ROGER LELOUP, COLLABORATEUR DE HERGÉ AVANT YOKO TSUNO

Né le 17 novembre 1933 à Verviers, Roger Leloup a été passionné dès son plus jeune âge par la bande dessinée, l’aviation et les transports ferroviaires dont il pouvait quotidiennement admirer des exemples à taille réelle dans l’importante gare de tri proche du salon de coiffure de ses parents. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a l’occasion à de nombreuses reprises de pouvoir monter à bord des locomotives et de travailler au côté des machinistes. Par la suite, sa passion des trains (qu’il tient également de son grand-père), va l’amener à posséder son propre circuit de modélisme ferroviaire.

Il faut toujours que je sache comment cela marche, que ce soit une montre, un moteur ou une machine qui fauche le blé! Quand j’étais jeune, j’adorais les moto-cross et j’observais les terrains d’aviation. J’avais six ans quand la guerre a éclaté et j’ai été assez marqué par le matériel utilisé. J’habitais à Verviers, près de la frontière allemande, et je pouvais assister aux combats aériens. J’étais vraiment un amateur d’avions dont je connaissais tous les modèles et même les escadrilles. C’était un jeu, bien sûr, et je ne me rendais pas encore compte de ce que cela représentait vraiment. Vers la fin de la guerre, j’ai connu l’arrivée des Américains. Plutôt que d’aller au catéchisme, je courais voir leurs tanks. D’ailleurs, quand j’ai fait mon service militaire où je suis devenu “chef de char”, j’en connaissais presque autant que l’instructeur sur l’anatomie de ces engins…

À côté de la mécanique, je faisais de la petite aviation. J’ai toujours été bricoleur, j’avais des planeurs téléguidés et je fabriquais moi-même mes modèles réduits. J’ai été deux fois champion de Belgique dans ma catégorie. J’ai aussi volé dans des clubs d’amateurs sur de petits appareils…

Parallèlement, sa tante qui détient une librairie lui permet de puiser son inspiration dans nombre d’œuvres d’auteurs célèbres qui seront déterminantes par la suite. Il étudie l’art décoratif et la publicité à l’Institut Saint-Luc de Liège.

Á l’âge de 17 ans, sa rencontre avec Jacques Martin qui venait de s’installer dans la région de Verviers à la suite de son mariage est déterminante ! Je le rencontrais de temps à autre car il venait acheter sa brillantine au salon de coiffure de mon père. C’est comme cela que nous avons fait connaissance. Il cherchait des jeunes dessinateurs pour l’assister dans son travail. Je lui avais proposé quelques copains de Saint-Luc mais, ceux-ci ne convenant pas, il m’a finalement proposé de venir travailler chez lui durant les vacances. Et c’est ce que j’ai fait…

Roger Leloup assiste alors Jacques Martin sur les chromos de la collection Voir et savoir (particulièrement sur les avions qu’il adore dessiner), sur les coloriages d’Alix et, par la suite, sur les décors de plusieurs albums dont La Griffe noire, Les Légions perdues, Le Dernier Spartiate, etc. Ce dont je suis le plus fier c’est, par exemple, la citadelle spartiate, le camp retranché romain ou, encore, Rome sous la pluie vue de la terrasse où Alix se réveille. Ce sont des images fortes qui me reviennent spontanément à l’esprit…

Le 15 février 1953, Leloup entre au studio Hergé et il y restera 15 ans. Hergé lui confie surtout des dessins techniques. Hergé m’a testé pour le décor de la gare de Genève-Cornavin dans L’Affaire Tournesol. C’était assez amusant parce que j’ai imaginé une verrière et cette gare n’a pas de toit vitré au-dessus ! On aurait pu aller prendre des photos…

Ensuite, j’ai fait de petites choses ici et là, comme la chaise roulante du capitaine Haddock dans Les Bijoux de la Castafiore,

des autos, des motos, des chars et, plus tard, la conception de l’avion de Carreidas dont j’ai même construit la maquette.

Un de mes plus beaux souvenirs a été de me trouver chargé de redessiner tous les avions de la refonte de L’Île Noire en 1965.

On compare souvent, le trait de Roger Leloup à celui d’Edgar-Pierre Jacobs. Rien d’étonnant à cela, puisque le futur auteur de Yoko Tsuno a réalisé les mises en couleurs de certains Blake et Mortimer qui se faisaient au sein du studio Hergé : Jacobs voulait que je devienne son assistant. En fait, il aurait voulu me « voler » à Martin. Il râlait sans cesse pensant que Martin copiait ses idées, ce qui n’était pas vrai : nous disposions tout simplement des mêmes documents, notamment de la revue Esso. Forcément, il n’y avait, par exemple, pas trente-six façons de dessiner un pétrolier… Je lui avais aussi fourni toutes sortes de documentation, notamment sur les chasseurs à réaction F-104 pour Les 3 formules du professeur Sato. Par la suite, étant devenu plus indépendant, il m’a proposé de reprendre la série. Ce que j’ai refusé parce que je n’aurais pas pu signer mon travail. Ensuite, vu son extrême lenteur, cela n’aurait pas été rentable. Et puis, j’avais envie de tourner la page…

De 1954 à 1957, il conçoit de nombreuses planches techniques dans l’hebdomadaire Tintin, ainsi que quelques chroniques sur le modélisme, notamment ferroviaire et aérien dont il est féru, proposées dans la version belge de l’hebdomadaire, où il peaufinait son style en essayant de se libérer, tant bien que mal, du style de Jacques Martin et d’Hergé.

À la fin des années 1960, Hergé ne produisant plus beaucoup, Roger Leloup dessinait mais s’occupait également des relations publiques et préparait des dossiers de presse pour ce dernier. Durant la soirée de Noël 1968, il esquisse en effet pour la première fois une jeune héroïne asiatique. À la veille de Noël 1969, l’éditeur donne son feu vert et Yoko Tsuno.  Le 31 décembre 1969, Leloup quitte le studio Hergé pour se consacrer entièrement au développement de sa série et, depuis, Yoko n’a plus guère quitté son cœur et son esprit.

Pour en savoir plus sur le jet 160 CARREIDAS, cliquez sur l’image ci-dessous :

Cliquez au milieu de l’image
Le Carreidas 160 présenté dans le journal Tintin en 1966

POUR VOIR LA VIDÉO DE ROGER LELOUP :

Cliquez sur l’image pour lancer la vidéo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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