300 km. Mais beaucoup se perdirent en mer, et les quelques coups au but ne manquèrent pas de renforcer la volonté des Anglais. De plus, le missile était d’une imprécision notoire et extrêmement cher à produire, divisant l’effort de guerre allemand pour des résultats médiocres.

EN SAVOIR PLUS SUR LE BLASON CROATE

Treize carreaux rouges (appelés « gueules ») pour douze blancs (« argent ») constituent en effet le blason figurant au centre du drapeau national et qui caractérise aux yeux du monde ce petit État des Balkans, indépendant depuis 1991. Il s’agit en fait, comme le souligne l’actuelle Constitution de Croatie, « des armoiries historiques » du Royaume médiéval de Croatie. Ses origines précises restent mystérieuses, mais la légende raconte que le roi Etienne Drjislav en a été le promoteur, à la fin du 10e siècle. Emprisonné par son rival, le doge de Venise, il aurait retrouvé sa liberté en remportant contre lui trois parties d’échecs consécutives, ce qui l’aurait amené à choisir un échiquier pour nouvelles armoiries. Cela expliquerait en tout cas la présence du damier.

La Croatie sera ensuite directement identifiée par ce damier rouge et blanc, comme le montrent ces armoiries de la monarchie hongroise en 1915. Il a fallu l’indépendance du pays en 1991 pour revoir l’échiquier rouge et blanc sur le drapeau croate (surmonté d’une couronne représentant les cinq provinces historiques du pays), un choix qui ne s’est pas fait sans controverse puisqu’il rappelait désormais la période collaborationniste.

PAS DE CROIX GAMMÉE DANS LES ALBUMS DE TINTIN

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