HERGÉ : PÉRIODE DE GUERRE : LE SOIR JEUNESSE (1940 – 1941)

Le 10 mai 1940, la Belgique est envahie par l’Allemagne. Hergé se réfugie d’abord en France chez le dessinateur Marijac puis rentre à Bruxelles le 30 juin 1940. 

LE SAVIEZ-VOUS ? HERGÉ RÉFUGIÉ EN AUVERGNE AU PRINTEMPS 1940…

Son pays est occupé par les Allemands et tous les journaux, pour reparaître, doivent obtenir une autorisation de l’occupant. Elle est refusée au Vingtième Siècle et par conséquence à son supplément Le Petit Vingtième.

LE REFUS DE TRAVAILLER POUR LÉON DEGRELLE

Privé de Petit Vingtième, Hergé souhaite trouver un moyen pour continuer à publier Tintin. Il refuse cependant une proposition qui lui est faite par « Le Pays Réel », le journal de Léon Degrelle, pour animer un supplément pour enfants. « Je n’ai jamais adhéré, ni sentimentalement, ni de quelque manière, au Rexisme, que j’ai toujours eu en aversion« . Il ira même jusqu’à interdire à son épouse Germaine d’assister aux meetings de Léon Degrelle.

En revanche, le quotidien Le Soir, sous le contrôle de l’occupant, (Plus précisément de la Propaganda Abteilung car les allemands souhaitent « discrètement » contrôler le grand quotidien belge – 300 000 exemplaires chaque jour) est autorisé à continuer à paraître. Ce dernier, ouvertement germanophile, reparaît contre la volonté de ses propriétaires, d’où son surnom du “Soir Volé” (comme “volé à ses propriétaires). Ce journal est paru pour la première fois en décembre 1887, fondé par Émile Rossel. Particularité amusante, c’était au début un journal gratuit… Cette gratuité étant limitée aux habitants des rez-de-chaussée de Bruxelles. Et, toute personne qui habitait à un étage devait payer 0,60 franc par mois. Le financement du journal était assuré par la publicité, une idée neuve pour l’époque. L’agence Rossel fut d’ailleurs créée pour gérer les annonces. Le Soir se voulait un journal neutre, affirmant ne pas vouloir prendre position « dans les luttes qui irritent et divisent ».

À la mi-juillet Hergé reçoit une proposition d’une de ses relations : Raymond de Becker, figure controversée du monde les lettres belges qui vient d’être désigné par les Allemands Chef des Services Rédactionnels et Administratifs du Soir. Sa vision idéalisée du fascisme plaît aux Allemands qui lui donnent ainsi carte blanche

Hergé connait bien Raymond de Becker, il l’a rencontré lorsqu’il livrait en 1927 des illustrations au bimensuel de la Jeunesse Indépendante Catholique Belge (La J.I.C) : « L’Effort ».

Il illustrera en 1930 un premier ouvrage de de Becker : « Le Christ, Roi des Affaires » (un réquisitoire contre la laïcisation de la société) et un second en 1932 : « Pour un Ordre Nouveau » (un réquisitoire contre la civilisation libérale et capitaliste).

En 1939, Hergé acceptera aussi de dessiner le titre d’un journal (L’Ouest : un hebdomadaire neutraliste, relais des idées du Roi Léopold) lancé par de Becker. En effet, comme le Roi et une majorité de Belges à l’époque, Hergé pense que le neutralisme de la Belgique est le meilleur choix possible. Il n’est pas question de préparer une guerre plus ou moins victorieuse et de rentrer dans une coalition. Il pense que de cette façon, la minuscule Belgique en se tenant hors des conflits des ses bellicistes voisins n’aura pas pas à revivre le cauchemar de 14-18

HERGÉ C’EST AUSSI : MONSIEUR BELLUM (1939)

Hergé accepte donc, à dater du 15 octobre 1940 la proposition du journal Le Soir, de créer un supplément jeunesse au quotidien.

Hergé, Paul Jamin (un de ses anciens assistants au Petit Vingtième) et le peintre Jacques Van Melkebeke (qui était responsable au sein du Soir de « la page de l’enfance ») décident alors de transformer la “page de l’enfance” qui paraissait chaque jeudi dans le quotidien en un supplément qui porte le nom du “Soir Jeunesse” et qui ressemble comme 2 gouttes d’eau au “Petit Vingtième”.

Paul Jamin
Jacques Van Melkebeke

Le premier numéro sort le 17 octobre 1940 avec la publication de la dixième aventure de Tintin : “Le Crabe aux Pinces d’Or” qui verra l’apparition d’un personnage qui ne sera jamais secondaire : le Capitaine Haddock !

Ce supplément, comme Le Petit Vingtième, se présente en petits fascicules séparés.

Mais dès l’année 1941, le papier se fait rare… En mai, le “Soir Jeunesse” n’occupe plus que 4 pages au lieu de 8 et le 23 septembre, la direction, par manque de papier, est contrainte de le supprimer.

Hergé doit poursuivre les aventures de Tintin dans l’édition quotidienne du Soir, non plus tous les jeudis mais chaque jour sous la forme d’une minuscule bande quotidienne de quelques cases, située à côté des cours de la Bourse.

TINTIN SOIR JEUNESSE 1940 : POURQUOI TOULOUSE ?

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